Sinmyah Amera Ceasar, une femme de 26 ans originaire de Brooklyn, attend de savoir si elle sera remise en liberté dans le cadre d’un programme de réhabilitation ou si elle passera les prochaines décennies en prison en raison de ses liens présumés avec l’organisation État islamique.
Ceasar a déjà plaidé coupable pour son soutien matériel au groupe terroriste et fait désormais l’objet de poursuites pour obstruction à la justice et communication illégale avec des partisans du groupe après sa mise en liberté sous caution. Elle est aussi accusée d’avoir utilisé le nom de code « Umm Nutella » lors de ses échanges avec les extrémistes.
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Selon le San Francisco Chronicle, Ceasar se serait radicalisée sur Internet il y a trois ans. Elle s’est rapidement tournée vers les réseaux sociaux afin de « [prôner] des messages violents sur Facebook », de mettre en relation les partisans de l’organisation État islamique et des talibans avec les recruteurs du groupe et même de discuter de potentielles attaques aux États-Unis.
Ceasar faisait office « de recruteuse engagée et d’assistante autoproclamée pour les djihadistes », expliquent les procureurs fédéraux dans une note obtenue par NBC News. « L’accusée a également exprimé son désir de se rendre sur le territoire contrôlé par l’organisation État islamique, de rejoindre le groupe et de mourir en martyr. »
En novembre 2016, elle a été arrêtée à l’aéroport John F. Kennedy de New York alors qu’elle essayait de quitter les États-Unis et a été placée en détention provisoire dans un centre de détention de Manhattan. Elle a été libérée sous caution en avril 2018 et a aussitôt repris ses échanges en ligne avec ses amis djihadistes, malgré son interdiction d’utiliser les réseaux sociaux. Elle aurait également effacé un millier de messages sur Facebook. « Je suis Umm Nutella, écrit-elle. Je fais profil bas. Je n’irai plus en prison pour personne. »
D’après les procureurs, elle aurait commencé à utiliser le nom de code Umm Nutella avant son arrestation en 2016 et aurait continué à se désigner elle-même de cette manière après sa sortie de prison. « Caesar a nié à plusieurs reprises – au moins quatre fois au cours de l’interrogatoire – s’être présentée à qui que ce soit sous le nom de Umm Nutella », peut-on lire dans les documents judiciaires cités par le Daily Beast. « Les archives de Facebook montrent que l’accusée s’est identifiée par écrit sous le nom de Umm Nutella à au moins deux personnes, dont une qu’elle a dénoncée au FBI comme étant une partisane du djihadisme. »
Bien que Caesar n’ait pas expliqué les raisons qui l’ont poussée à choisir ce pseudonyme en particulier, les combattants de l’organisation État islamique ont un amour bien documenté du Nutella, allant même jusqu’à partager des mèmes sur le thème de la célèbre pâte à tartiner sur les réseaux sociaux. En 2014, Phillip Smyth, un chercheur de l’université du Maryland qui a étudié le militarisme islamiste chiite, a déclaré au Wall Street Journal que le groupe terroriste planifie ses mèmes à l’avance avant de les poster « dans le cadre d’une stratégie délibérée visant à donner aux Occidentaux une image plus conviviale et familière de l’organisation État islamique ».
Mais il pourrait y avoir une signification encore plus simple : rassurer les recrues potentielles en leur disant que oui, même les extrémistes peuvent avoir leurs Ferrero. Bien que certaines de leurs photos de nourriture soient de la propagande, le but est plutôt de prouver aux gourmets djihadistes que l’État islamique a une abondance de snacks de qualité. « Ou, comme l’a dit un combattant : “Je vais continuer à partager des photos de nourriture jusqu’à ce vous nous rejoigniez”. »
Umm Nutella, quant à elle, risque entre 30 ans d’emprisonnement et la prison à perpétuité.
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