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Les marchands d'armes font leur promo tranquille sur Instagram

Aux États-Unis, certains comptes montrent clairement que leur but est la vente d'armes dans leur bio.
Les marchands d'armes font leur promo tranquille sur Instagram
Image: Shutterstock / Composition: Jason Koebler

Aux États-Unis, les vendeurs d'armes se servent d'Instagram pour faire la promotion de leurs produits en dépit du fait que le réseau social a interdit le commerce d'arme à feux entre utilisateurs en 2016, révèle une enquête de Motherboard.

Certains comptes montrent clairement que leur but est la vente d'armes dans leur bio comme dans leurs publications, mais encouragent les client potentiels à sortir d'Instagram pour mener la transaction via des canaux de communication plus sûrs. Motherboard a pu consulter un document interne de Facebook, le propriétaire d'Instagram, dans lequel le réseau social dévoile sa politique vis-à-vis des armes à feu et produits apparentés.

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L'enquête de Motherboard rappelle que l'interdiction claire d'un type de contenu par un réseau social n'est pas toujours suivie d'effets. En effet, l'application des interdictions de ce genre est un problème unique et souvent coriace, même après un changement de politique.

Contacté par Motherboard, un marchand d'armes établi sur Instagram a lancé les négociations via l'application de messagerie chiffrée Wickr.

Facebook a interdit les ventes d'armes à feu sur sa propre plateforme et sur Instagram en 2016, après avoir fait l'objet de critiques pour son laxisme à leur égard.

« L'achat, la vente ou l'échange d'armes à feu, de munitions et d'explosifs entre individus sont interdits sur Facebook » indique le centre d'aide de Facebook. Aux États-Unis, les armureries ont la permission de vendre des armes sur le réseau social tant qu'elles respectent la loi.

Le document Facebook obtenu par Motherboard est utilisé pour former les modérateurs de contenu de la plateforme. Il indique que les pièces d'armes à feu comme les crosses, canons, barillets, poignées, queues de détente ou chargeurs avec munitions sont interdit à la vente entre particuliers. Les armes à plomb, les armes d'airsoft et les pistolets de détresse sont également interdits à la vente entre particuliers. Facebook défend aussi la vente et la distribution d'armes imprimées en 3D ou d'instructions d'impression pour ces dernières, indique le document. Facebook a déclaré que des dispositions similaires s'appliquaient à Instagram.

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L'un des comptes inspectés par Motherboard demandait à ses clients éventuels de ne pas envoyer de message direct sur le réseau social, et de passer par WhatsApp, Snapchat ou Wickr. Un autre compte de vente d'armes envoyait vers WhatsApp et Wickr.

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Une partie du document obtenu par Motherboard listant les composants d'arme à feu interdits par Facebook. Image : Motherboard

Après avoir ajouté le premier vendeur d'armes sur Wickr, Motherboard a pu constater par son image de profil qu'il proposait également de la drogue — Xanax, cannabis et pilules non-identifiées. Wickr est de plus en plus populaire parmi les dealers.

Pour des raisons légales, Motherboard n'a pas essayé d'acheter d'arme à l'un ou l'autre des vendeurs.

Ces deux comptes violent les termes d'utilisation de Facebook. Aucun ne semble représenter une armurerie légitime. Motherboard a fourni leurs liens à un porte-parole de Facebook afin de fournir le contexte nécessaire à une déclaration précise. Les comptes ont été mis hors-ligne peu de temps après.

« Nous n'autorisons pas la vente d'armes à feu entre particuliers sur Facebook et Instagram — cela concerne également les armes imprimées en 3D et les informations concernant leur manufacture », affirme un porte-parole de Facebook et Instagram dans un mail adressé à Motherboard. « Nos équipes travaillent à l'identification et la suppression de ces contenus où qu'ils se trouvent. Motherboard a récemment attiré notre attention sur une poignée de comptes contrevenant à ces règles — [ces comptes] sont désormais supprimés. »

Les comptes Instagram dont deux parties ou plus enfreignent les règles d'utilisation de la plateforme peuvent être désactivées, indiquent des documents internes de Facebook obtenus l'année dernière par Motherboard. Les comptes dont l'archive contient au moins 30% d'images et vidéos contrevenant aux règles d'Instagram encourent eux aussi la désactivation. Si le compte incriminé ne contient rien, ajoutent les documents, Instagram peut choisir de le désactiver pour un élément interdit.

Les deux comptes décrits dans cet article contenaient chacun deux éléments susceptibles de justifier leur suppression. Les deux noms d'utilisateur et bio mentionnaient ouvertement la vente d'armes à feu. Le deuxième compte contenait plusieurs images d'armes.

Facebook affirme qu'il supprime les contenus qui lui sont signalés par les utilisateurs. L'entreprise assure également qu'elle s'est doté de méthodes d'identification proactives des contenus enfreignant ses règles d'utilisation en novembre 2018.

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