Crime

L’homme qui a tué le lion le plus célèbre du Zimbabwe est un dentiste déjà condamné pour une chasse à l’ours

C’est Walter Palmer, un dentiste américain du Minnesota, qui aurait déboursé près de 55 000 dollars pour chasser et tuer le lion Cecil — qui était depuis 13 ans le félin le plus connu du Zimbabwe et du parc national Hwange. C’est le quotidien britannique The Telegraph, qui révèle l’identité du chasseur, ce mardi soir. La veille, la BBC rapportait que le célèbre lion avait été retrouvé décapité à proximité du parc.

Les chasseurs auraient appâté Cecil en dehors des limites du parc national pour lui tirer dessus avec un arc. Le dentiste aurait exprimé ses “regrets”.

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« Si je comprends bien l’affaire, Walter estime qu’il est possible qu’il ait tiré sur ce lion qu’on appelle Cecil, » a déclaré au Guardian, un porte-parole du dentiste du Minnesota. « Ce qu’il va vous dire, c’est qu’il a les permis nécessaires pour chasser, qu’il avait engagé plusieurs guides professionnels, donc il ne va pas nier le fait qu’il est sans doute la personne qui a tiré sur le lion. »

Suite à la révélation de l’identité du tueur de Cecil, le Minneapolis Star Tribune a publié un article ce mardi, où il est expliqué que Palmer allait remettre en question ce qui a été révélé.

« Évidemment, certaines choses ont été mal interprétées et mal comprises, » déclare Palmer dans le journal local. L’article ne précise cependant pas précisément les éléments que Palmer remet en cause.

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Le Telegraph cite de son côté deux sources anonymes qui ont identifié Palmer comme le tueur de Cecil. L’article propose aussi une copie du permis de chasse du dentiste. Ce mardi, la Zimbabwe Conservation Task Force et la Safari Operators Association of Zimbabwe ont toutes deux identifié Palmer comme le responsable de la mort de Cecil.

Johnny Rodrigues, le directeur de la Zimbabwe Conservation Task Force, a expliqué à VICE News que la flèche tirée avec l’arc de Palmer n’a pas immédiatement tué le lion âgé de 13 ans. Cecil a ensuite été traqué pendant près de 40 heures, avant d’être abattu avec une arme à feu. Il a ensuite été décapité et dépouillé.

« Cecil était une icône, » dit Rodrigues. Sa mort est une « perte inestimable, » d’après lui.

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Les autorités ont été capables de localiser ce qui restait du lion grâce à un collier GPS, que Cecil portait, dans le cadre d’un projet de recherche. L’université d’Oxford cherchait à mesurer l’impact de la chasse en dehors du parc sur la population des lions qui vivent au sein même du parc. Les chasseurs avaient retiré le collier de Cecil, et d’après Rodrigues, ils auraient essayé de le détruire.

L’Association zimbabwéenne des Chasseurs et Guides Professionnels a reconnu que certains de ses membres étaient impliqués dans la traque du lion. L’association note que tuer le lion était légal puisqu’il s’agissait d’un safari privé. Le gouvernement du pays a de son côté déclaré que la chasse du lion Cecil était illégale parce que l’animal vivait dans un parc protégé.

Theo Bronkhorst, le chasseur professionnel qui accompagnait Walter Palmer, a par la suite contacté la Parks and Wildlife Management Authority pour l’informer de la mort du lion, expliquant qu’il s’agissait d’une « erreur ». Bronkhorst a déclaré qu’il ne savait pas que le lion était aussi célèbre.

Bronkhorst et Honest Trymore Ndlovu, le propriétaire de la ferme où Cecil a été tué, vont être amenés à s’expliquer devant la justice, pour braconnage au cours d’un partie de chasse illégale. Ils sont attendus à la barre ce mercredi, d’après un communiqué de la Parks and Wildlife Management Authority.

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« Le chasseur professionnel et le propriétaire du terrain n’avaient pas de permis, ni de quota à remplir pour justifier la chasse du lion. De fait, ils se sont rendus coupables de chasse illégale, » précise le communiqué.

Palmer, qui possède un cabinet de dentiste à Bloomington dans le Minnesota, avait été placé en liberté conditionnelle en 2008, et condamné à une amende de 2 939 dollars, pour avoir tiré sur un ours noir avec un arc, dans le nord de l’État du Wisconsin.

Un article du New-York Times publié en 2009 et consacré au groupe de chasse de Palmer, le Pope & Young Club, explique que Palmer peut « atteindre sans difficulté une carte à jouer à 100 mètres de distance avec son arc à poulie. » Il s’est fait « une réputation de puriste par son refus d’emporter des armes à feu en back-up, » précise l’article. Palmer, désormais âgé de 55 ans chasse depuis ses 5 ans.

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Un chasseur professionnel basé à Madrid, qui a travaillé avec Palmer, le décrit au Telegraph comme un « véritable expert du tir. »

Sur un blog intitulé « Trophy Hunt America, » on peut voir Palmer et ses trophées de chasse notamment une photo où il pose torse-nu avec un cadavre de léopard d’au moins 80 kilos. Sur d’autres clichés, il apparait avec un mouflon canadien ou encore avec un wapiti de Roosevelt (une sorte de cerf).

Le Pope & Young Club déclare être un groupe de chasse « loyal, » c’est à dire qu’ils pratiquent « une poursuite éthique, sportive et légale d’animaux sauvages de telle manière que le chasseur n’est pas avantagé par rapport à l’animal. »

Rodrigues explique à VICE News que la population des lions dans le parc Hwange a chuté de façon dramatique ces dernières années, notamment parce que des gens chassent le lion pour le sport. D’après le magazine National Geographic, 34 des 62 lions recensés par le projet de recherche d’Oxford sont morts, dont 24 des mains de chasseurs. 

La chasse aux trophées est une industrie puissante dans nombre de pays en Afrique. La demande pour les os de lions a aussi récemment progressé en Asie. Ces os sont parfois utilisés à la place d’os de tigres pour fabriquer des remèdes traditionnels.

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Un article de National Geographic publié cette année expliquait que les os sont moulus, portés à ébullition, et mixés à d’autres ingrédients comme des os de chèvre, des herbes — et même de l’opium — pour faire un gâteau d’os de tigres, qui aurait des propriétés médicinales. »

Rodrigues estime que la culture « d’appât du gain et de la corruption » qui règne au Zimbabwe pourrait avoir raison des lions du pays dans les 10 ou 15 prochaines années.

« Ces animaux, nous sommes censés les garder en vie pour les générations futures, » conclue-t-il.

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