Véhicule de l’ONU dans les rues de Port-au-Prince après le tremblement de terre de 2010.
De violentes manifestations dans une ville du nord-est de Haïti, près de la frontière avec la République Dominicaine, ont causé la mort d’un soldat des Nations Unies ce lundi. Le véhicule du sergent chilien Rodrigo Andrès Sanhueza Soto, 35 ans, a été pris pour cible par des manifestants dans la ville de Ouanaminthe. Ces derniers demandaient un meilleur approvisionnement en électricité, dans un pays où l’énergie est rare, et les coupures de courant, fréquentes. Le Premier ministre Evans Paul avait promis que la ville serait alimentée en électricité 24 heures sur 24 avant le 5 avril, une promesse qui n’a pas été tenue.
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Le média local AlterPresse rapporte que lors de la manifestation des barricades ont été élevées par des manifestants qui ont été dispersés par les forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogène. Une douzaine de personnes aurait été arrêtée, et un policier haïtien blessé.
Dans le communiqué publié ce lundi par la Mission des Nations Unies pour Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Sandra Honoré, la Représentante spéciale auprès du Secrétaire général de l’ONU, a appelé au calme, rappelant les échéances politiques qui attendent le pays : « La Mission continue d’exhorter tous les parties prenantes en Haïti, la société civile, les dirigeants politiques, religieux et communautaires à travailler sans relâche contre la violence sous toutes ses formes. Au moment où Haïti entre dans la période électorale 2015, un climat de paix est dans l’intérêt de tous et de toutes », peut-on lire.
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La question électorale agite le pays depuis plusieurs mois. Michel Martelly, actuel président, a été élu le 14 mai 2011. Sous son mandat, un nouveau calendrier électoral devait être fixé. Il a été sans cesse repoussé pendant trois ans, faute de dialogue entre le président en exercice et l’opposition. Ces reports successifs ont provoqué de violentes manifestations à travers le pays, notamment à la fin de 2014 et au début de l’année 2015. Au mois de janvier, le mandat des sénateurs et des députés haïtiens a expiré, le président Michel Martelly, un ancien chanteur de carnaval, gouverne alors par décret. Ce qui, ajouté à l’absence de date fixée pour les élections attendues, menaçait d’aggraver la crise politique, avec des craintes de violences dans les rues. Finalement un Conseil électoral provisoire a été mis sur pied. Il y a un mois, il a enfin fixé les dates du prochain calendrier électoral. Les élections législatives auront lieu le 9 août prochain, et le scrutin présidentiel, le 27 décembre 2015.
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En décembre 2014, des Haïtiens qui manifestaient dans la capitale de Port-au-Prince ont affronté la police et des casques bleus, alors qu’ils défendaient le palais national. La présence des casques bleus en Haïti est mal perçue par une partie de la population, depuis que des soldats de l’ONU ont été impliqués dans une épidémie de choléra qui a fait plus de 9 000 morts depuis 2010.
Les casques bleus face à des manifestants haïtiens début décembre 2014
Le Conseil de sécurité de l’ONU a présenté ses condoléances à la famille de la victime, et a déclaré qu’une enquête serait ouverte concernant ce meurtre. Le Chili fait partie de la MINUSTAH depuis les débuts des travaux de la mission en Haïti en 2004. Ils ont pour but d’installer un État de droit dans le pays.
La mission de l’ONU a commencé à réduire ses effectifs, qui soutiennent les forces de sécurité du pays, qui ne compte que 12 000 policiers pour 10 millions d’habitants. Le nombre de casques bleus devrait avoir baissé de moitié d’ici le mois de juillet 2015. Le gouvernement craint que cette réduction soit synonyme d’une hausse de l’insécurité dans le pays à l’approche des élections, qui ont toutes été marquées par des épisodes violents depuis la chute du dictateur Jean-Claude Duvalier en 1986.
Suivez Mélodie Bouchaud sur Twitter @meloboucho
Véhicule de l’ONU dans les rues de Port-au-Prince après le tremblement de terre de 2010.
Photo via Wikimmedia / EscombrosBelAir5.jpg : Marcello Casal Jr/ABr