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Tchernobyl est désormais une icône de l’environnementalisme

Pendant des années, le nom « Tchernobyl » a été associé aux ruines urbaines sinistres laissées par les retombées radioactives de la catastrophe nucléaire de 1986. Mais les temps ont changé.

Sur les cendres de la zone d’exclusion de Tchernobyl (CEZ), le territoire de 2 600 km² qui entoure les restes de la centrale ukrainienne et de la ville voisine, Pripyat, un nouveau monde est né. Bien que le site ait été le théâtre de la pire catastrophe nucléaire de l’histoire, Tchernobyl est paradoxalement devenu un symbole de la protection, de la promotion de l’énergie durable, et un cas d’école d’explosion de la biodiversité.

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La renaissance verte de Tchernobyl passe entre autres par le développement d’une centrale solaire au sein de la CEZ. Au cours des dernières semaines, Ostap Semerak, le ministre ukrainien de l’écologie, a fait la promotion de Tchernobyl comme d’un paradis de l’énergie solaire auprès d’investisseurs étrangers et locaux.

« Nous proposons à nos partenaires et investisseurs de regarder ce territoire avec un œil neuf ; ce n’est plus le pays de la ruine et de la désolation, mais un territoire prometteur propice au développement », déclare Semerak lors d’une visite à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) à Londres cette semaine.

Pourtant, il ne s’agit pas là d’une simple opération de greenwashing visant à revaloriser l’image de Tchernobyl en réutilisant ses anciennes infrastructures, dont les lignes de transmission électriques, pour des installations d’énergie solaire. Les ruines laissées par la centrale peuvent trouver une seconde vie dans un cadre propre, sûr, et écologique. Semerak déclare que les investisseurs ukrainiens, canadiens et américains ont déjà saisi l’opportunité d’un développement de la CEZ. L’objectif est d’y installer une centrale de quatre mégawatts avant fin 2016, selon Bloomberg.

Au-delà de ce revirement en faveur du solaire, Tchernobyl a désormais une réputation de réserve de la vie sauvage. En effet, l’absence d’activités humaines au cours des 30 dernières années a permis aux plantes et aux animaux de se développer et de prospérer au sein même de la zone d’exclusion. Loups, élans, sangliers, blaireaux et chevaux sauvages grouillent désormais dans le désert humain entourant les bâtiments abandonnés.

Le retour des sangliers à Tchernobyl. Image: Valeriy Yurko

Les études montrent que les écosystèmes de Tchernobyl sont très robustes, et sans doute plus sains qu’ils ne l’étaient avant la catastrophe de 1986, à l’exception notable de quelques espèces d’invertébrés et d’oiseaux qui semblent être plus sensibles que les autres aux radiations.

« La faune de Tchernobyl est plus riche maintenant qu’avant l’accident, non pas parce que les animaux aiment les radiations, mais parce que pour la vie sauvage, la plus grande menace reste les activités humaines en général, » explique Jim Smith, de l’Université de Portsmouth, un spécialiste de l’environnement ayant étudié la faune de Tchernobyl de très près.

Il y a trente ans, peu de gens auraient pu prédire que la région de Tchernobyl se remettrait un jour de la catastrophe, et encore moins qu’elle deviendrait de nouveau une grande productrice d’énergie. Pourtant, la croissance reprend, se réapproprie les structures humaines existantes, et l’héritage de la zone n’est plus celui d’un conte moral apocalyptique. C’est l’histoire d’une renaissance. Peut-être que dans les mois et années à venir, les Ukrainiens pourront de nouveau compter sur l’électricité Tchernobyl, et c’est extraordinaire.