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FRANCE

Percuté par un train près du tunnel sous la Manche, un jeune migrant meurt

Il s’agit du onzième décès d’un migrant à proximité du site d’Eurotunnel depuis la fin juin. Cet événement survient après une semaine tendue dans la ville de Calais, où les policiers ont évacué des campements de migrants dans le centre-ville.
Pierre Longeray
Paris, FR
?Des migrants se rassemblent près de l'entrée de l'Eurotunnel à Calais, qui relie la France à l'Angleterre. (Photo par Frederick Paxton / VICE News)

VICE News regroupe ses articles sur la crise migratoire mondiale sur son blog « Migrants »

Un jeune migrant est mort, dans la nuit de mercredi à jeudi, aux abords de l'entrée française du tunnel sous la Manche, près de la ville de Calais. Il a été percuté par une navette ferroviaire, qui transportait des poids lourds, sur les coups de 2h00 du matin (heure locale), a annoncé ce jeudi la préfecture du Pas-de-Calais. Il s'agit du onzième migrant tué à proximité du site d'Eurotunnel, depuis le 26 juin dernier.

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Cet événement survient dans un contexte particulièrement tendu dans la ville portuaire du nord de la France. On estime que plus de 4 000 migrants, candidats à la traversée illégale de la Manche se sont installés dans la région. Ils essaient de rejoindre l'Angleterre par via les bateaux qui quittent le port de Calais ou le tunnel sous la Manche par lequel passent des trains de fret, des navettes de transport de véhicules, ou de transport de personnes comme l'Eurostar.

« À leur arrivée, les secours ont constaté la découverte d'un migrant décédé de type africain, mineur. Une enquête est en cours, » a déclaré à l'AFP, ce jeudi matin, un représentant de la préfecture du département. La personne décédée serait de nationalité érythréenne ou soudanaise. Le train venait d'Angleterre et a percuté le mineur en faisant « une boucle en sortant du tunnel » côté français, précise un porte-parole d'Eurotunnel. La compagnie en charge de l'exploitation du site rappelle que » toute tentative de traverser la Manche illégalement comporte des risques considérables. »

Fin août, Eurotunnel annonçait avoir observé une baisse sensible du nombre de tentatives d'intrusion dans le tunnel. En juillet, la compagnie avait dénombré près de 2 000 tentatives par nuit — ce qui avait motivé d'importants travaux pour protéger l'accès à l'entrée du tunnel. Ce mois-ci, entre 100 et 200 tentatives seraient recensées par nuit, toujours d'après Eurotunnel. La semaine dernière, un migrant d'origine syrienne est mort électrocuté près de l'entrée du tunnel.

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À lire : Calais : Les migrants tentent désespérément de passer par le tunnel sous la Manche

Évacuations musclées dans le centre-ville de Calais

À Calais, la semaine avait commencé par l'évacuation musclée, ce lundi, de quatre campements de fortune du centre-ville, occupés par près de 400 personnes — principalement des migrants syriens ou venus d'Afrique.

Évacuation d'un des 4 campements du centre-ville calaisien ce lundi.

La police française a tiré du gaz lacrymogène contre les migrants qui ne souhaitaient pas quitter leur campement de fortune. Trois activistes du mouvement « No Border » ont aussi été arrêtés par la police ce jour-là. Un des 4 campements, principalement occupé par des Érythréens, a même été rasé par des bulldozers.

La police pulvérise du gaz lacrymogène contre des réfugiés syriens qui ne veulent pas quitter leur campement du centre-ville. (Source : The Guardian)

Condamnés à la Jungle

La préfecture, citée par le journal La Croix, explique que tout « campement illégal » dans Calais sera « évacué ». Les autorités souhaiteraient que les migrants soient uniquement installés dans la « Jungle » — le camp à ciel ouvert de la ville de Calais, où vivent près de 3 000 personnes. Mais les réfugiés évacués ce lundi par la police ne voulaient pas s'y installer, à cause de l'insécurité qui y règne, d'après un représentant de l'association Médecins du Monde, cité par l'AFP.

Toujours ce lundi, la police aurait démoli des tentes et les affaires de migrants, à l'intérieur même de la Jungle selon des personnes sur place. Des passeports de migrants auraient aussi été détruits lors de cette opération. Interrogée ce jeudi par VICE News, la préfecture du Pas-de-Calais nous répond que « toutes les évacuations ont été faites sur des terrains privés », et non pas sur le terrain de la Jungle. La Préfecture insiste sur la légalité des évacuations opérées en début de semaine. Pour ce qui est de l'intervention dans la Jungle, on nous explique qu'il y a pu avoir confusion de la part des témoins avec l'évacuation de tentes en bordure extérieure de la Jungle.

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In — Leigh Daynes (@LeighDOTW)September 21, 2015

Ainsi, dès le lendemain, des migrants et la police se sont affrontés, mais cette fois-ci à l'entrée de la Jungle. Sur cette vidéo de l'association Care4Calais qui vient en aide aux migrants, on voit la police lancer du gaz lacrymogène en direction des migrants stationnés à l'entrée du camp. Les affrontements de ce mardi entre les migrants et la police seraient dus aux évictions des camps de la veille, forçant les migrants à s'installer dans la Jungle, selon un bénévole interrogé par la chaîne de télévision britannique ITV.

Affrontements entre la police et des migrants à l'entrée de la Jungle ce mardi. (Source : Care4Calais)

La dégradation de la situation observée en début de semaine a poussé la présidente du Secours catholique, Véronique Fayet — très engagée à Calais — à critiquer vivement les autorités françaises dans une vidéo postée mardi sur YouTube. Les autorités obligent les migrants de Calais à vivre dans la Jungle, « un ghetto où la mafia règne et où la prostitution est à l'œuvre, » d'après la représentante de l'association.

Le Premier ministre français, Manuel Valls, avait promis à la fin août, la construction d'un camp de tentes pouvant accueillir 1 500 personnes à Calais — soit seulement la moitié des migrants présents dans la Jungle. « Alors que nous allons entrer dans le cœur de l'hiver, » Véronique Fayet se dit toujours sans nouvelles de ce projet de camp.

Suivez Pierre Longeray sur Twitter : @PLongeray