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Tout ce que devez savoir sur la cigarette électronique

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Cet article a été initialement publié sur Tonic US.

Levez la main : qui a déjà entendu quelqu’un dire que la clope électronique, « c’est juste de la vapeur d’eau » ? Sûrement la majorité d’entre vous. Et comme vous pouvez l’imaginer… ce n’est pas juste de la vapeur d’eau.

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« Le but des cigarettes électroniques était de donner aux gens un autre moyen d’inhaler de la nicotine, qui ne soit pas aussi dangereux qu’une cigarette normale », explique Stanton Glantz, professeur de médecine à l’université de Californie à San Francisco. « C’était une bonne idée qui s’est avérée décevante. »

Selon Glantz et d’autres chercheurs en cigarette électronique, les effets sur la santé des dispositifs de vapotage demeurent inconnus. Mais des centaines d’études sur le sujet ont été publiées ces deux dernières années. Et les experts s’accordent à dire que plus nous en apprenons sur les cigarettes électroniques, plus elles commencent à ressembler à des cigarettes traditionnelles.

La cigarette électronique est-elle nocive ?

« Il y a encore quelques années, tout le monde disait que les cigarettes électroniques étaient probablement plus sûres à 95 % que les cigarettes traditionnelles », explique Glantz. « Personnellement, il y a deux ans, je disais aux gens qu’elles étaient probablement d’un tiers aussi mauvaises. » Son évaluation pourrait devenir encore plus pessimiste. « Chaque mois, les vapoteuses semblent de plus en plus dangereuses », déclare-t-il.

En février dernier, une étude de l’école Bloomberg de l’université Johns-Hopkins a détecté du plomb, du nickel et des métaux toxiques dans la vapeur produite par les cigarettes électroniques. « On a pensé qu’il pourrait y avoir des métaux à cause de la bobine utilisée pour chauffer et vaporiser la vapeur », explique Ana Rule, professeur adjoint de santé environnementale et d’ingénierie à l’université Hopkins et co-auteure de l’étude.

Cette intuition s’est avérée juste. « On a trouvé du plomb et du manganèse, qui sont des neurotoxiques », explique Rule. Elle a également découvert du chrome et du nickel, qui peuvent provoquer le cancer.

Selon Rules, on retrouve beaucoup de ces métaux dans les cigarettes traditionnelles, quoique dans des concentrations différentes. « On ne sait pas quels sont les effets de ces métaux sur la santé, mais les cigarettes électroniques peuvent être tout aussi préoccupantes que les cigarettes traditionnelles », met-elle en garde.

Une autre étude récemment publiée a révélé que l’urine des adolescents qui fument des cigarettes électroniques était positive pour au moins cinq des mêmes produits chimiques cancérigènes contenus dans les cigarettes traditionnelles. « Les deux principaux solvants présents dans le e-liquide – le propylène glycol et le glycérol – sont approuvés par la FDA en tant qu’additifs alimentaires à température ambiante, mais lorsqu’ils sont chauffés jusqu’à leur vaporisation, ils peuvent produire des composés cancérigènes », déclare Mark Rubinstein, co-auteur de l’étude et professeur de pédiatrie à l’UCSF. Une étude de 2015 a révélé que ces deux solvants, lorsqu’ils sont vaporisés, peuvent produire du formaldéhyde, un autre cancérogène.

Tout cela aide à dissiper un autre mythe populaire parmi les utilisateurs de cigarette électronique, celui qui veut que le « e-liquide » soit de « qualité alimentaire », et qu’il est donc sûr. « Un produit peut être propre à la consommation et ne pas l’être à l’inhalation », explique David Eaton, professeur de toxicologie à l’université de Washington qui, en 2018, a aidé à produire une étude consensuelle sur la cigarette électronique pour la National Academies of Sciences, Engineering and Medicine.

Rubinstein ajoute que son étude (et beaucoup d’autres) ne s’est penché que sur les composants des cigarettes électroniques que l’on trouve également dans les cigarettes traditionnelles. « Il peut y avoir beaucoup plus de toxines que nous ne connaissons pas, y compris dans les aromatisants et les plastiques où le liquide est stocké », précise-t-il.

Existe-t-il des cigarettes électroniques plus sûres que d’autres ?

Sans doute. Eaton affirme que le type et la quantité d’agents « mutagènes » dans les cigarettes électroniques – c’est-à-dire les substances pouvant causer des mutations génétiques et potentiellement le cancer – peuvent varier considérablement selon le liquide, la puissance de la batterie, les caractéristiques de l’utilisateur (par exemple, avec quelle force il aspire), et d’autres facteurs. « Par exemple, le risque majeur est la production d’aldéhydes comme le formaldéhyde, qui est généralement faible dans les cigarettes électroniques », explique-t-il. « Mais dans certains appareils alimentés par batterie, cette production est alarmante. »

Rubinstein souligne que la production des vaporisateurs stylos et autres appareils à cigarette électronique – ainsi que leurs liquides – est largement non réglementée. « La fabrication de ces produits se fait principalement dans d’autres pays sans surveillance de la FDA, alors qui sait ce qu’il y a dans les plastiques ou dans ces produits chimiques », déplore-t-il.

« Depuis le début, le contrôle de la qualité pose problème avec les cigarettes électroniques », ajoute Erika Sward, porte-parole de l’American Lung Association. Selon elle, le défi qui entoure la cigarette électronique est qu’il y a près de 8 000 produits sur le marché aujourd’hui. « Il n’y a pas de normes de qualité et aucune obligation pour que les niveaux de nicotine soient indiqués sur l’emballage », poursuit-elle.

