Culture

Une manicure USB qui fout des datas aux bouts de vos ongles

Si vous voulez savoir ce que ça fait d’être un vrai cyber-cowboy, un body-hacker mais que les implants et l’idée être défiguré à vie vous rebutent, alors il est temps pour vous de vous faire une bonne mani-pédi. Si, si, vous m’avez bien lu, mais pas n’importe où, évidemment, avec les artistes Aram Bartholl et Nadja Buttendorf, qui s’occuperont de transformer le bout de vos doigts en clés USB. Le projet s’appelle Post-Snowden Nails et comme nous l’explique Bartholl, « c’est comme un superpouvoir d’avoir toutes ces datas aux bouts des doigts. J’ai déjà fait des expériences avec des câbles, on sent un peu les datas sortir de soit, c’est assez chouette comme sensation. »

Ce projet n’est qu’un fragment de Nail Art Residency, une résidence initiée par Buttendord dans laquelle elle invite des artistes à s’approprier le médium de la manucure. « Le Nail Art est un phénomène de masse, j’ai donc commencé à inviter des artistes à travailler sur une réflexion plus conceptuelle de ce nouveau médium. Utiliser les ongles comme espace de création. » nous explique Buttendorf. 

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« Le titre est une référence à un moment post-Snowden, où la population est plus consciente des questions de sécurité en ligne. » nous explique Bartholl. La pose des « ongles 2.0 » est un peu sommaire, puisqu’on vous fout de la superglue entre vos doigts et des cartes SD. Il ne vous suffit plus qu’à vous brancher dans des adaptateurs USB. « Coller des cartes SD, ce n’est pas très dur, ce qui demande un peu de réflexion, c’est de savoir quoi mettre et sur quel doigt. » Par exemple, son majeur, possède 7Go de virus. Alors que son petit doigt 62Go de Wikipedia. 

Alors oui, le projet peut faire sourire, mais derrière ça, il y a une vraie volonté de faire réfléchir. Dans le manifeste du projet, Bartholl explique s’être appuyé sur The Radical Tactics of The Offline Library, une vidéo d’Henry Warwick, illustre professeur en Media et Communication. Dans cette vidéo, il décrit comment la structure d’internet a changé de façon à rendre tout plus instable : « Beaucoup de gens dans les années 90 pensaient qu’internet se comprenait via l’enseignement rhizomatique (un concept philosophique imaginé par Deleuze et Felix Guattari). Dans cette façon d’appréhender les choses, les obstacles sont évités et les erreurs dans le système doivent être annihilées. Depuis quelques années, on voit se développer le contraire. Internet n’est plus rhizomatique mais arboretic. Quelque chose qui peut être coupé, hacké, tué. L’online est devenu précaire et le offline est résilient.» 

Avec ce moyen de partager des datas offline, Barholl, à sa façon, contribue à préserver un internet rhizomatic. 

Pour en découvrir davantage, rendez-vous sur le site de la Nail Art Residency ainsi que sur le blog de Aram Bartholl.