Comment sortir avec quelqu’un qui ne sait pas gérer son argent

Regardons les choses en face. Si vous êtes jeune, vous avez sans doute un rapport compliqué avec l'argent. Mais comme nous tous, après tout. Vous avez un salaire de misère, le concept d'épargne vous est complètement étranger, et vous ne serez sans doute jamais propriétaire. Financièrement, nous sommes tous plus ou moins complètement baisés.

Mais certaines personnes ont encore plus de problèmes avec l'argent, qu'il s'agisse de leur montagne de dettes à payer ou des huissiers qui frappent régulièrement à leur porte. Alors que les montants empruntés par les étudiants français continuent de grimper, que certains d'entre eux sont contraints de rester chez leurs parents plutôt que de prendre leur indépendance, nombreux sont ceux qui se retrouvent dans un bourbier financier avant même d'être adulte.

Ces gens n'attendent pas de crever dans leur coin, quelqu'un doit bien sortir avec eux. Mais que faire quand on découvre que son partenaire est complètement fauché et accessoirement redevable de quelques milliers d'euros à l'État ? On a discuté avec des gens qui ont eu un rencard, une relation – ou qui se sont même mariés – avec ceux qui ont de sérieux problèmes d'argent afin d'en savoir plus sur la question.

On est sorti ensemble pendant 18 mois, entre nos 17 et nos 18 ans. À cette époque, il était censé travailler comme boucher le samedi matin. Mais il n'y est presque jamais allé. Et même lorsqu'il s'y rendait, il était régulièrement sous LSD. De mon côté, je gagnais 200 euros par mois en bossant le week-end (j'étais encore en terminale), et je dépensais à peu près la totalité de cette somme dans des raves.

Comme la plupart de ses collègues, il a commencé à dealer pour se faire un peu de fric – mais il consommait plus de drogue qu'il n'en vendait. Il ne faisait donc aucun profit et aggravait même ses dettes. Il a touché le fond quelques jours avant Noël. Alors que j'étais chez mes grands-parents, il m'a appelé en pleurs parce qu'il devait plus de 500 euros à un dealer relativement dangereux. Il avait préféré ignorer ce problème pendant un mois. Au final, il est venu passer les fêtes avec ma famille, car sa mère lui avait dit qu'elle ne voulait pas qu'il gâche leur Noël. Je suis certaine que le dealer en question savait où il habitait – ce qui signifiait qu'il mettait aussi ses trois petits frères et sœurs en danger.

Pendant plusieurs semaines, il a aussi volé la carte de crédit de son père alcoolique Je ne sais pas combien il a dépensé avec, mais il m'a acheté des boucles d'oreilles assez chères (et que je possédais déjà), emmenée en week-end et acheté un peu de weed pour l'occasion. J'ai tout accepté sans broncher – principalement parce que j'avais l'impression qu'il me devait bien ça après toute la merde qu'il m'avait fait subir.

Lors de notre premier rendez-vous, il m'a caché le fait qu'il était endetté jusqu'au cou. Il avait un style de vie très extravagant en apparence : il m'emmenait dîner au restaurant, conduisait des voitures de sport et habitait dans un appartement très sympa. Mais tout ça n'était qu'une façade.

On s'est marié quand il m'a demandé de quitter mon boulot pour fonder une boîte avec lui. Je n'étais pas prête à faire ça avec une personne qui n'était pas pleinement engagée avec moi. Du coup, il m'a demandé : « Dans ce cas, veux-tu m'épouser ? » C'était la demande en mariage la moins romantique de tous les temps.

Lors de notre lune de miel, nous avons parlé argent et il a admis qu'il avait une dette de 40 000 euros. À cette époque, j'avais économisé assez d'argent pendant 10 ans pour constituer un apport de 40 000 euros – pure coïncidence. Quand je me suis mariée avec lui, mon épargne a automatiquement épongé sa dette – parce que ce qui est à moi est à nous, ce genre de trucs.

Une fois mariée, j'ai paniqué et réalisé que je ne pouvais plus rien me permettre. Mais il continuait de dépenser de l'argent que nous n'avions absolument pas. Je me souviens très clairement d'un moment où j'avais besoin de thunes pour acheter à manger à nos deux enfants. Alors qu'il était de sortie, j'ai pioché dans le bocal où nous mettions tous les deux notre monnaie, histoire d'acheter du lait et du pain.

Quand je lui en ai parlé, il est devenu très agressif. De plus, il était constamment dans le déni quand on parlait d'argent. Il était persuadé d'avoir le droit de vivre au-dessus de ses moyens, et de s'adonner au style de vie qu'il estimait mériter. Lors de notre divorce, j'ai obtenu la moitié de la valeur de la maison – mais tout est parti dans notre taxe d'habitation et nos dettes bancaires.

