Sports

Tom Duquesnoy, l’enfant prodige du MMA en route vers l’UFC

75 secondes. C’est le temps qu’il a fallu à Tom Duquesnoy pour se débarrasser de Shay Walsh, champion du monde BAMMA de la catégorie des poids coqs. Déjà champion chez les plumes, il conservait son titre en février en détruisant Damien Rooney en 1 minute 22 secondes. Le 14 mai, il a donc accroché une deuxième ceinture mondiale à sa taille. Le “Firekid”, c’est ce mec avec une gueule d’ange, combattant de MMA surdoué, déterminé, globe-trotter, bilingue… On en oublierait presque qu’il n’a que 22 ans et qu’il vient de Liévin, petite ville dans la périphérie de Lens.

Descendant d’une famille de mineurs polonais émigrés, il a choisi cette voie à seulement 12 ans lorsqu’il a vu une légende du MMA en DVD. Le free fight était alors un sport marginal considéré comme très violent. Dès 14 ans, l’objectif de ce passionné est clair : entrer dans la cage à 18 ans, l’âge légal pour évoluer dans ce que l’on appellera plus tard le MMA. La suite n’est absolument pas le fruit du hasard.

Videos by VICE

En bon perfectionniste, il frappe à la porte de nombreux clubs de combat pour enrichir sa panoplie technique. Lutte, boxe anglaise, boxe thaïe… tout y passe. Tom cherche à peaufiner son art. En 2014, il intègre la prestigieuse Jackson Wink MMA Academy aux Etats-Unis, où il s’entraine aux cotés de légendes de la discipline. Aujourd’hui, Tom Duquesnoy c’est 13 victoires, dont 10 acquises avant la limite, pour une seule défaite, deux titres mondiaux et une notoriété grandissante aux Etats-Unis et en Europe.

L’UFC le convoite depuis près de deux ans. Même si rien n’est encore signé, il se pourrait que Tom prépare son entrée après son dernier combat au BAMMA. S’il intègre le circuit de MMA le plus prestigieux au monde, c’est pour « prendre la ceinture », répète-il. Sa chance, Tom a su la provoquer. En travailleur acharné, il a organisé toute sa vie vers ce but ultime. Mais à l’entendre, c’est le voyage qui importe, beaucoup plus que la destination.

On a voulu rencontrer Tom juste après son combat, pour comprendre comment celui que les spécialistes hissent au premier rang mondial des combattants de moins de 23 ans voyait l’avenir. Dans les couloirs du Temple Noble Art, un club du 1er arrondissement de Paris, dans lequel il se « sent bien », on a parlé de MMA, de rêve et d’équilibre. Rencontre avec un idéaliste, juste avant qu’il ne conclue sa journée par un concert d’opéra, une autre passion.

VICE Sports : Tu reviens de Birmingham avec une nouvelle victoire éclair, encore plus rapide. Pour le prochain combat, tu prévois de passer sous la barre des 1 minutes 10 ?
Tom Duquesnoy : Oui, c’est comme le dernier combat, autour d’1 minutes 20. Ecoute, déjà j’espère le gagner, je suis concentré pour la victoire. On est là pour gagner, avec la manière de préférence, parce que ça buzze. En tant que combattant c’est ce que tu recherches, l’efficacité, la domination extrême dans le bon sens du terme. Au sens sportif, tu vois.

A voir tes précédents combats, je te qualifiais plus comme styliste, et sur les derniers, on voit que tu recherches plus l’efficacité, le K.O. Est-ce que c’est quelque chose que tu as travaillé à l’entraînement ?
Effectivement, j’étais plus un boxeur styliste complet, avec une bonne lutte, un bon sol, une bonne défense et je frappais sans me faire toucher. C’était bien, mais j’ai eu un combat déclic l’année dernière contre Brendan Loughnane à Dublin. Suite à ce combat, j’ai eu pas mal de questionnements sur les limites de l’efficacité réelle que j’avais en combat, notamment en pieds-poings, pour faire tomber un adversaire. Avec l’aide de mon père j’ai changé d’axe. Il m’a aidé à me concentrer sur les points de détails pour améliorer l’efficacité pure. A partir de là, je suis parti pendant 3 mois à Albuquerque, aux Etats-Unis.

