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Life

Une interview du mec qui ne s’est pas masturbé pendant 100 jours

Rory Patrick s'est lancé le pire des défis, et il l’a réussi.
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Le 5 avril dernier, Rory Patrick a annoncé sur Twitter qu'il se lançait le défi de ne pas se branler pendait 100 jours. Le hashtag#Rory100 a vite fait son apparition. Des amis et des fans anonymes se sont mis à lui envoyer des messages de soutien, de respect mais aussi de compassion. Dès que j'ai entendu parler de l'histoire de ce mec, je me suis demandée si j'étais capable de faire un tel truc. Ma réponse fut sans appel : non, bien sûr que non, personne n'a assez de couilles pour faire ça.

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Le plus étonnant, c'est que l'idée absurde de Rory a fait des émules. Ils se sont eux-mêmes appelés les Nofappers – « ceux qui ne se branlent pas » dans la langue de Molière. Cette communauté composée dans une grande majorité de mecs a pris l'histoire très au sérieux. Selon Nofap.org, les raisons de cette abstinence sont nombreuses mais l'objectif est toujours le même : faire de vous un être meilleur. Certains veulent également se débarrasser de leur addiction au porno. Tous prétendent sortir grandis de cette expérience, avec une « plus grande maîtrise d'eux-mêmes ».

« De nombreux nofappers ont retrouvé une certaine joie de vivre et s'épanouissent davantage dans leur vie sexuelle et sociale », nous rappelle le site Nofap. Le mouvement a pris tant d'ampleur que ces activistes du sevrage masturbatoire possède aujourd'hui leur propre jargon, une novlangue absurde dont le point d'orgue est « PMO », pour Porno-Masturbation-Orgasme, « aussi liés l'un à l'autre qu'un Happy Meal à son jouet ».

L'idée à l'origine de cette vague anti-masturbation aurait germé d'un sujet Reddit intitulé « Aujourd'hui j'ai appris », dans lequel un type a publié une étude statistique affirmant que les hommes qui ne se masturbent pas pendant 7 jours augmentent leur taux de testostérone de plus de 45%.

Chose étonnante, Rory Patrick n'avait jamais entendu parler de la communauté des nofappers avant de débuter ses 100 jours d'abstinence. Il a d'ailleurs préféré accomplir cette quête spirituelle seul, en racontant son aventure sur Twitter. Son entreprise masochiste s'est achevée à la mi-juillet. Je me suis entretenue avec lui pour savoir si ça valait vraiment le coup d'arrêter de se masturber pendant tout ce temps.

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VICE : Pourquoi as-tu décidé de ne pas te masturber pendant 100 jours ?
Rory Patrick :J'avais pris conscience de l'impact de la masturbation sur ma vie quotidienne. Avant d'aller courir je me disais toujours « avant l'effort, le réconfort », et je finissais dans mon lit en train de bouffer des chips devant la télé. Je me réfugiais dans la masturbation dès que j'étais stressé ou déprimé et j'ai réalisé que ce n'était pas la meilleure solution. Quand un de mes amis m'a parlé d'un groupe de personnes qui comptait passer 90 jours sans se branler, j'ai répondu sans réfléchir que j'étais capable de m'abstenir pendant 100 jours. J'espérais trouver dans ce challenge la motivation pour être libéré de mon envie permanente de me masturber.

Tu as donc pris ta décision et lancé un hashtag sur Twitter. As-tu été soutenu par tes followers ?
Oui, ça m'a fait chaud au cœur. Avec mon pote Josh, on s'est mis à se prendre en photo en faisant le salut d'Hunger Games et des gens ont commencé à nous imiter. J'ai tenu parce que je savais que ça faisait marrer les gens. Je ne voulais pas céder à la tentation et tout gâcher, notamment à cause du stress dû à mon travail. On me demandait toutes les semaines si je n'avais pas craqué et des types m'envoyaient des photos porno pour me faire succomber. Mais, en général, les gens me soutenaient et souhaitaient que je réussisse.