Contrairement à ce que vous diront les propriétaires de boutiques de vapotage, personne ne peut prédire avec certitude quels risques pour la santé à court ou à long terme peuvent être liés à l’appareil ou au liquide que vous venez d’acheter.

OK, mais les cigarettes électroniques peuvent-elles aider les fumeurs à arrêter ?

Ça reste à prouver.

Le rapport d’Eaton pour la National Academies a conclu que les cigarettes électroniques « peuvent » aider les fumeurs de longue date à se défaire de leur habitude. « On entend beaucoup d’anecdotes positives, mais contrairement aux gommes ou aux patchs à la nicotine, l’efficacité des cigarettes électroniques en tant qu’outil de sevrage demeure incertaine », explique-t-il. « Ce qui est sûr, c’est que si une personne fume du tabac combustible et qu’elle commence à fumer des cigarettes électroniques, mais qu’elle n’arrête pas pour autant de fumer du tabac combustible, les cigarettes électroniques n’apporteront aucun avantage net pour sa santé. »

Une étude publiée la semaine dernière dans la revue Annals of Internal Medicine a révélé que les gros fumeurs qui essayent d’arrêter de fumer à l’aide des cigarettes électroniques sont moins susceptibles de réussir, après six mois, que les fumeurs qui n’utilisent pas de cigarettes électroniques. Il s’agit d’une des nombreuses études montrant que l’utilisation de cigarettes électroniques parallèlement aux cigarettes traditionnelles – plutôt que d’opérer un échange complet à long terme – a peu de chances d’aider les gens à arrêter de fumer.

« Je ne pense pas qu’on devrait abandonner les cigarettes électroniques mais, selon moi, le message de notre étude est que l’usage occasionnel des cigarettes électroniques avec des cigarettes traditionnelles n’entraînera pas l’arrêt », explique Nancy Rigotti, professeure de médecine à la Harvard Medical School et auteure principal de l’étude.

D’autres placent un peu moins d’espoir dans la recherche existante. « Pour la plupart des fumeurs, l’usage de la cigarette électronique rend plus difficile d’arrêter de fumer », explique Glantz de l’UCSF.

Selon lui, il est prouvé que, pour les gros fumeurs de longue date – c’est-à-dire le fumeur de 60 ans qui fume deux paquets par jour et pense qu’il est impossible d’arrêter de fumer –, il pourrait être utile de passer aux cigarettes électroniques. « Mais ce que nous avons découvert, c’est qu’aujourd’hui, il reste très peu de ces gros fumeurs », déclare-t-il. La grande majorité des fumeurs – quelque chose de l’ordre de 95 % – consomment moins d’un paquet par jour. Et donc, pour la plupart d’entre eux, les cigarettes électroniques sont « au mieux, une distraction, au pire, quelque chose qui prolonge une épidémie », poursuit-il.

En fait, il se pourrait même que les cigarettes électroniques alimentent une nouvelle épidémie.

Les cigarettes électroniques rendent-elles accro à la nicotine ?

Le rapport d’Eaton a révélé que les jeunes utilisent davantage les cigarettes électroniques que les adultes et que, mis à part les risques inhérents à l’utilisation des cigarettes électroniques, le vapotage peut augmenter les chances qu’un adolescent ou un jeune adulte commence à fumer des cigarettes traditionnelles.

« Les cigarettes électroniques peuvent aider les jeunes à s’habituer à l’inhalation de nicotine, de sorte que, quand ils prennent une bouffée de cigarette ordinaire, ce n’est pas aussi difficile », explique Eaton.

Et Glantz d’ajouter : « Il peut y avoir un énorme “effet d’escalade” pour ce qui est d’amener les enfants sur le marché de la nicotine – des enfants qui n’auraient sans doute pas commencé à fumer des cigarettes traditionnelles. »

Il souligne que certains parfums de liquides – de la « crème brûlée » au « vomi de licorne » – sont beaucoup plus susceptibles de séduire les adolescents que les adultes qui cherchent à se débarrasser de leur mauvaise habitude.

Même si vous ignorez toutes les preuves reliant les cigarettes électroniques aux métaux toxiques et aux aldéhydes, la nicotine contenue dans le liquide reste mauvaise pour les jeunes. « L’exposition à la nicotine modifie en permanence le développement du cerveau des adolescents, ce qui peut les rendre plus vulnérables à d’autres dépendances », explique Sward.

Et qu’en pensent les experts ?

Les responsables de la santé publique affirment que les parfums de cigarettes électroniques doivent être limités, comme ils le sont pour les cigarettes traditionnelles. (Les cigarettes à base de tabac ne sont vendues que dans des variétés simples ou mentholées.)

« Les parfums de type vomi de licorne ou Fruit Loops ne semblent pas cibler les adultes », déclare Rubinstein. « Je suis choqué de voir que ces parfums sont encore autorisés. »

Enfin, il est temps que les organismes de réglementation cessent de parler des risques liés aux cigarettes électroniques seulement par rapport aux cigarettes traditionnelles. « Les cigarettes sont le produit de consommation le plus meurtrier sur le marché », déclare Sward. Le fait d’être plus sûr que la cigarette, ce n’est pas placer la barre très haut.