L’un des entraîneurs principaux, Mike Winkeljohn, un super entraîneur en full-contact et boxe thaïe, est très spécialisé sur l’efficacité réelle. Il insiste sur le travail des appuis, les transferts de poids, comme en boxe anglaise, et la prise des angles pendant l’échange pieds-poings. J’ai appris énormément avec lui. J’ai changé mes méthodes d’entraînement. Le combat de février est arrivé et j’ai donné un aperçu des améliorations. J’ai fini le combat sur une gauche. On voit que j’ai changé sur la façon de me déplacer. Je suis beaucoup plus efficace qu’avant. Comme tu le disais, il y a eu un passage de styliste, que j’essaie de conserver pour ne pas prendre trop de coups, mais quand je frappe maintenant il faut que ça tombe. Je continue à améliorer ce point.

Est-ce qu’il n’y a pas aussi une part d’instinct dans ce genre de K.O. (coup de coude brutal en fin d’enchaînement) ?
Comme tu le dis, c’est l’instinct. Mais au final l’instinct est révélé par tout ce que tu as travaillé, systématiquement et pendant des mois avant. Si tu veux quelque chose d’automatique, il faut le répéter des milliers de fois. Si tu veux quelque chose d’instinctif, il faut le répéter des milliers de fois aussi. C’est le même principe.

Avant de monter dans la cage, tu as pris le temps d’embrasser trois personnes. Qui sont-elles et en quoi sont-elles importantes pour toi ?
Le premier c’est Bourama, aka “The Man of Shadow”. C’est mon coach parisien qui me suit depuis presque 3 ans. Il m’a suivi pour tous les combats au BAMMA. Quand je suis à Paris c’est avec lui que je m’entraîne et on va dire que c’est l’entraineur qui me suit depuis que je combats au haut niveau. Le deuxième c’est mon père. Il est là depuis tout petit, il me soutient sans jamais louper un combat. Il est toujours dans mon coin. Son rôle c’est plus la partie émotionnelle, la partie confiance psychologique aussi. C’est lui qui me connaît le mieux des trois. En cas d’absence c’est une plus-value en moins pour moi. Il voit si je suis bien ou pas, comment je me comporte à l’entraînement. Ce n’est pas quelqu’un qui a la technique, il n’est pas professeur, mais il me connaît. Dans mon histoire, c’est celui qui m’a le plus aidé.

La troisième personne c’est Greg Jackson, meilleur entraîneur au monde, élu plusieurs fois à ce titre par les MMA Awards à Vegas. On a vraiment une bonne relation. Déjà presque deux ans que je fais des allers-retours aux Etats-Unis et à chaque fois on essaie de travailler ensemble pour préparer mes combats. Il m’avait dit qu’il aimerait bien venir pour la ceinture des moins de 61 kilos. J’étais étonné parce que je pensais qu’on allait plutôt attendre l’UFC. Il a plein de combattants UFC à préparer et il a voulu venir pour moi. C’est un honneur et le début d’une collaboration.

Est-ce que ça a changé quelque chose, concrètement, de l’avoir dans ton coin ?
On travaille tous dans le même sens. Bourama, mon père, Greg et moi étions tous d’accord sur la stratégie à appliquer en combat. Le jour du combat, ça m’a mis en confiance. J’étais content. Chaque conseil venant de Greg Jackson c’est du chocolat !

Pourquoi avoir quitté la France pour Albuquerque ?
Si tu fais de la boxe thaïe, tu vas en Thaïlande, c’est vraiment la source. C’est là où le business est établi depuis longtemps. Tu vas là ou il y a les meilleures équipes. Là où tu te sens le mieux, et moi je me sens très bien aux Etats-Unis, par rapport à l’entraînement et au cadre de vie. Là-bas, j’ai un vrai entraînement axé MMA là où en France, si tu fais de la boxe anglaise, elle ne sera pas spécialement adaptée au MMA. Pareil pour le sol. Aux Etats-Unis, tu trouves plus facilement des entraîneurs de boxe, judo ou jiu-jitsu qui ont vraiment une vision MMA. Les choses sont faites dans cette optique et ça change tout. Il faut prendre les bonnes choses de chaque sport.