Tu te masturbais à quelle fréquence avant ça ?
Je dirais une fois par jour en moyenne. C'était devenu un besoin – à chaque fois que j'étais stressé, je courais dans ma chambre pour me vider un coup. Mon sommeil s'alignait sur ma fréquence masturbatoire. Me branler avant de dormir était devenu une habitude.

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Comment as-tu fait pour résister à la tentation ?
Les quatre premiers jours, c'était l'enfer. La masturbation était devenue une composante essentielle de mon quotidien. L'idée-même de dormir sans m'être branlé était inenvisageable. Les premiers jours, je me matais quand même un petit porno, mais sans me toucher. Je n'arrivais pas à trouver le sommeil, je tournais en rond toute la nuit. J'ai tout essayé : les calmants, une meilleure alimentation : rien n'a marché.

Mon pari a failli être perdu le jour où des amis de Twitter sont venus me voir. On a fini complètement bourrés. J'en étais au 86ème jour, je m'en souviens parce que je me suis dit : « Bon t'as déjà tenu 86 jours, la plupart des gens n'en seraient pas capables. » J'avais ma bite entre les mains et j'étais prêt à m'en servir. Après avoir respiré calmement, j'ai reçu un texto d'un ami – j'avais envoyé des messages à plein de gens – qui m'a encouragé à continuer. Ça m'a donné la force de me lever pour aller prendre une douche.

Cette règle de non-masturbation incluait-elle aussi les relations sexuelles ?
La règle était de ne pas éjaculer, donc oui.

Quel impact cela a-t-il eu sur ton humeur ?
Après les quatre premiers jours d'abstinence, la situation s'est améliorée. Le temps libéré m'a permis de retourner courir. Je me suis aussi senti plus éloquent. Je travaille dans une association qui vient en aide aux gens suicidaires et je me sentais plus à l'écoute, plus concentré. Je me suis mis à écrire et à lire davantage. Ça me déprime de me dire que j'étais un mec qui pensait : « C'est bon, j'ai 20 minutes de libres, je vais voir s'il y a de nouvelles vidéos porno » – même si ce côté de ma personnalité existe toujours.

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Au bout du centième jour, en combien de temps as-tu éjaculé ? Tu as organisé un truc spécial pour célébrer l'événement ?
Le dernier jour était génial. J'ai maté la finale de la Coupe du monde avec un pote puis j'ai fait des exercices et un peu de ménage après son départ. Je me suis rasé lentement, j'ai préparé minutieusement chaque parcelle de mon corps pour le moment tant attendu. J'ai fait une virée en moto pour passer le temps et j'ai été boire un verre avec des amis tandis que minuit approchait. Mon colocataire avait promis de me laisser seul pour que je puisse me lâcher complètement. J'ai posté quelques tweets de remerciement et lorsque l'heure est venue, j'étais déjà à poil. Ça n'a duré que quelques minutes mais l'explosion a été spectaculaire.

J'ai tremblé de tout mon corps. Je m'en suis mis partout sur le torse avec une rage digne de mes premières branlettes au collège. Mon cri de jouissance a dû résonner pendant au moins 20 minutes dans la chambre. J'ai posté une photo de moi avec l'air béat et je me suis déconnecté pour un bon moment. Ça faisait 100 jours que je ne m'étais pas branlé mais tout ça n'avait pas été en vain. J'avais pris conscience de ce qui me poussait à me masturber. C'est l'essentiel.

Et maintenant, vas-tu recommencer comme avant ou as-tu prévu de changer tes habitudes ?
Les deux derniers jours de mon défi ont été vraiment super. Tout le monde m'encourageait et beaucoup se sont abstenus de se branler pour me soutenir. Mais il ne faut pas que ça me monte à la tête ; après tout, c'est comme si j'avais fait un régime, rien de plus. Je vais tenter de conserver ces nouvelles habitudes et ne pas trop y penser.

Si je ressens du stress ou de l'anxiété, je n'irai plus me réfugier sous la couette – j'essaierai de faire des choses plus saines. Mon appartement n'a jamais été aussi propre et je vais continuer à utiliser mon corps pour autre chose que la simple masturbation.

Tu le referais ?
Oui, sans hésiter.

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