#NonAlaSélection. Depuis quelques jours, le hashtag fait florès sur les réseaux sociaux. En cause : le projet de réforme de l’université qui sera débattu au Sénat ces mercredi 7 et jeudi 8 février. La contestation a commencé à gronder dès mise janvier, avec la mise en place de ParcoursSup, le nouveau système d’attribution des places en fac. À Rennes, Toulouse, Nantes, Lille, Poitiers, Nice et Paris, des universités ont été bloquées et plusieurs manifestations ont eu lieu pour dénoncer la mise en place d’un procédé de sélection des candidats. À Paris, celle du 1 er février a réuni près de 20 000 personnes.
Le terme « sélection » n’est pas inscrit noir sur blanc dans la loi mais ses opposants l’assurent : le gouvernement le met en place de façon déguisée. Concrètement, chaque filière peut fixer des « attendus », des prérequis qui permettraient de classer les bacheliers – et donc, in fine, de les départager. Si leurs profils ne correspondent pas, ils devront suivre une remise à niveau et pourront se voir refuser l’accès en cas de forte affluence. Effectivement, ça ressemble bien à un mécanisme de sélection qui ne dit pas son nom.
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« Les titulaires d’un Bac Techno ou d’un Bac Pro pourront se voit refuser l’accès à une filière où les « attendus » sont calqués sur les compétences du Bac général », dénonce ainsi Lilâ Le Bas, président de l’UNEF. Le syndicat étudiant appelle ainsi à la mobilisation maximale pour lutter contre une réforme qui risque de « creuser les inégalités territoriales et sociales ».
Côté politique aussi, la contestation s’organise. La France Insoumise a ainsi changé au tout dernier moment le thème du premier cours de son « école ». Samedi 2 février, il n’a finalement pas été question de « philosophie politique » comme le prévoyait le programme originel. Au lendemain de la première manifestation étudiante, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon a dégainé son « Monsieur Éducation », Paul Vannier, pour répondre à « l’inquiétude des lycéens » et leur « besoin pressant » d’informations. « La loi Vidal supprime l’interdiction de la sélection à l’université », a balancé Paul Vannier dans son cours magistral, avant de prédire la création d’une « université à deux vitesses, entre les filières sélectives et les filières poubelles ».
Face à ces accusations, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche joue les ingénus : « je ne sais pas quoi vous dire… à part que ça n’est pas vrai », nous a-t-on répondu. Et le ministère de mettre en avant la création de 22 000 places supplémentaires dans les universités. Ce qui ne sera pas suffisant pour accueillir les 40 000 bacheliers de plus attendus à la fin de l’année scolaire 2018. S’il manque des places, il faudra bien sélectionner. CQFD.
En attendant que le ministère ait au moins la décence de la franchise, les sénateurs de droite, eux, n’hésitent pas à aller beaucoup plus loin. Un amendement, proposé par les Républicains, ouvre carrément la voie à un « numerus clausus », fixé par l’État en fonction des besoins du marché du travail… Une véritable provocation puisqu’un tel projet porte clairement atteinte aux principes fondateurs de l’université française. Si cet amendement a peu de chance d’être adopté, une chose est sûre : les débats au Sénat promettent d’être explosif – et la contestation dans la rue, aussi. Les souvenirs du mouvement contre la Loi Travail sont encore dans toutes les têtes : et le président Macron, instigateur de la loi à l’époque, en sait pourtant quelque chose.