Choisir l’un des meilleurs clubs au monde, la Jackson Wink MMA Academy, fait partie de ta stratégie ?
J’ai toujours suivi l’UFC et pareil pour Greg Jackson. Je regardais Jon Jones, Donald Sanchez, Carlos Condit, tous ces combattants qui sont au top niveau depuis des années. Dans le coin il y avait toujours Greg Jackson. J’adorais ce qu’il leur donnait. Il gardait leurs qualités mais apportait une plus-value, disons scientifique, l’analyse du combat au niveau du game plan avec des choses à faire et à ne pas faire. Je me suis toujours dis que j’irai voir là-bas ce qu’il se passe. Il y a des sparring-partners de qualité. J’ai fait un premier voyage où j’ai fait un petit peu toutes les équipes aux Etats-Unis et pour Albuquerque ça a été le coup de cœur. A partir de là c’est devenu mon équipe. A chaque fois que je vais aux Etats Unis je vais là-bas.

Tom Duquesnoy face à Damien Rooney.

Le coup de cœur a donc aussi été humain ?
Oui. Les sessions de sparing sont à l’image de Greg Jackson. On s’aide tous, on ne se blesse pas. On travaille ensemble pour s’améliorer de manière intelligente et l’efficacité américaine fait le reste. Il n’y a pas d’ego entre nous. Les gars reconnaissent les qualités, demandent des conseils, c’est un échange “martial” qui rappelle la base du sport. On est tous là-bas pour grandir ensemble.

Pourquoi avoir choisi le MMA, parmi tous les sports de combat?
J’ai fait un peu de foot comme tous les gamins et mon père m’a ensuite mis au sambo, un art martial russe. C’était aussi le sport d’origine de Fedor Emelianenko. C’est très proche alors je suis naturellement allé vers le MMA. Vers 14 ans, j’attendais déjà mes 18 ans avec impatience pour combattre dans la cage. En attendant, j’ai commencé les combats en boxe anglaise, boxe thaïe, jiu-jitsu, lutte, pour être le plus complet possible lorsque je fêterai mes 18 ans.

Qui t’a influencé pour développer cette stratégie si tôt ?
Au début mon père me met dans un sport de combat pour les valeurs du sport et apprendre à me défendre. De fil en aiguille, je me passionne vraiment pour ce sport à tel point qu’à 18 ans, lorsque je me retrouve à remplir mes vœux post-bac, je me suis dit « non, je mets rien ». J’avais envie de le faire. Mon père m’a dit être d’accord pour me payer ce qui s’apparentait à des études de combats. « Va à Paris, tente ta chance, fais des études de combat ! Et si ça marche tant mieux ! »

C’était une grosse prise de risque !
Pas tellement parce que la condition sine qua non était quand même d’avoir le bac. Et qu’est-ce que c’est qu’un an dans la vie ? Par contre si tu loupes l’occasion de réaliser tes rêves, là c’est quelque chose d’énorme. Tu te dis ensuite que tu aurais pu tester. Ce n’est pas dommageable, les études tu peux très bien les reprendre…

Tu as connu l’expérience, la vraie. Au lieu de te retrouver sclérosé dans un système, piégé, stressé… Ma base professionnelle a vraiment été créée par ma base philosophique. Ce que j’aime dans la vie c’est voyager, découvrir les choses, les nouvelles cultures et rencontres, bouger, s’ouvrir l’esprit. Profiter du monde que l’on a. A partir de là, il faut quand même travailler parce qu’à la fin du mois, on a des factures. Mon objectif est d’essayer de combiner ma passion avec mes idéaux. Au début, en France, c’était la galère, le MMA n’existe pas. Pas de sponsors, rien. Mais au final j’ai un équilibre de vie qui me permet de faire ce que j’aime : voyager et m’entraîner à fond sans avoir besoin de travailler. Surtout faire ce que j’ai envie, quand j’ai envie. Ça c’est vraiment une liberté qui me tenait à cœur au début. Je commence à pouvoir le faire comme je veux. Je sais de plus en plus ce qui me plaît.

