Quatre personnes âgées de 16 à 23 ans— dont un ancien militaire — ont été placées en garde à vue, ce lundi 13 juillet, suspectées d’avoir eu pour projet un attentat contre une base militaire du sud de la France. Elles ont été interpellées dans les Bouches-du-Rhône, le Rhône et les Yvelines, par la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), le 13 juillet à l’aube. C’est ce qu’a annoncé mercredi soir, Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur français, après que le président de la République a évoqué l’affaire plus tôt dans la journée.
Selon les informations du journal Le Monde, le plus jeune d’entre eux, un mineur de 16 ans, a vu sa garde à vue levée — en raison de son âge, il aurait été écarté du projet d’attentat par les 3 autres suspects.
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Plusieurs médias français révèlent, ce jeudi, le contenu du projet tel qu’ils l’auraient confié aux policiers lors de leurs auditions en garde à vue. D’après la radio France Info, ils souhaitaient s’introduire sur la base militaire de Port-Vendres (près de Perpignan dans les Pyrénées orientales), installée dans le fort Béar, pour kidnapper et décapiter un haut gradé de l’armée. L’acte aurait été filmé par les moyens d’une caméra Go Pro, puis diffusé sur Internet. La base de Port-Vendres sert de centre national d’entraînement des commandos de l’armée française.
Les individus étaient surveillés depuis plusieurs mois, une enquête préliminaire pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme » a été ouverte le 23 juin dernier. Les autorités auraient précipité les interpellations pour les mettre hors d’état de nuire lors du 14 juillet — la fête nationale en France, où les militaires (cibles présumées des suspects) sont mis à l’honneur.
L’annonce de ces mises en garde à vue s’est faite également dans une certaine précipitation. Elle était prévue pour ce vendredi, mais le président de la République a accéléré le rythme lors d’un déplacement à Marseille mercredi. Il a évoqué l’affaire en début de soirée devant des journalistes : « Cette semaine, nous avons prévenu des actes terroristes, qui auraient pu être produits, » a déclaré le président.
Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur français — en plein pot de départ du préfet de police de Paris, Bernard Boucault — a appris la nouvelle et a organisé un point presse en urgence pour préciser les propos du président de la République.
Le ministre a alors annoncé que le « principal instigateur » de ce projet d’attentat est âgé de 17 ans et avait été repéré « pour son activisme sur les réseaux sociaux et dans le relationnel de djihadistes français aujourd’hui incarcérés. » Le jeune homme avait aussi des « velléités de départ en Syrie, » ce qui lui avait valu un entretien administratif à la DGSI en octobre dernier.
Après cet entretien, l’individu a été mis sur écoute ce qui a permis de remonter jusqu’à deux autres complices encore en garde à vue, dont un militaire réformé de la marine française qui était justement basé à Port-Vendres avant de quitter l’armée. Le troisième complice, un individu radicalisé de 19 ans, avait été repéré à cause de ses liens avec la mouvance radicale.
La chaîne d’information iTélé a révélé ce jeudi midi, que l’ancien militaire était matelot première classe. Il aurait été réformé de l’armée en 2015. Selon des informations du journal Le Monde, l’ancien militaire avait quitté la marine pour des raisons médicales, et non à cause d’une radicalisation.
Lors de son allocution traditionnelle du 14 juillet, François Hollande a assuré que le dispositif de surveillance des lieux publics français dans le cadre du plan Vigipirate allait « durer […] tout au long de ces prochains mois » et ne serait pas abandonné avant la fin de l’année. Près de 10 000 militaires sont actuellement déployés en France pour assurer la surveillance du territoire, suite aux attaques de la rédaction de Charlie Hebdo et de l’épicerie Hyper Cacher début janvier à Paris.
Suivez Pierre Longeray sur Twitter : @PLongeray
Image par Etienne Rouillon/VICE News