Ce qu’on appelle trivialement « l’économie du partage » peut être source de satisfaction, mais également de mauvaises surprises. Quand vous louez un appartenant à quelqu’un que vous ne connaissez pas, vous pouvez être ravi du voyage, ou dégoûté par certaines personnes. Vous pouvez également avoir l’impression de vous être fait avoir, tant l’appartement en question ressemble à s’y méprendre à un placard, alors que l’on vous promettait un studio cossu.
Alors que plusieurs villes européennes s’attaquent désormais aux sites spécialisés comme Airbnb – rejoignant en ce sens les acteurs du tourisme – nous avons réuni plusieurs récits évoquant les pires expériences vécues par différentes personnes, pour qui la location d’appartement à un particulier s’est avérée cataclysmique.
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Mattia, 23 ans
Je voulais économiser un peu, alors j’ai pris un vol pas cher qui s’arrêtait à Reykjavik pendant un bout de temps. J’arrivais sur place à 11 heures du soir et repartais à 7 heures du matin. J’avais besoin d’un endroit pour dormir – je ne suis pas vraiment fan des siestes dans un aéroport, en fait. J’ai loué la chambre la moins chère possible de toute la ville. En fait, il s’agissait d’un sac de couchage qu’un mec proposait, et qui était par terre dans son salon. Il n’y avait qu’une seule précision sur l’annonce : « Je fume. Si ça vous dérange, ne louez pas mon sac. 420. »
À mes yeux, la possibilité de fumer quelques joints avec un mec avant de m’endormir dans son salon ne me paraissait pas insupportable. Sauf qu’une fois sur place, j’ai compris que ce mec était passionné par la weed – il en avait fait son métier. J’ai donc passé la nuit dans le salon d’un dealer pendant que ses clients testaient différents types de weed. Quand j’ai abandonné le sac de couchage aux alentours de 5 heures du matin afin de choper mon vol, j’étais défoncé comme jamais. Ça a duré plusieurs heures, et j’ai flippé en passant les contrôles de sécurité à l’aéroport.
Sandra, 28 ans
Je voyageais en Nouvelle-Zélande et avais besoin d’un endroit où dormir pour quelques nuits à Auckland, avant de rentrer au Danemark. Je n’avais plus beaucoup d’argent, j’ai donc réservé un truc pas cher. Il s’agissait d’une chambre dans une grande maison appartenant à un couple. C’était une très mauvaise idée. En arrivant là-bas, il n’y avait aucune trace du couple. Par contre, j’ai croisé plus d’une dizaine de personnes partageant quelques chambres. Il n’y avait qu’une seule salle de bains. La maison sentait l’humidité.
Quand je me suis réveillée le lendemain, il pleuvait. Je ne savais pas quoi faire de ma journée. Ma tête de lit était dangereusement proche de celle d’un mec que je ne connaissais pas du tout. J’imagine qu’il avait l’impression que je dormais, parce qu’il s’est mis à se masturber. Les bruits habituels de la branlette jaillissaient dans la pièce. Je n’avais qu’une hâte : rentrer chez moi.
Gabrielle, 28 ans
Il y a quelques années, mon ex et moi avions décidé de faire le tour de la Sicile. Ça s’est avéré génial, à l’exception d’un arrêt effectué à Agrigente. Le propriétaire de l’appartement n’étant pas là, l’un de ses amis devait nous remettre les clés. Ce type a été adorable et nous a récupérés à l’arrêt de bus pour nous conduire jusqu’au studio – qui était très mignon, avec une terrasse donnant sur la mer. Nous avions hâte de passer la journée tous les deux afin de profiter de cet endroit. Lors du trajet, notre accompagnateur n’arrêtait pas de parler, tout en nous précisant qu’une bouteille de prosecco nous attendait dans le frigo – nous ne pouvions donc pas nous plaindre.
Après une heure et demie passée dans l’appartement à discuter, ce mec nous a proposé de nous conduire jusqu’à l’entreprise de location de voitures. Après avoir récupéré les clés, nous étions sur le point de le quitter, quand il nous a invités sur son bateau. Ça nous paraissait un peu bizarre, mais comment dire non à une telle proposition ?
Ensuite, après un court arrêt au supermarché au cours duquel il a tout payé, nous avons débarqué au port afin de monter dans son bateau. Une amie à lui nous a rejoints et nous avons bu quelques verres à bord. Au final, alors que nous étions un peu saouls, nous avons pris congé, en lui proposant de lui donner un peu d’argent pour les courses. « Pour l’ensemble de la journée et l’apéritif, ça fait 35 euros par tête. Après, pour tous les deux, disons que 60 euros conviendront », nous a-t-il répondu. Et il ne rigolait pas du tout.