Tu arrives à en vivre maintenant ?
Financièrement, je n’ai pas de Ferrari mais je vais où je veux, quand je veux et je ne travaille pas.

Tu dis que tu ne travailles pas mais ton métier c’est combattant, non ?
Il y a encore cette dualité entre passion et métier. Parfois, après plusieurs combats, il peut t’arriver de te dire : « Bon c’est le boulot ça me gave ». Là par exemple, je sors de 8 mois où j’ai combattu trois fois. A Birmingham, c’était le dernier combat de la période, une opportunité pour le titre. Donc j’y vais mais c’était le boulot quoi, j’étais gavé car c’est avant tout une passion. Attention je kiffe, j’adore cette vie ! Mais après trois combats et un changement de catégorie, avec l’adaptation physiologique à un nouveau poids, avec les voyages de préparation, les efforts alimentaires, familiaux, tout quoi… Tu casses tout pour être uniquement sur toi-même, uniquement sur ta performance. C’est passionnant mais je ne pense pas que tout le monde puisse le faire. C’est un gros sacrifice. Tu pars en quittant toutes tes attaches parisiennes pour te retrouver seul là-bas. Tu te retrouves dans un système qui n’est pas le tien avec une langue qui n’est pas ta langue maternelle. Tu es dans un pays qui n’est pas le tien et tu dois te développer. Chez Greg Jackson, il y a beaucoup de combattants qui poussent derrière. Si tu veux percer, c’est la guerre. Mais quelle belle guerre ! Pour l’expérience d’abord, mais aussi la récompense pécuniaire. Même si ce n’est pas la richesse, l’essentiel est là, le voyage. L’arrivée du voyage, ce serait la ceinture. Tu y arrives ou pas au final. Mais ce sont les étapes qui importent, pas vraiment la destination.

Au niveau mental, on distingue généralement deux types d’objectifs chez les champions, même s’il sont liés : l’un centré sur l’objectif d’être le meilleur, peu importe la manière d’y arriver, et l’autre centré sur la recherche de maîtrise parfaite du sport. Tu es plutôt dans la deuxième catégorie non ?
Ça me parle. A un moment donné, je ne suis pas trop dans un esprit d’ego en me disant « Je vais le battre, je suis le meilleur ». On trouve toujours meilleur que soit. Ma recherche, c’est plutôt d’essayer de développer tous les compartiments du combat et d’avoir ce que l’on peut appeler une maîtrise. Par exemple, être capable dans un combat entre champions de baisser les mains et de faire des esquives. Un truc sensationnel, un truc brillant. Ça c’est une maîtrise, c’est être plus fort que son adversaire parce qu’il aurait pu finir. C’est ça la maitrise, être assez relax pour faire ça. En salle avec son pote ça va, mais imagine tu fais ça en finale, avec la pression des mois de préparation. C’est la grande classe.

Tu ne regardes pas le classement de l’UFC en te disant « Lui je l’aurai » ?
Les gens, je les prends tous en considération. Tous les combattants doivent être respectés parce que je sais de quoi est faite la vie de combattant. Mais pour moi ce sont des noms. Des noms qui vont me faire évoluer. Si, je l’espère, un jour, j’ai une opportunité pour le titre, peu importe qui sera là. Je m’adapterais. C’est pour cela que je me bats depuis des années.

