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FRANCE

Des gâteaux jugés racistes sont retirés de la vitrine d’un pâtissier

Le tribunal administratif de Nice a estimé que ces deux gâteaux étaient un « affront à la dignité humaine ».
Image via le CRAN

Le tribunal administratif de Nice a ordonné au pâtissier de la ville voisine de Grasse de retirer les gâteaux au chocolat « racistes » de sa vitrine, jugeant qu'ils représentaient une atteinte à « la dignité humaine et particulièrement à celle des personnes africaines ou d'ascendance africaine. »

Les pâtisseries en question, baptisées « Dieu » et « Déesse » représentent une femme et un homme en chocolat, obèses, avec organes sexuels protubérants, et d'autres « caricatures négrières, obscènes et injurieuses qui puisent dans la vieille tradition du racisme colonial, » selon les termes du CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France).

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La controverse a commencé début mars, quand une cliente indignée a alerté le CRAN.

L'association a immédiatement demandé, dans un communiqué de presse, que les pâtisseries pompeusement nommées soient retirées, au motif que les gâteaux « tournent en ridicule les religions africaines en présentant ces divinités sous un jour grotesque, » et que c'était un retour à une vision coloniale rappelant celle de Tintin au Congo, « l'obscénité en plus ». Le CRAN a également relevé que la boutique du pâtissier Yannick Tavolaro était à proximité d'écoles, et ont exprimé leur inquiétude de voir que le pâtissier est aussi le président du club de football local, qui regroupe « de nombreux enfants d'origines diverses ».

D'après Nice-Matin, suite au communiqué du CRAN, les clients se sont rués dans la boutique pour goûter des pâtisseries « enrobées d'une couche de chocolat craquant, » et « garnies d'une épaisse mousse au chocolat ».

La requête du CRAN n'ayant pas été satisfaite, l'association a alerté le maire, et a rédigé une pétition pour la « protection des libertés fondamentales ».

Ce jeudi, la justice a interdit au pâtissier d'exposer ses gâteaux, qui ne sont produits que les week-end, dans la vitrine des « Délices de Grasse », sa pâtisserie. Yannick Tavolaro peut en revanche continuer à vendre ses spécialités, le tribunal estimant que leur créateur n'avait pas de « volonté malveillante ».

La justice a également ordonné au maire UMP Jérôme Viaud de faire respecter immédiatement cette interdiction d'exposition, sous peine d'une astreinte de 500 euros par jour de retard. La commune devra également verser la somme de 1 000 euros au CRAN.

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Dans un communiqué publié à la suite de la décision de justice, le président du CRAN Louis-Georges Tin a salué cette décision. « Le racisme anti-noir n'est pas un problème de Noirs. C'est bel et bien une atteinte à la dignité de la personne humaine en général, » peut-on lire.

Louis-Georges Tin a accusé que le maire d'être coupable au même titre que le pâtissier. Le CRAN a également stipulé qu'il se réservait le droit de poursuivre le pâtissier pour « incitation à la haine raciale » si les gâteaux n'étaient pas retirés.

Dans un entretien au Parisien début mars, le pâtissier a déclaré ne pas comprendre la polémique. « Ce n'est pas nouveau. Je fais ces pâtisseries depuis 15 ans et il y en a dans mes trois magasins, » dit-il.

Tavolaro a déclaré que le choix du chocolat noir était « techniquement indispensable pour modéliser ces figurines » et porte plainte contre le CRAN pour diffamation.

Ce n'est pas la première fois qu'une pâtisserie en France est interpellée pour des gâteaux à caractères racistes et/ou véhiculant des stéréotypes coloniaux. En septembre 2014, une pâtisserie d'Auxerre a été obligée de changer le nom de deux gâteaux, « Bamboula » et « Negro », après une plainte du CRAN et de l'association Sortir du Colonialisme.

Image via le CRAN