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Une journaliste mohawk soutient que la police de Montréal l’a forcée à acheter pour 1500 $ de costumes offensants

Jessica Deer est sans doute aujourd'hui la propriétaire de la plus grande collection de costumes sur le thème des autochtones dans le grand Montréal.
Photo : Jessica Deer

Vendredi dernier, Jessica Deer a affirmé que la police de Montréal lui a fait un ultimatum : acheter pour 1500 $ de costumes d'Halloween au thème des autochtones ou être accusée de méfait public.

La journaliste mohawk d'Eastern Door, un journal de Kahnawake, et membre du forum Kahnawake Youth a sorti sa carte de crédit. Elle est sans doute aujourd'hui la propriétaire de la plus grande collection de costumes sur le thème des autochtones dans le grand Montréal.

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Elle se trouvait avec deux autres membres du forum dans une boutique de costumes et de décoration de la rue Sainte-Catherine à Montréal. Ensemble, ils ont décidé de dénoncer le détournement culturel en apposant des autocollants sur des costumes qu'ils jugeaient offensants : tomahawks en plastique, coiffes en plumes, pipes et costumes « inspirés des autochtones » avec des noms comme « Princesse indienne sexy », « Bisous eskimos », « Royauté de la réserve ». Leur autocollant disait : « Nous ne sommes pas des costumes. »

« Nous étions là depuis à peu près cinq minutes quand le gérant nous a vus et a paniqué. On a essayé de lui expliquer, mais il ne nous écoutait pas. Il a tout de suite appelé les policiers », raconte Jessica Deer.

Selon elle, cinq policiers sont vite arrivés sur les lieux et leur ont demandé de décliner leur identité. « Ils nous ont lu nos droits et nous ont dit que nous serions arrêtés pour vandalisme, que nous n'avions pas le droit de quitter la boutique », a poursuivi la journaliste en entrevue avec VICE. « Je ne considère pas que c'est du vandalisme. Les autocollants s'enlèvent aussi facilement qu'on les colle. »

Photo : Jessica Deer

Elle ajoute qu'on lui a donné deux options : acheter tous les costumes qui, selon le gérant, étaient détériorés ou être accusée de méfait. Elle a proposé d'enlever les autocollants, mais les policiers ne voulaient rien entendre. Ils ont aussi refusé de s'adresser à elle en anglais, même si elle a protesté qu'elle ne comprenait pas bien tout ce qu'ils disaient en français.

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Stéphane Lavoie, un étudiant en journalisme à l'université Concordia, a filmé le tout pour un projet scolaire. Il soutient par contre qu'un des policiers a exigé qu'il lui rende sa caméra sous peine d'être accusé d'avoir collaboré à un acte criminel. Selon Lavoie, le policier a alors supprimé le fichier en question avant de lui remettre l'appareil.

VICE a communiqué avec le service de relations médias du SPVM pour obtenir leurs commentaires et vérifier s'ils avaient la même version des faits, mais n'a pas obtenu de réponse.

« C'est un peu ridicule quand on y pense : le SPVM peut "détériorer" des propriétés publiques avec ses autocollants… des uniformes, des postes de police, des véhicules de patrouille. Ils sont tous couverts d'autocollant de protestation, observe-t-elle. Mais ma protestation, c'est du vandalisme? »

Photo : Jessica Deer

Le lendemain, ils sont retournés à la boutique avec leur reçu et ont essayé d'obtenir un remboursement, sans succès.

Que compte-t-elle faire avec les costumes?

« Je pense que je vais les offrir au forum Youth ou à Missing Justice, et ensemble on les donnera à des artistes locaux. On verra ce qu'ils en feront. »