Tu n’as pas l’impression que l’on prend trop le combat au sérieux en France, dans le sens mélodrame ?
Exactement. En France, on voit cela comme des combats de gladiateurs. Le mec est brave, il est fou, il risque sa vie. On aime se dire « Il est fou le mec ». En plus, si tu es à l’UFC c’est un show à l’américaine. Des dizaines de milliers de spectateurs dans l’arène et des millions devant leur télé. Mais c’est tranquille car le vrai stress c’est quand tu peux mourir. Ici, il y a des médecins qui sont prêts à se jeter sur toi pour protéger ta santé. Il ne faut pas confondre le fait d’être gladiateur et de risquer sa vie avec le fait de combattre dans une organisation qui investit des milliers d’euros pour rendre ça comme un spectacle de gladiateurs. C’est du spectacle ! On est des sportifs, des prestataires de services, considérés come des sportifs de haut niveau et on est payé pour donner un show. C’est juste un combat, voilà. Il n’y a pas de problème ! Peut-être qu’il faut essayer pour s’en rendre compte.

Est-ce que tu es en recherche de reconnaissance de la part du public français ?
Non une recherche de reconnaissance ne mène à rien. Si à un moment donné tu dois être reconnu à ta juste valeur, ça viendra naturellement, par le résultat plutôt que par une recherche. Je ne connais pas les facteurs qui y mènent parce que je ne suis pas en recherche. Je suis concentré à fond sur ma carrière. Dans un premier temps elle passe par les Etats-Unis. Je reste concentré sur mon camp de préparation à Albuquerque. En France, il commence à y avoir une demande de la part des radios, médias web et autres. La demande sera toujours là. Il vaut mieux légaliser le MMA par la grande porte plutôt que de rendre cela souterrain. Il y a nécessité d’encadrer la pratique pour éviter les accidents. Le MMA n’est pas interdit en France, il n’est juste pas légalisé. Le gala du Cirque d’Hiver en septembre dernier l’a bien démontré.

Tu aimerais combattre en France ?
Ce serait magnifique à juste 15 minutes de chez moi. Imagine un UFC ou un BAMMA à Bercy ! Ici, j’ai une grosse base de supporters depuis tout petit, et puis je suis Français.

C’était comment de combattre une fois de plus en Angleterre, au BAMMA ?
C’est une deuxième ceinture. Cela ne s’était jamais vu dans une organisation européenne depuis un certain McGregor. Tout est fait pour te mettre la pression mais si tu l’as trop, tu perds. C’est rigolo non ? Le BAMMA c’est un mini UFC à la sauce anglaise. On passe en interview avant et après, il y a une diffusion en direct et ensuite sur beaucoup de chaînes. L’UFC, c’est plus gros, mais au moins je suis formé aux rouages. Tu sais que tu as la pesée avec le stare-down, le fight-week qui précède… Ce qu’il y a d’intéressant avec le BAMMA c’est la diffusion médiatique. Ça parle anglais, forcément pour l’UFC c’est mieux. En comparaison, le M-1 c’est russe. Je préfère jouer la carte médiatique, même si j’adore la Russie.

Tu as l’air beaucoup plus serein avant d’entrer dans la cage, c’est assez flagrant.
Mon père m’a dit « en deux ans tes traits ont vraiment changé. Tu fais plus homme ». C’est vrai ! Certains sont très forts à l’entraînement mais sont complètement dépassés par l’événement, le stress, les caméras, les flashs… Tu comprends ce que c’est le mot pression. Tu es littéralement compressé entre tout ça. Tu peux alors céder et faire n’importe quoi. Du Aldo contre McGregor, il se jette et fait n’importe quoi.

C’est ça la pression. L’entraînement, c’est là où tu es censé t’être donné à fond physiquement et mentalement pour être au top le jour J. Mais être le meilleur à l’entrainement ne signifie pas être le meilleur en combat. Certains se laissent dépasser par l’événement et perdent leur truc. Contre un adversaire de même niveau, ils perdent. C’est ce qui fait la différence. J’ai encore énormément de choses à améliorer. Je suis toujours un petit peu contracté. Mais je ne suis pas stressé au point de perdre mes moyens. Je suis plutôt relax. Je suis en confiance. J’en vois certains se monter le tête avec des « je vais le défoncer », comme mon dernier adversaire avec le visage en mode “Grrr”. Moi, c’est encéphalogramme plat avant de boxer.