Photo de Yinan Chen, via Wiki Commons.
Francesca, 24 ans
Sur le papier, tout semblait normal. Je devais résider chez Jason et Ann, un couple dans la trentaine. Ils étaient censés m’accueillir dans une chambre au sein de leur maison. Ils décrivaient cette dernière comme étant « énorme ». De plus, leur domicile était situé à quelques centaines de mètres de l’endroit où je devais passer un entretien d’embauche le lendemain. En fait, en débarquant chez Jason et Ann, j’ai compris qu’ils louaient une immense partie de leur maison à différentes personnes – on aurait dit qu’il s’agissait d’un hôtel. Il y avait même des numéros sur la porte des différentes chambres. Jason ne dormait même pas sur place, et Ann était absente.
Les autres chambres étaient calmes, jusqu’à ce qu’un Polonais ne se mette à s’énerver aux alentours de 11 heures du soir. J’ai vite compris qu’il n’arrivait pas à tirer la chasse des toilettes – elle était cassée, en fait. Jason ne répondait pas au téléphone. Tous les locataires étaient dans le couloir, essayant de régler le problème.
Je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé, mais les chiottes ont fini par exploser – sans doute parce que nous avions tenté de les déboucher avec différents produits. Tout le monde avait un peu de merde sur soi. J’ai passé un long moment à me nettoyer dans l’évier, avant d’insulter Jason par messages, et de tenter de dormir. Mon entretien a été catastrophique, et je n’ai pas eu le stage espéré.
Silvia, 27 ans
Mes parents possèdent un appartement dans le centre de Milan – un truc classique, spacieux et lumineux, dans un immeuble cossu. Il y a quelques années, mes parents ont quitté la ville, et mon frère et moi les avons convaincus de louer cet appart. Nous nous occuperions de tout, en échange d’un peu d’argent. C’était un deal parfait.
Tout se déroulait nickel, jusqu’à il y a un an. Deux femmes trentenaires ont débarqué. Elles avaient loué l’appartement pour une durée de dix jours, vers la fin du moins d’avril. Elles semblaient adorables lors de la passation des clés. Quelques jours après, le concierge a téléphoné à ma mère. Il semblait embarrassé de lui avouer que de nombreux mecs passaient dans l’immeuble, entraient dans son appartement avant d’en ressortir peu de temps après.
Ma chère et tendre mère a pris la décision de téléphoner à l’une des deux femmes, qui a tenté de la rassurer en lui disant qu’un seul un homme était venu dans son appartement, et qu’il s’agissait d’un cousin de Bergame. Ma mère n’a pas voulu en savoir plus, et a accepté cette explication. Une fois les deux femmes parties, ma mère a débarqué dans l’appartement et a trouvé des dizaines de préservatifs usagés dans nos poubelles. Elle a tout désinfecté, en m’interdisant de l’aider.
Photo de Nicolas Sanguinetti, via Flickr CC.
Charlotte, 26 ans
Ma mère a l’habitude de sous-louer un étage de sa maison d’Amsterdam sur Airbnb. Il y a quelques mois, un groupe de jeunes filles irlandaises de 18 ans a débarqué pour quelques jours. La maison est assez vieille, en bois, et ma mère prend soin de prévenir ses occupants qu’il faut faire très attention avec le feu. Deux jours après l’arrivée des filles, alors que ma mère regardait les informations à la télévision, elle a entendu des cris. Elle a dévalé les escaliers et a vu de la fumée partout. Heureusement, les pompiers sont arrivés peu de temps après.
Après coup, les filles ont tenté de se dédouaner en disant que le feu n’était pas de leur faute – sauf qu’un pompier a rapidement compris qu’une bougie avait été placée juste en dessous des rideaux. Les filles s’étaient endormies sans l’éteindre. Elles ne prirent même pas la peine de s’excuser.
Sara, 33 ans
Il y a quelques années, j’ai loué mon appartement à des touristes américains lors du salon international du meuble, situé à Milan. C’était en avril, mais il faisait encore assez froid.
Un jour, j’ai voulu aller arroser les plantes chez moi afin que mes locataires n’aient pas à le faire. Quand j’ai ouvert la porte, j’ai compris que mon appartement s’était transformé en sauna. Les Américains avaient poussé le chauffage à fond. Ils m’ont assuré qu’ils venaient tout juste de l’allumer, mais ma facture m’a prouvé le contraire.