Ma mère m’a cassé le cul pendant des années parce que je suis allé à la fac, et pas en prépa ou dans une « grande école ». Vous savez quoi, je suis hyper fier d’avoir fait ça. La plupart des gens qui sortent des grandes écoles sont des gros cons. L’université au contraire, est la seule vraie école du peuple, du mérite et la moins susceptible d’endetter vos parents. C’est aussi la formation qui laisse le plus de temps pour faire des conneries et avoir des projets comme « monter un assoc’ pour faire jouer des groupes », faire du journalisme amateur et devenir alcoolique. Ce qui suit est donc un guide pratique à l’attention des jeunes qui, comme moi, veulent mener à bien leur cursus universitaire, au terme duquel ils ne trouveront ni femme, ni boulot, ni futur. Bienvenue dans l’âge adulte, jeunes gens.
LES COURS
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Allez-y. Franchement. La classe politique depuis 60 ans, les statistiques et « les directeurs de programme » passent leur temps à dire que la fac, c’est dur, que c’est l’autonomie, et que personne ne peut rien pour vous si vous ne vous bougez pas le cul. Pour une heure de cours, il paraît qu’il faut une heure de boulot personnel en plus. C’est des conneries. Allez en cours, écoutez (vous pouvez cuver ou aller sur les réseaux sociaux à un autre moment que pendant vos quatorze heures de cours hebdomadaires) et pointez-vous aux partiels. En théorie, ça ira. Et pour peu que vous choisissiez la bonne fac (évitez quand même les trucs comme histoire de l’art, ça rassurera vos parents) et les bons TD, ce sera la période où vous apprendrez le plus de trucs intéressants de votre vie.
L’HORIZON PRÉPA
Vous pouvez continuer à vous mentir tant que vous voulez, vous n’êtes pas à la fac par choix. Vous y êtes simplement parce que d’autres mecs avaient de meilleures notes que vous au lycée. Ne regrettez rien, les gens qui font une prépa se feront chier 24 mois avant de passer les 60 années suivantes avec une femme laide et un cancer. Ils sont hyper fiers d’être au lycée deux ans après tout le monde, alors que faire des maths toute la journée est le boulot le plus chiant du monde derrière bourreau. Les khâgneux sont encore pire : à force de lire en latin des livres que tout le monde a déjà lus au lycée, ils se transformeront en Bob Dylan, puis en Alien puis en Laurent Joffrin et finiront leur existence chez eux avec du vin acheté chez un « petit caviste ».
LE TEMPS LIBRE
Après plusieurs années d’études secondaires à plus de trente heures de cours par semaine, arriver à la fac et ne rien avoir à branler de ses journées constitue un choc important. Ne vous inquiétez pas – l’homme étant l’animal qui s’adapte le mieux à un nouvel environnement, vous vous en accommoderez très bien. Il faut savoir que ce sera sûrement la période de votre vie où vous vous droguerez le plus. Vous passerez aussi le plus clair de votre temps à boire des cafés en terrasse et bouffer des bols de céréales à chaque repas. C’est agréable, mais je vous conseille très franchement de trouver une activité annexe – club d’escalade, jouer dans un groupe, trouver une petite copine, se forcer à aller à la BU.
SE FORCER À BOSSER À LA BU
J’ai passé trois ans à la fac. Ce qui veut dire que j’avais accès à la Bibliothèque Universitaire et même le droit d’y emprunter des bouquins. Pourtant, ce lieu censé me procurer culture et ennui est aujourd’hui le truc le plus obsolète du monde et un simple truc à dire à mes parents quand je leur envoie des mails – « je te parle depuis la BU, je me nourris exclusivement de Smacks, envoyez-moi un peu d’argent, salut ! » En vérité, j’ai dû y foutre les pieds trois fois et emprunter genre, un bouquin. Tout ça à cause d’Internet. Google et Wikipédia (le plus proche équivalent de Dieu) sont devenus des moyens simples et rapides d’avoir la moyenne pour n’importe quel dossier à rendre. Un jour où j’étais à la bourre sur un dossier de « langage et sémiotique », j’ai fait un copié/collé d’une page Wikipédia. Je n’ai rien changé, à part les tirets (grossièrement remplacés par des pronoms) pour que ça ressemble à des phrases.
LE RESTO U
Au début, du fait de votre emploi du temps dégagé, vous commencerez par rentrer bouffer chez vous. Mais vous vous rendrez vite compte que ça coûte beaucoup moins cher de manger un truc (à savoir : n’importe quoi) au Restaurant Universitaire. Deux choses : soit vous venez hyper tôt pour être tranquille et avoir du choix (comme cette petite salade avec des croûtons et du fromage en rupture de stock dès midi et demi), soit vous venez un quart d’heure avant la fin du service. Même si cette démarche vous contraindra à d’abord bouffer les pires restes provenant des pires rations de blanquette de veau surgelée, vous réaliserez vite qu’elle vous autorisera à parler aux cuisiniers, puis au chef. Ensuite, à vous la double portion de frites et les jetons gratos pour boire un Coca.
CAFÉ COURT SANS SUCRE
S’il y a un truc que tout le monde apprend à aimer à la fac, c’est le café court sans sucre. Faites le calcul : huit heures de cours dans la journée, quatre pauses café/clope plus une au déjeuner, multipliées par 150 jours de cours. Entre un café à 30 centimes et un café « commerce équitable » à 50 centimes, ça fait une économie potentielle de 150 euros pour ceux qui se résoudront à boire du café goût méningite. Voyez le bon côté des choses, ça vous donnera un aperçu du monde du travail et de vos futurs collègues incapables de se servir d’une cafetière correctement.
LES SOIRÉES ENTRE POTES DE FAC
Entre le dimanche et le mercredi, vos soirées se résumeront à mater des films nuls en buvant du thé dans un environnement radioactif peuplé de posters Nirvana et de cartons Pizza Hut. Mais à partir du jeudi, les soirées étudiantes (j’entends par là, celles de la fac) changeront votre perception de la fête, et par là même, de votre vie. Si vous pensiez que les « tonus » des écoles de commerce étaient abusées, sachez que les vôtres seront mieux : vous deviendrez un expert en bières premier prix et vous rencontrerez, en plus des étudiantes scandinaves venues là pour coucher avec des Français (Bottle Shop), des ramasses / dealers / membres de groupe / blogueurs pétés / chômeurs qui vous fourniront en drogues / fêtes / musique / DVD / livres d’auteurs américains bourrés. J’ai notamment connu un mec (accessoirement le « plan drogue » de tout le monde, bien qu’il n’ait jamais eu de quoi s’en acheter) qui passait son temps à partouzer avec des inconnus.
L’ENNEMI : L’ÉTUDIANT EN DROIT
L’UFR de droit est un monde à part à l’intérieur de votre propre université. De manière générale, la fac française est un truc de gauchistes pauvres, sauf en ce qui concerne la fac de droit. C’est là où se retrouvent les gosses de bourges trop mauvais pour la prépa ou trop jeunes pour intégrer une école de commerce hors de prix. Cependant, c’est aussi là qu’on trouve les nanas les plus jolies. Ici, les filles n’ont pas de dreadlocks et ne portent pas de sarouels couleur Afrique. Elles ont des pantalons en toile, des Clarks à talons et des perles aux oreilles, comme les petites filles de riches qu’elles sont. Néanmoins, vous aurez toujours au moins un pote infiltré dans cette fac de droit. Faites en sorte de vous faire inviter à ses soirées.
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