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FRANCE

Une enquête lancée sur les différences de prix à Disneyland Paris

La Commission européenne a annoncé, ce mardi, avoir lancé une enquête sur le parc d’attractions, qui facturerait davantage ses clients étrangers, ce qui est interdit dans l’UE et que le parc dément formellement.
Pierre Longeray
Paris, FR
Minnie au parc d'attractions Disneyland Paris. (Photo via Flickr / Denise Cross Photography)

La Commission européenne a annoncé, ce mardi, avoir lancé une enquête sur l'entreprise Disneyland Paris sur des différences de prix sur ses séjours dans le parc d'attractions. L'objet de l'enquête est de savoir si la compagnie fait payer plus cher certains touristes étrangers. D'autres entreprises comme Amazon et des chaînes d'hôtels espagnoles sont aussi sous le coup d'une enquête de la Commission européenne pour des faits similaires de distorsion de concurrence, un cheval de bataille du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

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« Nous examinons actuellement un certain nombre de plaintes, dont un grand nombre portées contre Disneyland Paris », a déclaré, ce mardi soir, à l'AFP une porte-parole de la Commission. La plupart de ces plaintes proviennent d'Italie, du Royaume-Uni et d'Allemagne. Contacté par VICE News, ce mercredi après-midi, un porte-parole de Disneyland Paris dément formellement une telle pratique, et indique que l'entreprise « n'a pas reçu de lettre de la part la Commission, » lui stipulant le début d'une enquête.

Le journal britannique Financial Times indiquait en fin de journée mardi, que les résidents allemands et britanniques seraient les principaux visés par des pratiques tarifaires désavantageuses de Disneyland Paris. Ce qu'appelle le quotidien anglais, un « pack premium, » (le porte-parole du parc d'attraction parisien nous a déclaré qu'il ne voyait pas ce à quoi l'article faisait référence par ce terme) coûte 1 346 euros sur le site français de réservation de Disneyland d'après le journal— contre 1 870 euros sur sa déclinaison anglaise et 2 447 euros sur le site allemand. Le quotidien britannique ne précise pas comment ces estimations ont été calculées ou si les prix ont été lissés sur l'année.

FT exclusive: Disneyland Paris faces Brussels probe— Financial Times (@FT)July 29, 2015

Le site d'information britannique BT a fait le même test pour les pass — sans la réservation d'hôtel. Pour 2 adultes et 2 enfants, une journée à Disneyland Paris vous coûterait 45 euros de plus si vous commandez les tickets sur le site britannique et non sur le site français.

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« Nous ne pratiquons pas de géoblocking [imposer un prix en fonction de votre localisation], ni de rétention d'information. Vous pouvez réserver des pass et une chambre d'hôtel sur le site anglais depuis la France et vice-versa, » nous explique le porte-parole de Disneyland Paris. Ce mercredi après-midi, une mention de la possibilité de visiter le site de Disneyland Paris dans une autre langue — donc avec d'autres prix — était affichée en haut de la page d'accueil du site Internet du parc d'attraction.

Capture d'écran de la page d'accueil du site Internet de Disneyland Paris.

À lire : La France, le pays du tourisme, pas sympa avec les touristes

« Ces pratiques sont discriminatoires, puisque les différences de prix [pratiquées par Disneyland Paris] entre les pays ne sont pas basées sur des raisons objectives, » explique à VICE News, ce mercredi après-midi, Johannes Kleis, porte-parole du Bureau Européen des Unions de Consommateurs (BEUC), basé à Bruxelles.

« Il existe des raisons objectives d'observer des différences de prix entre pays : par exemple, si les frais de livraison sont plus chers dans un pays, alors il est possible de pratiquer des écarts tarifaires. Il se peut aussi que la TVA ne soit pas la même dans deux pays pour un bien ou service. Dans ces deux cas, les différences de prix sont autorisées, » continue Kleis.

Elzbieta Bienkowska, la Commissaire européenne chargée du marché unique, a déclaré au Financial Times ce mardi, « C'est le moment qu'on aille au bout des choses. Je suis impatiente d'entendre leurs réponses et explications. Pour le moment, j'ai du mal à voir quelle justification objective il pourrait y avoir pour de telles pratiques. »

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Le porte-parole du site touristique le plus visité de France nous indique que les différences de prix s'expliquent par « des périodes de vacances et de réservation qui diffèrent en fonction des pays. » Il indique que Disneyland Paris « doit gérer 53 calendriers scolaires différents » et que certains pays réservent plus tôt que d'autres, ce qui expliquerait les différences tarifaires. « Au Royaume-Uni, les gens réservent leur séjour [à Disneyland Paris] 6 mois à l'avance, alors qu'en France, ils s'y prennent en règle générale 3 mois à l'avance. » D'après le porte-parole, ces différences de prix sont légales puisqu'elles sont basées sur des « éléments factuels » — à savoir les périodes de vacances et de réservations.

La Commission européenne, présidée par Jean-Claude Juncker depuis novembre dernier, s'est « massivement investie pour s'assurer qu'il n'y a pas de distorsions de concurrence entre pays de l'UE, notamment dans le cadre du e-commerce, » explique Kleis. « L'objectif [de la Commission européenne] est de faire tomber toutes les barrières nationales pour assurer un véritable marché unique, que ce soit dans le monde réel ou digital. »

Il revient à la France de s'assurer que Disneyland Paris respecte bien les règles européennes. La Commission devrait avoir pris contact avec les autorités françaises afin de travailler sur ce dossier, d'après le site de l'hebdomadaire Le Point.

L'année passée, des loueurs de voitures avaient été mis en garde par la Commission européenne, alors qu'ils pratiquaient des prix différents en fonction du pays où vous réserviez le véhicule — et non pas le pays où vous alliez l'utiliser.

Suivez Pierre Longeray sur Twitter : @PLongeray

Minnie au parc d'attractions Disneyland Paris. (Photo via Flickr / Denise Cross Photography)