On s'est rencontré grâce à un ami en commun, alors que j'avais 19 ou 20 ans. Je suis sorti avec elle pendant trois ans et demi. Il était évident dès le départ qu'elle avait un problème avec l'argent. Disons qu'elle avait l'air de vivre très confortablement, alors qu'elle n'avait pas de travail fixe.

Elle dépensait chaque centime de ses salaires occasionnels dans des fringues. Ensuite, elle vivait à mon crochet le reste du mois. Elle a aussi contracté des prêts à mon nom. Plusieurs fois, sans mon consentement. Elle l'a même fait après notre rupture, sans jamais me rembourser. Je ne m'en suis rendu compte qu'en voyant un tas de lettres de relance arriver chez moi. Bien sûr, je n'ai jamais été remboursé.

Était-elle au courant de son problème avec l'argent ? Oui. A-t-elle fait quelque chose pour s'en occuper ? Non. Les milliers d'euros de dettes qu'elle a accumulés n'étaient rien pour elle. Dès qu'elle touchait un salaire, elle dépensait tout de nouveau.

Je l'ai rencontré à une soirée lors de ma première année de fac, et les choses sont rapidement devenues sérieuses. Notre relation a duré près de quatre ans. Durant la seconde partie de notre relation, alors que j'étais un peu plus âgée et que j'avais enfin un vrai boulot, j'ai réalisé à quel point il avait un problème.

Lors de nos rencards, nous allions au restaurant puis à des concerts, sans jamais vraiment flamber pour autant. Il ne payait que très rarement pour moi (ce qui n'est pas un problème) mais lorsqu'il le faisait, ça devenait très vite gênant. Il était toujours stressé par l'argent que je lui devais. Il gardait même une note dans son téléphone où il résumait exactement ce que je lui avais emprunté et combien exactement.

Très souvent, il venait piquer des trucs dans mon frigo, sans jamais me proposer de faire les courses. On passait nos journées ensemble, et c'est vite devenu une habitude chez lui. Ça a fini par vraiment m'emmerder – ce n'était pas parce que j'étais à l'école et que mes parents me payaient ma nourriture qu'ils avaient à le nourrir aussi.

Tout ça ne l'empêchait pas de claquer du fric inutilement. À chaque fois que nous allions faire du shopping, je devais l'attendre des heures le temps qu'il choisisse ses fringues. Ensuite, il sortait avec une pile énorme de vêtements neufs. À une époque, il a bossé chez Urban Outfitters et Whole Foods, et il revenait tous les soirs avec quelque chose pour lui, ou pour moi. Un truc « qu'il devait absolument acheter ».

Je ne pense pas qu'il avait conscience de ses problèmes, mais si c'était le cas, il ne les considérait pas comme tels. Il était partisan du moindre effort, dans tous les aspects de sa vie.

Il m'a dragué sur Twitter, et nous sommes ensemble depuis neuf mois. Il était en freelance quand je l'ai rencontré, et j'étais dans la même position – il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'on galère tous les deux. Puis il a fini par décrocher un travail salarié plutôt bien payé, mais rien n'a changé.

Une fois, j'ai dû me rendre à son bureau avec du liquide parce qu'il n'avait pas de quoi rentrer à la maison. Il venait de claquer tout ce qu'il lui restait dans un enterrement de vie de garçon. Je lui ai payé des tickets de métro et donné de l'argent pour qu'il s'achète de la nourriture, avant de réaliser quelques heures plus tard qu'il avait tout dépensé pour se bourrer la gueule à la vodka, seul dans une allée sombre. Je lui ai parlé de ce problème plusieurs fois, sans qu'il ne s'excuse. Je me demandais souvent pourquoi il galérait autant alors que son loyer n'était pas cher et qu'il gagnait désormais bien sa vie, mais il n'avait pas l'air enclin à me répondre.

Quelques mois plus tard, j'ai appris qu'il avait dû signer un contrat qui l'interdisait de demander de l'argent à son ex, mais je n'en sais toujours pas plus. Il a beau admettre qu'il n'a pas d'argent, il ne m'a jamais expliqué pourquoi. Je ne sais pas trop si c'est dû à ses histoires avec son ex, ou si son problème avec l'alcool est plus sérieux que ce qu'il laisse suggérer. Mais je trouve toujours ça étrange de voir qu'il est en mesure de partir en vacances, sans jamais pouvoir s'offrir une bière quand il est avec moi.

@bijubelinky