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Si Trump gagne, des Américains pensent s’installer sur une île au Canada

C’était il y a deux semaines. Rob Calabrese crée un site internet mettant en avant une idée, moitié blague, moitié proposition sérieuse. Il s’agit d’une invitation adressée aux Américains qui ont du mal avec l’idée que Donald Trump puisse devenir le candidat des Républicains à la présidence des États-Unis.

« Salut les Américains ! » dit le site. « Donald Trump pourrait devenir le président de votre pays ! Si cela arrive et que vous voulez foutre le camp, je vous conseille de venir vous installer sur l’île de Cape-Breton. »

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Entre le lancement du site et ce samedi après-midi, Calabrese, qui est un animateur de radio, a reçu un paquet de messages de la part d’Américains qui voulaient prendre son offre au sérieux. Parmi les candidats, on compte un ancien soldat américain qui a servi en Irak. L’homme a expliqué qu’il voulait mettre sa femme et ses deux enfants à l’abri, mettant en avant un savoir-faire offert au service de Cape-Breton, une sauvage et magnifique île de la côte Atlantique du Canada qui fait face à un problème de population qui se vide.

« Sa demande est sérieuse », explique Calabrese qui a voulu préserver l’anonymat du soldat. « On sent qu’il y a urgence. »

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Le message ironique du site rebondit en effet sur un problème grave de déclin de la population dans cette province de Nouvelle Écosse. Quand le site a été lancé, certains médias ont annoncé l’initiative dans le monde entier. Mais ce qui a vraiment laissé les observateurs bouche bée, c’est ce qui est arrivé ensuite.

Le site a en quelques jours compté 800 000 visiteurs, des milliers de demandes ont été faites. Les questions portent sur les modalités d’immigration et les perspectives d’emploi. Des centaines de touristes ont fait part de leur envie de réserver un voyage. Calabrese donne cinq interviews par jour.

Au départ, Calabrese, sa femme et son frère, répondaient personnellement aux questions. Mais rapidement, ils ont été débordés. Un bureau du tourisme de la région est alors venu en renfort pour gérer les demandes. Une « Foire aux questions » a été ajoutée au site. Cela a eu pour effet de limiter le nombre des messages reçus. 

Une image du site internet de Cape-Breton. 

« C’était une blague à moitié, bien sûr », raconte Calabrese pour expliquer ce qui l’a motivé au départ. « Reste que je ne crois toujours pas que quelqu’un puisse changer de pays à cause d’une nouvelle personne à la présidence. »

Mais l’intérêt pour Cape-Breton est bel est bien là nous explique ce père de deux enfants qui est né et a grandi sur l’île. « Il y a autant de raisons que de demandes. »

Un professeur de faculté explique y réfléchir depuis longtemps, et dit voir dans Trump la personnification d’un chemin pris par les États-Unis, un chemin qu’il craint. D’autres sont attirés par la beauté de Cape-Breton ou par le style de vie tranquille.

Au départ, sur la page d’accueil on pouvait lire : « les soins sont gratuits, vous connaissez vos voisins, ils prennent soin de vous, et personne n’a d’armes ! ». Le message a été remplacé par un autre qui explique que tout le monde est le bienvenu, qu’il soit Démocrate, Républicain, ou même un pro-Trump.

Impact touristique

« Sur le plan touristique c’est une histoire positive et fantastique parce que Cape-Breton est pour moi un bijou du tourisme », dit Mary Tulle, directrice de Destination-Cape Breton, le bureau qui aide Calabrese. Pour elle, la publicité générée par ce site vaut des millions de dollars.

Elle explique qu’elle a reçu 380 000 visites sur le site de son bureau ces dix derniers jours. 75 pour cent du trafic vient des États-Unis. 1 200 personnes ont fait des réservations, 400 000 personnes ont regardé leurs vidéos.

La plupart des questions qu’ils reçoivent concernent l’immigration, l’emploi, l’accès au logement. Une personne a demandé à quoi la vie sur l’île ressemblerait pour une personne LGBT. Le fait que des Américains mentionnent un tel projet en lien avec le résultat des élections présidentielles n’est pas nouveau, mais cette fois l’impression est différente, poursuit Calabrese qui raconte que les retours sont très encourageants.

« J’essaie de tirer de tout cela quelque chose de positif, attirer autant que possible l’attention sur Cape-Breton. »


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Tamara Khandaker a participé à la rédaction de cet article.

Cet article a d’abord été publié sur la version anglophone de VICE News

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