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Système D : comment faire du vin dans un autocuiseur

Cela ne fait plus vraiment de doute, l’humanité est entrée dans l’ère de l’autocuiseur. L’ustensile de cuisine est parvenu à rassembler une foule de fidèles qui ferait pâlir d’envie n’importe quel pasteur évangéliste. Et tout ça à une vitesse folle.

En gros, l’autocuiseur est l’enfant bâtard d’une cocotte-minute et d’une mijoteuse. Il a fait son apparition en 2010. Depuis, des milliers de consommateurs se sont laissés séduire par ses fonctionnalités et l’appareil surfe sur une vague de popularité commencée à la fin de l’année 2016. Il y a même aujourd’hui un genre littéraire particulièrement foisonnant consacré aux recettes de cuisine pour autocuiseur.

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David Murphy, blogueur culinaire et développeur de recettes, fait partie de ces fidèles. Murphy, qui habite dans le New Jersey, a travaillé pendant deux décennies dans la restauration. Il est le détenteur d’un 6-quart DUO Plus Instant Pot depuis maintenant quelques mois. Durant les premiers jours de son idylle avec l’autocuiseur, il est tombé sur un mème publié sur Facebook demandant ironiquement pourquoi personne n’a trouvé le moyen de coller des raisins au fond de la machine et d’en tirer du vin.

C’était une blague. Murphy l’a pris comme un défi.

Après avoir épluché différents bouquins, il se rend compte qu’il n’existe aucune recette permettant de « faire in vitro » du vin – si ce n’est une de vin chaud qui nécessite l’achat préalable en magasin de bouteilles de… vin. Il décide donc de se lancer dans la rédaction de sa propre recette.

Murphy, membre du Instant Pot Community Group sur Facebook (un groupe dédié aux fans d’autocuiseur) a matraqué la communauté et les administrateurs d’une flopée de questions sur les différents réglages de l’appareil.

« Et puis il y a eu cette épiphanie. Mon Eureka à moi, écrit-il dans un e-mail à MUNCHIES. L’autocuiseur a une fonction yaourt qui permet d’utiliser moins de chaleur. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je vais dans un magasin pour acheter du jus et tester ma théorie. Et ça a marché. »

Au final, selon Murphy, on se retrouve avec un vin qui ressemble à un merlot. « On a des saveurs beaucoup plus riches que celles des ingrédients d’origine. »

Le résultat ? Une recette qu’il a publiée sur son blog en février, et que les lecteurs peuvent suivre munis d’une bouteille de deux litres de jus de raisin de la marque Welch’s, de 130 grammes de sucre en poudre, d’un sachet de levure de vin rouge Lalvin, d’un rouleau de ruban adhésif et d’un entonnoir. (C’est bien trop complexe pour être résumé en quelques paraphrases donc le mieux c’est de vous rendre directement sur le site de Murphy).

Il faut aussi s’armer de patience. La recette nécessite 48 heures de préparation suivies d’une mise en bouteille et de la conservation de la solution obtenue dans un endroit sombre et frais pendant au moins 8 jours. (Murphy souligne qu’on peut garder le vin pendant un mois). Une période de fermentation qui doit faire complètement disparaître le côté pétillant du jus.

Au final, on se retrouve toujours selon Murphy avec un vin qui ressemble à un merlot. « Les raisins du jus prennent carrément vie et se transforment en quelque chose d’agréable au niveau du palais, explique Murphy à MUNCHIES. Au nez, on sent les cerises noires et le chocolat cru et on peut goûter des saveurs beaucoup plus riches que celles des ingrédients d’origine. »

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Murphy espère que ces efforts déclencheront une petite révolution au sein de la communauté des fans d’autocuiseur. Peut-être que certains se mettront eux aussi à faire du vin. Il admet sans problème que ce n’est pas le meilleur pinard disponible sur le marché et qu’il ressemble à un « vin de table très plaisant » dont le prix de la bouteille oscillerait entre 8 et 12 dollars (6,5 et 10 euros).

En d’autres termes, c’est un peu mieux qu’une bouteille de pif à 5 balles de la supérette en bas et c’est surtout moins mauvais que ce à quoi on pouvait s’attendre (ie : un échec retentissant).


Cet article a été préalablement publié sur MUNCHIES US.