Cet article vous est présenté par LIFE RIDE.
À la fin de l’année scolaire 1997, comme des milliers d’autres étudiants français, Hervé André-Benoît préparait son diplôme de fin d’étude. Pour lui, ça consistait en l’organisation d’un événement consacré aux sports extrêmes et notamment à la planche à voile, dans la charmante station balnéaire de Palavas-les-Flots. Au fil des ans, son “diplôme” a pris de l’ampleur et s’est délocalisé à quelques kilomètres dans les terres, à Montpellier. Aujourd’hui, le Festival International des Sports Extrêmes (FISE) draine chaque année près de 600 000 spectateurs, qui viennent découvrir la crème des riders de tous poils et s’initier à l’univers protéiforme de la glisse. On s’est demandé comment la ville de Montpellier se préparait à accueillir un événement d’une telle ampleur et on a même trouvé quelques réponses.
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La semaine qui précède l’événement, on sent que les choses bougent sur les berges du Lez, la rivière qui traverse Montpellier. Des pelleteuses remuent de la terre pendant que des tonnes de matériel, d’échafaudages et de plaques de bois sont entreposées au bord de l’eau : les hérons et les cormorans, que les joggeurs matinaux croisent habituellement, ont déserté pour de bon ce coin de nature situé à quelques minutes à pied du centre-ville. Les nouveaux venus s’interrogent sur la raison des travaux mais les locaux le savent : c’est l’heure de la grande messe des sports extrêmes. Pendant cinq jours, du 4 au 8 mai, Montpellier va devenir le théâtre du FISE. Des centaines de milliers d’amateurs de glisse, des familles, des sportifs, mais aussi des simples curieux, vont défiler au milieu des tentes des sponsors, se poser sur les grands plans inclinés pour admirer les meilleurs riders de BMX, un échantillon de l’élite du skateboard européen ou des trottinetteurs amateurs avides de reconnaissance.
Pour Eric Moulin, ancien pisteur-secouriste et désormais média manager du FISE, l’étape montpelliéraine, « c’est devenu un événement mythique, qui attire de plus en plus les gens ». Un succès qu’on doit notamment à « un soutien inconditionnel des collectivités », qui supportent l’événement « sans interruption et avec de plus en plus d’engouement ». Il explique : « Quand on fait l’inauguration, on voit le maire de Montpellier qui met la casquette à l’envers et qui monte sur un vélo pour dire que Montpellier est une ville de rider et que le maire est aussi un rider ! Voilà son approche ! » Et en effet, avec des subventions s’élevant à près de 500 000 euros de la part de Montpellier et de l’agglo, et à 350 000 euros pour la région Languedoc-Roussillon en 2014, on est tenté de dire que Montpellier est une « ville de riders » ! D’ailleurs, pour Eric Moulin, l’esprit du FISE se fait sentir bien avant que l’événement ne commence à squatter le quartier d’Antigone et les rives du Lez. Quelques semaines avant, « on commence à voir des riders apparaître en ville, assure-t-il. Ils commencent à sortir les vélos, ça skate un peu partout sur les trottoirs, parce que les gens viennent en amont, pour s’installer, pour avoir le temps de revoir leurs copains… On sent l’énergie qui monte ! »
VICE Sports était au FISE et ça se passe ici.
Et effectivement : lors de l’installation du park de BMX, on peut voir une poignée de riders profiter des courbes pendant que les ouvriers prennent leur pose. Sandwich en main sur les gradins fraîchement montés, ils témoignent de la finalité de leur boulot. « Le park de BMX, c’est des gens qui travaillent à l’année pour Hurricane Action Sport(l’entreprise qui organise le FISE, ndlr). Ces gars-là sont tous issus du BMX : ces parks ils les rident, donc on sait très bien que ça va fonctionner », explique Eric Moulin. Pour lui, c’est d’ailleurs là que réside le succès du FISE : « c’est un événement qui prend parce que c’est fait par les riders, pour les riders », assène ce pro de la com’. Il se réjouit par ailleurs qu’il existe d’autres événements de ce genre dans le monde, notamment les X-Games, car « ça crédibilise les disciplines qui sont notre passion et ça permet à tous les jeunes de pratiquer, et de faire comprendre aux élus des villes que ce sont des disciplines importantes, qu’il faut créer des parks, qu’il faut laisser des infrastructures pour ces disciplines et ne pas les marginaliser, parce qu’elles véhiculent de très bonnes valeurs. »
Une déclaration qui fera plaisir à Ben Bello. « Il faut vraiment que la ville prenne conscience qu’il faut un nouveau skatepark à Montpellier. C’est pas possible d’avoir un événement de sport freestyle aussi gros et d’avoir un skatepark de ce niveau-là. Gramont, c’est obsolète depuis 10 ans, au moins — le béton du donut est craquelé, le park en bois à côté est nul… », soupire le rédac-chef de Soul, le magazine de référence du BMX en France, qui file un coup de main pour les relations presse lors du FISE. Malgré ça, ce Montpelliérain d’adoption reconnaît que l’événement a favorisé l’émergence d’une scène locale de bon niveau. Quand on lui demande si le FISE a fait émerger des riders, il s’enthousiasme : « Ah ouais, c’est indéniable : il y a plein de riders à Montpellier, pour une ville qui n’est pas si grosse que ça. Il y a un bon niveau global de riders de parks dans le coin, même s’il y a pas de gros parks. Il y a notamment un mec qui s’appelle Anthony Jeanjean, qui a 19 ans et qui est un peu la révélation française du park et il vient de la région en plus. »
Tombé par hasard sur le député-judoka Patrick Vignal, je lui ai donc demandé pourquoi l’agglomération n’avait pas encore de skatepark au niveau, qui permettrait à la scène locale de se développer à l’année et de faire de Montpellier une ville rider-friendly plus d’une semaine par an. Pour lui, cela ne saurait tarder et, en effet, on voit mal comment la ville pourra rester un partenaire crédible du FISE sans proposer aux locaux des structures dignes de ce nom. Car d’après Eric Moulin, pour l’instant, les skateshops et les scènes locales « soutiennent » le FISE : « certains sont partenaires » rappelle-t-il, car c’est « la grande fête des sports extrêmes ». Mais pour combien de temps encore ?