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Le Price Tagging, ou l'aile droite de l'extrême-droite israélienne

Une coalition de taggers un peu particuliers.

Une voiture victime du Price Tagging

Pas sûr que vous soyez au courant, mais en gros depuis que les colons israéliens sont arrivés en Cisjordanie il y a un peu plus de soixante ans, il y a des problèmes entre eux et la population palestinienne. Ces dernières années ont vu naître un nouveau genre d'antagonisme : celui d'une milice d'auto défense connue sous le nom de « Price Tagging » (« étiquetage », en français). Menée par quelques milliers d'extrémistes juifs orthodoxes, organisés en petits groupuscules, les activités du Price Tagging vont de la projection de cailloux sur les maisons et les véhicules palestiniens aux incendies criminels, tout ça agrémenté de quelques meurtres occasionnels. (En fait, si vous trouvez un tag « Price Tagged » devant chez vous, c'est qu'une bande d'enfoirés d'extrême-droite vient juste de passer par là.)

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Des colons en train de jouer aux gros durs

Au début, les actions du Price Tagging se résumaient à des représailles contre les Palestiniens ou les autorités locales – les Forces de Défense Israéliennes, en l'occurrence – qui détruisaient les colonies juives illégales de Cisjordanie. Mais, depuis que la Palestine a été accueillie dans la cour des grands à l'UNESCO, en octobre dernier, les Price Taggers ont laissé tomber leur politique d'« oeil pour oeil, dent pour dent » et l'ont remplacée par un approche plus offensive : ils attaquent désormais les mosquées, les bases de l'armée, et plus généralement, les civils innocents.

Les Price Taggers ont même commencé à s’embrouiller entre eux et à se retourner contre les Israéliens de gauche qui dénonçaient l'occupation illégale, en les menaçant d'exercer contre eux une « justice » punitive. En novembre dernier, Hagit Ofran, membre du groupe de pression pacifiste Peace Now, s'est retrouvé avec des swastikas, des menaces de morts et les noms des colonies récemment désertées taggés sur sa maison et sa voiture. Une semaine plus tard, une alerte à la bombe était signalée au siège de Peace Now. Une équipe de déminage est intervenue, alors que le monde entier entrevoyait déjà la possibilité d'une fin de la guerre civile la plus tristement célèbre de l'histoire contemporaine.

Une confrontation entre les Forces de Défense Israéliennes et les Price Taggers

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Paul Usiskin est le président de Peace Now UK. Lui aussi a reçu des menaces de mort de la part d'anonymes pas si anonymes que ça. À ses yeux, la série d’attaques des Price Taggers contre son propre camp vient d'abord des chamailleries habituelles entre Israéliens et Palestiniens. « Bien-sûr, vous savez que les colons considèrent que la Cisjordanie est leur territoire et que, par conséquent, ils peuvent en faire ce qu’ils veulent. »

« Pourtant, les attaques du Price Tag contre les activistes de gauches auxquelles on assiste aujourd’hui ne sont jamais vraiment condamnées par le gouvernement. Israël traverse actuellement une période de grands changements politiques et la Knesset [l'assemblée législative du gouvernement israélien] n’a pas de véritable parti de gauche, ni même de parti à tendance de gauche. Être catégorisé « gaucho » peut simplement anéantir votre carrière politique. Du coup, il n’y a personne pour se dresser contre les colons. »

Un rassemblement de colons

Petite question ; les Price Taggers sont-ils parfois punis pour leurs actes ?

« Pas vraiment. Beaucoup d’officiers de la police locale et de l’autorité civile qui enquêtent sur les attaques du Price Tagging sont eux-mêmes liés au mouvement ou à des membres de la communauté des colons. S’ils les accusent, ils sont en proie à de terribles représailles. »

Que ce soit pour défendre leur propre sécurité ou leurs opinions politiques, les officiers des Forces de Défense Israéliennes sont connus pour leur inaction face aux attaques des colons envers les Palestiniens – quand bien sûr, ils n’y participent pas. Activestill, le collectif d’activistes et photographes juifs qui nous a fourni les photos pour cet article, a été de ce genre d’événements à Hebron, sur le site de la « Disputed House » (« maison disputée »), l’une des anciennes maisons cisjordanienne prise de force par les israéliens.

Les attaques du Price Tagging se sont multipliées en 2011 et aucun signe ne laisse présumer un quelconque ralentissement des activités du mouvement. En réalité, la situation va probablement empirer suite à l’intégration de la Palestine au sein de l’UNESCO, premier pas vers une reconnaissance en tant que pays indépendant, et qui rendrait de fait les colonies israéliennes illégales.

Un colon armé s’approche de Palestiniennes