Le président élu Donald Trump vient de nommer David Friedman au poste d’ambassadeur américain en Israël. Cet avocat new-yorkais spécialiste des faillites n’a aucune expérience de la fonction publique ni de la diplomatie.
Dans un communiqué, Trump a dit que Friedman renforcerait « la relation spéciale » qui existe entre les États-Unis et Israël. Trump a ajouté que, en tant que président, il va « s’assurer que les deux pays soient sur la même longueur d’ondes. »
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Cet avocat a été un important conseiller de Trump pendant la campagne présidentielle. Il est également à la tête d’une organisation américaine à but non-lucratif qui a levé des millions de dollars pour une école religieuse à Beit El — une colonie à l’est de la ville palestinienne de Ramallah, où des heurts avec des soldats israéliens ont éclaté par le passé. Friedman avait qualifié le président Obama d’antisémite et avait demandé à Donald Trump, pendant la campagne américaine, de soutenir l’annexion de la Cisjordanie par l’État hébreu.
Traduction de la déclaration de Friedman : « Je suis profondément honoré et touché par la confiance que le président élu Trump m’accorde pour représenter les États-Unis comme son ambassadeur à Israël, a dit M. Friedman. J’ai l’intention d’oeuvrer sans cesse pour renforcer le lien inviolable entre nos deux pays et faire avancer la paix dans la région, et j’ai hâte de le faire depuis l’ambassade américaine à la capitale éternelle d’Israël, Jérusalem. » (Sauf que l’ambassade américaine est installée à Tel-Aviv, la capitale internationale du pays.)
Le choix de ce fervent partisan des colonies israéliennes en Cisjordanie est controversé. Avec l’arrivée de Friedman à ce poste, on peut imaginer que la politique américaine concernant Israël risque de pencher vers la droite de l’échiquier politique. Tous les présidents récents des États-Unis a critiqué la construction des colonies, les qualifiant d’obstacles pour tout accord de paix entre l’État hébreu et la Palestine. Nombre de pays du monde considèrent que ces constructions sont illicites selon le droit international.
Dans un communiqué, Oded Revivi, l’émissaire spécial du Yesha Council — un collectif qui représente les colonies israéliennes —, a déclaré que Friedman entretient « un grand amour pour tout le territoire et le peuple d’Israël, dont ceux de Judée et de Samarie. » Ces deux régions sont les termes bibliques de la Cisjordanie.
La Republican Jewish Coalition a également salué le choix de Friedman, car cela renforcerait les liens entre les États-Unis et Israël, selon ce groupe. Ses membres ont ajouté qu’ils avaient hâte que l’ambassade américaine quitte Tel Aviv pour Jérusalem, une promesse que Trump a répété plusieurs fois pendant la campagne.
Si cela se fait, ce déménagement déclencherait la colère des Palestiniens ainsi que celle de nombreux autres pays du Moyen-Orient. Car le statut de Jérusalem, ville sacrée pour les trois principales religions monothéistes, reste en suspens. Tant les Israéliens que les Palestiniens revendiquent la ville en tant que capitale. En 1967, suite à la guerre des Six jours, Israël a conquis l’est de cette ville. Le pays contrôlait déjà sa partie ouest depuis sa naissance, en 1948. En 1980, l’État hébreu a déclaré qu’il en faisait sa capitale. Toutefois, la plupart de la communauté internationale — les États-Unis inclus — n’a jamais reconnu cette décision. Cela pourrait changer si l’ambassade quittait Tel Aviv pour gagner la ville sainte.
Les groupes juifs proches de la gauche américaine ont vite condamné la nomination de Friedman et ont promis de combattre cette nomination — que le Sénat doit encore valider. « Cette nomination est imprudente. Elle met en péril la réputation des États-Unis dans la région et sa crédibilité dans le monde », a déclaré dans un communiqué J Street, un groupe pro-Israël proche de la gauche. L’avocat new-yorkais avait déjà provoqué l’ire de J Street en estimant qu’ils étaient « pires que des kapos » — le nom donné aux prisonniers juifs qui surveillaient les autres détenus dans les camps de la mort — car le groupe prônait une solution à deux États pour régler le conflit israélo-palestinien.
Des experts palestiniens se sont aussi opposés à la nomination de Friedman. « Avec Donald Trump, on doit s’attendre à du neuf et à de l’extrême », nous a dit Yousef Munayyer, directeur exécutif du groupe US Campaign for Palestinian Rights. Selon lui, Trump a été élu par un parti républicain qui « refuse d’admettre que l’occupation est une réalité et qui ne pense pas que les colonies soient un problème. »
Maintenant « vous avez un ambassadeur qui pense comme le reste du parti, » estime Munayyer. « Il s’agit d’un bouleversement radical. »
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