Un gendarme tunisien décapité par des terroristes près de la frontière algérienne

Le corps décapité d’un gendarme tunisien enlevé dimanche soir dans la région du Kef, au nord-ouest du pays, a été retrouvé lundi matin dans cette même région, frontalière avec l’Algérie. Cette attaque, qui n’a pour l’instant pas été revendiquée, arrive une semaine après le premier tour de l’élection présidentielle, inédite pour cet ancien protectorat Français du nord de l’Afrique, qui a gagné son indépendance en 1956.

D’après l’Orient le jour, le ministère de l’Intérieur dont les propos ont été rapportés sur des radios tunisiennes a qualifié les hommes armés de « terroristes » et a indiqué que l’officier enlevé n’était apparemment pas en service au moment de son kidnapping. Le scénario serait le suivant : il circulait en voiture avec son frère, lorsque des hommes armés les ont arrêtés avec l’intention de les dépouiller. Ils auraient alors découvert que la victime était un agent des forces de l’ordre, et auraient alors décidé de le kidnapper puis de le décapiter. Le frère lui, est sain et sauf.

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Le média tunisien La Presse identifie ce membre de la Garde nationale comme étant Hassan Soltani. Le corps a été découvert lundi matin à Touiref, à dix kilomètres au nord-ouest de la ville du Kef qui son nom à la région. Toujours selon La Presse, des terroristes islamistes agissant à la frontière algero-tunisienne ont par le passé dressé de faux barrages sur des routes de cette région coté tunisien, pour commettre des exactions. Ils s’y ravitailleraient fréquemment.

Le 5 novembre, Jeune Afrique rapportait que dans la même région du Kef, les terroristes islamistes ont attaqué un bus de l’armée transportant des soldats et leurs familles. L’attaque avait fait cinq morts chez les forces gouvernementales. Le 20 novembre, un terroriste avait été tué à Sidi Bouzid (centre de la Tunisie) par la Garde nationale alors qu’il ravitaillait son groupe en viande.

Une source du ministère de la défense tunisien a confirmé à VICE News que l’armée mène régulièrement des opérations de ratissage dans ces montagnes, pour lutter contre un terrorisme qui « n’a pas de nationalité ». Selon cette source, ces groupes terroristes comptent parmi leurs membres des Libyens, et des Algériens, venus des pays voisins en Tunisie. La même source indique qu’on retrouverait aussi des Syriens venus en Tunisie grossir les rangs des terroristes islamistes. Fin septembre, les Soldats du Califat (un groupe qui a prêté allégeance à l’organisation État islamique) avait revendiqué l’exécution de l’otage français Hervé Gourdel.

Depuis la chute en 2011 en plein printemps arabe du président Zine el-Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, la Tunisie a connu ou déjoué des actes terroristes attribués à des groupes islamistes comme Ansar Al-Chariah, notamment dans la région du nord ouest.

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La date du deuxième tour de l’élection présidentielle n’avait pas encore été fixée lundi, mais doit se tenir avant la fin décembre. Le 23 novembre dernier, les Tunisiens ont voté pour élire leur président, une première depuis l’indépendance du pays de la France. Le président sortant Moncef Marzouki affrontera Béjid Caïd Essebsi arrivé en première position. Ce vétéran de la politique a servi à la fois sous Habib Bourguiba, le père de l’indépendance tunisienne, et sous Ben Ali.

Béjid Caïd Essebsi rassemble avec son parti Nidaa Tounès l’électorat anti-islamiste tunisien. Le candidat de 88 ans ne s’est pas privé au cours de la campagne de souligner les liens de son opposant avec les islamistes d’Ennahda. Le président sortant du gouvernement de transition est accusé par ses détracteurs de ne pas avoir suffisamment réprimé les courants salafistes pendant qu’il était aux affaires.

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Photo via Flickr / Dennis Jarvis