Attention, il y a de la pression, l’appréhension d’avant combat. Quand le combat arrive je suis un peu contracté parce que cela représente quand même des mois de préparation. Il y a quand même, entre guillemets, toute ma vie professionnelle qui prend la direction vers le bas ou vers le haut. Tu arrives le samedi soir et tu te dis ça y est voilà le moment. C’est ton projet qui se joue. Comme on disait tout à l’heure c’est un mélange de passion et de vie professionnelle. Tu ne peux pas te dire tant pis je me rattrape au prochain. C’est ta passion, il y une part d’émotion et c’est quand même du combat. Ta famille est là, tout le monde compte sur toi. Donc au final tu as une part d’émotionnel qu’il faut essayer de réduire complètement pour laisser place au professionnel que tu as travaillé pendant toute ta préparation. A l’entrainement tu es à 100%, en combat globalement à 70%, sauf qu’un autre va être à 40, un autre à 60. Le meilleur sera à 70.

On sait que tu as des liens rapprochés avec l’UFC depuis deux ans mais tu as choisi d’attendre ton heure. Tu vises directement le haut du panier si tu y rentres ?
Avec quelques combats de préparation, je serais prêt à prendre le top 10 de l’UFC. Je sens qu’il y a encore beaucoup de travail pour être vraiment au top du top. J’en suis conscient. Je suis parti avec une vision à long terme. Ils ont des chasseurs de tête qui repèrent les combattants à fort potentiel. Tu es un citron. Alors autant y aller quand tu as le plus de jus. C’est du gagnant-gagnant. J’ai des contacts mails depuis près de deux ans. On se parle au téléphone en sachant que l’on va travailler ensemble à un moment donné.

On te tend un billet de 100 euros, certains le prennent mais moi je suis plutôt celui qui réfléchit et qui se dit qu’il va revenir avec 1000. Dans un premier temps, tu n’auras pas les 100 euros alors tu vas crever la dalle mais tu seras en train de semer. Ce n’est pas le chemin le plus facile. Mais si l’on revient vers toi avec 1000 au final tu auras gagné.

Face à Shay Walsh, Tom Duquesnoy a plié le combat en 75 secondes.

Le seul fait d’intégrer la plus grosse organisation mondiale n’est pas déjà un aboutissement en soi ?
J’ai une vision à long terme du business. Ça passe par cette phase. L’UFC c’est la ligue des champions. C’est comme si c’était les Jeux olympiques et que tu aurais le droit de n’y participer qu’une seule fois. Certains se disent qu’il y a de l’oseille et qu’il faut y aller. Alors ils croquent la pomme trop vite. J’attends mon meilleur niveau pour me donner toutes les chances. Si j’y suis à 25 ans, c’est encore jeune.

L’entrée à l’UFC n’étant plus un rêve mais un avenir proche, à quoi rêves-tu maintenant ?
L’UFC fais toujours partie de mes rêves. Mais c’est plus un moyen de réaliser mes rêves qui passe par le fait de continuer à travailler au quotidien, toujours dans la logique du bien-être mental et physique. Effectivement avec l’UFC viendront des aides, des sponsors, des primes de match… Mais encore une fois, l’argent et tout le reste, c’est plutôt un moyen de remplir les cases bonheur de ta vie plutôt qu’une finalité. Si je gagne bien ma vie à l’UFC ce sera l’occasion de répondre à ses idéaux de voyage, de partage avec les gens que j’aime, de rencontrer, de découvrir de nouvelles cultures. J’aime découvrir de nouvelles choses, comme la bouffe par exemple. Mes idéaux de base sont en concordance avec mes objectifs professionnels. C’est ça qui me motive et c’est ce qui fait que je peux avoir de la tension les soirs de combats. Tout se joue. Tout tourne autour du MMA dans ma vie. Tout, tout, tout.

Tu ne te donnes pas un objectif précis, en termes de titres mondiaux ou de nombre de défenses ?
Non, ce que je recherche c’est être heureux et payer mes factures. Instinctivement le bonheur est ce que je recherche en premier. Au delà de la partie philosophique, si l’on prend seulement en compte le professionnel alors oui, l’objectif est d’être champion de l’UFC. Remporter des combats et être bien quoi ! L’équilibre entre vie professionnelle et passion.