Une vingtaine d’individus ont été interpellés ce mardi matin en région parisienne, en marge de manifestations de chauffeurs de taxi qui dénonçaient la « concurrence déloyale » d’Uber et des autres services de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC).
Des syndicats d’enseignants, de fonctionnaires ou encore d’agriculteurs avaient également choisi ce mardi 26 janvier pour manifester leur mécontentement à travers différentes actions organisées dans plusieurs villes de France.
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Des pneus jetés sur le périphérique
Tôt ce mardi matin, des dizaines de manifestants ont mis le feu à des pneus et des palettes, bloquant le périphérique nord-ouest de Paris, aux environs de la Porte Maillot. Les incendies ont rapidement été éteints par les pompiers alors que des CRS s’employaient à déloger les manifestants pour que le trafic routier puisse reprendre.
Vers 10h00 Porte Maillot, le calme était revenu, les taxis (occupant une bonne moitié de la place de la Porte-Maillot totalement paralysée) étaient encerclés par des forces policières déployées en nombre.
Ce nouveau rassemblement des taxis est intervenu sept mois après une première manifestation très agitée, là aussi porte Maillot— lors de laquelle des voitures avaient été renversées et plusieurs chauffeurs de la compagnie Uber avaient été pris à partie, voire agressés.
Malgré une décision de justice qui interdit depuis septembre dernier les services de type Uberpop (grâce auxquels des particuliers pouvaient transporter des clients contre rémunération), les chauffeurs de taxi dénoncent une trop faible application de la loi. Certains réclament désormais l’interdiction pure et simple des VTC.
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Des rassemblements similaires ont été organisés dans plusieurs grandes villes de France, à Bordeaux, Toulouse, Marseille et Lille notamment, où les chauffeurs mécontents ont considérablement perturbé la circulation en roulant au ralenti.
D’autres actions des chauffeurs de taxi ont eu lieu aux abords de plusieurs aéroports français, comme au sud de Paris où des taxis ont installé un « barrage filtrant » près de l’aéroport d’Orly afin d’empêcher les VTC et autres chauffeurs de prendre des voyageurs comme clients. Aux environs de 7h ce matin, une navette a forcé l’un de ces barrages, renversant deux hommes dont l’un a été blessé à la jambe et pris en charge par les services de secours.
Nomination d’un médiateur
Le syndicat CGT-Taxis, l’un des co-signataires de l’appel à manifester dans Paris, dénonce depuis plusieurs semaines la multiplication des « taxis déguisés », qu’il accuse de ne pas se soumettre aux règles leur imposant de ne prendre que les clients qui réservent le trajet à l’avance.
À l’heure actuelle, la profession de chauffeur de taxi est strictement encadrée par la loi française, qui limite le nombre de licences délivrées. Les chauffeurs de taxi qui partent à la retraite peuvent revendre leur licence à des nouveaux arrivants, suivant un tarif variable selon la ville, et qui a déjà atteint plus de 240 000 euros à Paris.
Les taxis dénoncent la concurrence des chauffeurs de VTC, qui bénéficient eux de conditions plus souples pour obtenir leur carte professionnelle (250 heures de formation et une immatriculation qui ne coûte pas plus de 100 euros).
Face à ce qu’ils qualifient de « racolage » et de « maraude électronique », la CGT et dix autres syndicats de taxis estiment que les négociations avec le gouvernement français sont une « question de vie ou de mort » pour cette profession.
Ce mardi midi, le premier ministre Manuels Valls a reçu une délégation de chauffeurs de taxi, aux côtés du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et du ministre des Transports Alain Vidalies.
À l’issue de cette rencontre, le gouvernement a promis davantage de contrôles pour débusquer les VTC fraudeurs ainsi que la nomination d’un médiateur « dans les prochains jours ».
En fin d’après-midi, certains taxis de la Porte Maillot mais aussi stationnés devant le ministère de l’Économie, entendaient rester toute la nuit, expliquant ne pas être satisfaits par les annonces faites après le rendez-vous avec le Premier ministre.
Grève dans les airs, sur les routes, dans les écoles
D’autres corps de métier ont été appelés à manifester ce mardi 26 janvier, comme les contrôleurs aériens qui réclamaient une hausse de leur salaire et davantage de garanties concernant leurs retraites.
Dans un communiqué publié ce lundi, la Direction générale de l’aviation civile avait prévenu que 20 pour cent des vols commerciaux risquaient d’être annulés à cause de cette grève.
Plusieurs axes routiers ont par ailleurs été bloqués en France par des agriculteurs, qui réclament depuis une semaine la hausse des prix d’achat de la viande et du lait par les groupes industriels.
Pour ce qui est des établissements scolaires, le ministère de l’Éducation nationale a dénombré 11,44 pour cent de grévistes parmi les enseignants en France. Ces derniers étaient appelés par leurs principaux syndicats à se mobiliser contre la réforme du collège — qui vise entre autres à modifier la manière dont les cours de langue et le soutien scolaire sont assurés.
Des personnels de la fonction publique étaient également appelés à manifester sous le slogan « L’unité contre l’austérité. » par les syndicats CGT, SUD et Force Ouvrière.
Une centaine de grévistes des Hôpitaux de Paris se sont aussi rassemblés dans les rues de la capitale, pour manifester contre des réformes qui allongeront leur temps de travail.
En milieu d’après-midi ce mardi, la plupart de ces grévistes ont rejoint un cortège de fonctionnaires qui manifestaient sur le boulevard du Montparnasse (sud-ouest de Paris).
Alors que la France est toujours soumise à l’état d’urgence, Manuel Valls a évoqué ce mardi matin le respect du « droit à manifester », avant de condamner les heurts observés à Paris en les qualifiant de « violences inadmissibles ».
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