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Football

Ballon d’Or : Pourquoi on ne sera pas devant la télé ce soir

Le titre de meilleur footballer 2017 sera remis aujourd’hui à l’occasion d’une soirée aussi palpitante que celle de Miss France. Cette fois, c’est décidé : ce sera sans nous.

Et c’est parti pour la grande kermesse du foot. La 62 ème cérémonie du ballon d’Or a lieu ce soir et disons le franchement : on s’en fout. D’ailleurs, qui, parmi les vrais amateurs de ballon rond, regarde encore cette soirée de gala où des millionnaires en costumes italiens s’auto-congratulent en souriant autant que des Miss France en maillot de bain ?

Clairement, le manque de suspens a tué le game. Un coup d’œil aux derniers palmarès suffit à s’en convaincre : depuis neuf ans, le Portugais Ronaldo et son grand rival, l’Argentin Leo Messi, font une brésilienne avec ce ballon plongé dans un bain d’or. Et cette année, on va tous chanter un bis repetita… La seule surprise, c’est l’identité du troisième – la place du con il faut bien l’avouer – qui change presque tous les ans : Fernand Torres, Xavi, Andrés Iniesta, Manuel Neuer, Neymar, Antoine Griezmann…

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Cristiano Ronaldo reçoit son ballon d'Or 2014 sous les yeux de Sepp Blatter l'ancien sulfureux président de la FIFA. Photo : Ruben Sprich/Reuters

Sans compter que ce trophée récompense moins les poids lourds sportifs que… publicitaires : Ronaldo et Messi, qui se tirent la bourre tous les week-ends sur les pelouses espagnoles, sous les couleurs du Real Madrid pour l’un et au FC Barcelone pour l’autre, sont aussi de véritables marques. Et en termes d’image et d’influence, la jolie photo avec le ballon doré, qui sera reprise par les médias du monde entier, vaut (elle aussi) son pesant d’or. Évidemment, il n’est pas question de remettre en cause leurs qualités footballistiques – on est comme tout le monde, on les adore ! – mais, franchement, où sont les autres ?

Car derrière les têtes de gondole, il y a tellement d’autres joueurs qui mériteraient d’être mis en lumière parce qu’ils se débrouillent bien sur le terrain, qu’ils sont décisifs et vecteurs d’émotions. Hélas, ils n’ont pas les faveurs du jury. On pense particulièrement à Andrès Iniesta. Ou, mieux encore, à Wesley Sneijder qui, en 2010 sous les couleurs de l’Inter Milan, sortait d’une saison hallucinante : vainqueur de la Ligue des champions, du championnat italien, de la coupe d’Italie, vice-champion du monde avec les Pays-Bas et co-meilleur buteur de la Coupe du monde. Le meneur de jeu néerlandais, aujourd'hui joueur de Nice, a terminé à la quatrième place derrière Messi, champion d’Espagne cette saison, Iniesta et Xavi tous deux champions du monde. Pourquoi ? Aucune idée, il faudrait demander aux collèges de votants, à savoir des journalistes sportifs du monde entier… dont on n’a pas la chance de faire partie !

Léo Messi, le 16 janvier 2013 sur la pelouse du Nou Camp, portant son quatrième ballon d'Or, le consacrant meilleur joueur du monde lors de la saison 2012. Photo : Albert Gea/Reuters

Plus généralement, le ballon d’Or honore un homme et non un collectif. Or, le foot n’est pas un sport individuel. Il est bien sûr normal de rendre hommage à ceux qui font trembler les filets, électrisent les foules et battent des records. Mais quand même : pourquoi les gardiens de but ou les défenseurs, voire de simples milieux de terrain, ne sont-ils pas récompensés ? Ils initient les actions et c’est tout aussi important que de les conclure. Et même s’ils n’empilent pas les buts, ils contribuent à façonner les succès de leurs équipes. Les défenseurs Matthias Sammer et Fabio Cannavaro, respectivement vainqueurs en 1996 et 2006, doivent se sentir bien seuls au milieu de tous ces joueurs offensifs. Et Gianluigi Buffon n’aurait-il pas mérité au moins une fois de poser en couverture du plus reconnu magazine de football ? Si vous avez la réponse n’hésitez pas…

Pour toutes ces raisons, ce soir, on ne sera pas devant la télé.