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Une interview du mec qui a transformé “Doom” en “No Man’s Sky”

Robert Prest n’a toujours pas acheté No Man’s Sky, mais d’une certaine façon, il y a déjà joué. Ces trois dernières semaines, il a passé l’essentiel de son temps libre à bâtir une version du jeu d’exploration spatiale de Hello Games à l’intérieur de Doom, sorti en 1993.

Ouais ouais, ce Doom-là.

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Ma motivation principale, c’était juste de voir si j’y arriverais“, avoue Prest.

Il n’a pas encore choisi de nom pour son mod, hésitant entre No Guy’s Sky et Doom Guy’s Sky (personnellement, je vote pour le second choix). Le mod n’est pas simplement esthétique ; Doom Guy’s Sky tente de reproduire les caractéristiques principales de No Man’s Sky, allant jusqu’à appliquer des algorithmes de génération aléatoire aux créatures et aux planètes rencontrées par le joueur. Il est même possible d’exploiter des ressources pour alimenter votre vaisseau en carburant et se promener de planète en planète. Les créatures que vous croisez possèdent également des langages aléatoires.

Le fonctionnement de l’algorithme de No Man’s Sky est un peu un mystère, mais Prest a tenté d’expliquer sa méthode du mieux possible.

L’algorithme est très basique, c’est incroyable, dit-il. À chaque saut dans l’espace que vous effectuez, il élève ou abaisse certaines régions sur les planètes que vous croisez. Chaque planète a aussi un niveau des eaux de base, ajusté à un niveau aléatoire. Tous les trous et les crevasses situés en-dessous de ce niveau sont remplis d’eau. Le jeu définit ensuite des types d’arbres et de végétation en fonction de ce niveau, et les place à des endroits au hasard. Idem pour l’herbe et les cailloux. Il modifie enfin la couleur, la texture du sol, du ciel, le contraste, il crée des créatures au hasard, et tout cela est fait le temps que vous arriviez sur la planète et que vous vous y posiez.

Le résultat de cet algorithme, c’est une planète qui ressemble à ça :


Ou à ça :


Étant donné que Prest n’a jamais joué à No Man’s Sky, son mod est basé entièrement sur les trailers du jeu. Quand il montrait les premières versions du mod à des amis ou des collègues, ceux-ci devaient le corriger en lui expliquant comment les choses fonctionnaient réellement dans le jeu. Il a même pris le temps de lancer une petite pique aux développeurs de No Man’s Sky au sujet des réactions des joueurs dans les semaines qui ont suivi la sortie du jeu.

Ne vous inquiétez pas, les patches vont arranger tout ça“, dit un message quand on quitte le mod.

Au départ, Doom Guy’s Sky ne devait être qu’un simple projet sur trois jours, mais à l’instar du jeu dont il s’inspire, dont le développement a au final pris plusieurs années, Prest s’est retrouvé à travailler sur son mod pendant plus de trois semaines. Il s’est appuyé sur ses travaux précédents sur Doom, qu’il a déjà par le passé tenté de transformer en l’un des jeux les plus populaires des cinq dernières années, DayZ. Prest travaille d’ailleurs toujours sur DoomZ à l’heure actuelle.

“J’espère qu’ils [Hello Games] ne vont pas me faire un procès. J’espère que ça les fera marrer autant que moi. Et pitié, pas de procès.

Faire des jeux n’est pas le vrai job de Robert Prest ; il gère le réseau d’un FAI. Quand il était petit, il passait son temps libre à bâtir des niveaux de Doom, mais il a abandonné le jeu pendant plus de dix ans avant d’y revenir, attiré par l’idée – absurde – de reproduire DayZ dans Doom.

Je suis libre de faire ce que je veux, que ça intéresse les autres ou non, et du coup je m’éclate, dit-il. Plusieurs de mes amis développent des jeux, et je suis leur travail de près, avec fierté – ça doit être génial d’avoir ton nom sur un vrai jeu. Ce serait cool de travailler là-dedans, mais je me sentirais mal à l’idée de gagner de l’argent avec les jeux, ça rendrait tout moins fun je pense.”

Si Prest a choisi Doom comme terrain de jeu, plutôt que des moteurs de jeu plus modernes comme Unity ou Unreal Engine 4, c’est précisément parce que les limites technologiques l’obligent à se montrer créatif pour résoudre les problèmes auxquels il est confronté. Évidemment, il est bien aidé par le fait que les outils des moddeurs de Doom ont continué à évoluer depuis la sortie du jeu il y a plus de deux décennies, permettant ainsi aux codeurs amateurs de se montrer ambitieux.

Au final, Doom Guy’s Sky, comme DoomZ, n’existe que pour le fun, et c’est précisément ce que veut Prest.

J’espère qu’ils [Hello Games] ne vont pas me faire un procès, dit-il. J’espère que ça les fera marrer autant que moi. Et pitié, pas de procès.”

Vous pouvez d’ores et déjà télécharger Doom Guy’s Sky sur le site de Robert Prest.