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Les Equatoriens en ont-ils vraiment quelque chose à foutre d'Assange ?

Julian Assange doit sacrément se faire chier à se terrer dans une ambassade équatorienne en ce moment.

Ce genre de graffiti a récemment fleuri sur les murs de Quito. « Assilio Assange » veut dire « Asile pour Assange ». Julian Assange doit sacrément se faire chier à se terrer dans une ambassade équatorienne en ce moment. Avant que je ne me rende là-bas, il y a quelques années, je ne connaissais pas assez le pays pour m'autoriser à balancer quelques piques sur sa culture – ou plutôt son manque de culture. Ce n'est donc pas vraiment surprenant si le père fondateur de Wikileaks pensait déjà tracer là-bas ou s'infiltrer comme passager clandestin dans le premier avion en partance pour Quito. Mais dans le cas où cette petite escapade devait véritablement se passer, est-ce que les bons citoyens de l'Équateur seraient prêts à organiser une énorme sauterie pour lui souhaiter la bienvenue ? Ou s'amasseraient-ils autour de l'aéroport pour lui cracher à la gueule à l'aide de leurs horribles flûtes de pan ? L'Équateur – le pays de la liberté d'expression (selon un journal d'État). C'est avec cette accroche frimeuse en tête que j'ai contacté mon amie, Helen Rogers qui est en ce moment même en train d'augmenter sa capacité pulmonaire à Quito – la 2ème capitale la plus haute de la planète. Je me suis dis qu'il serait intéressant de vérifier si les Équatoriens étaient plus doués que les gens d'ici pour se préoccuper de plus d'un seul problème à la fois. En sachant que Wikileaks est un bon concept – sauf quand ils compromettent leurs sources – que le viol est un truc complètement dégueulasse et enfin que les États-Unis souhaitent voir ce cher monsieur Assange croupir au fond d'une cellule sombre et humide – et sans disposer du luxe auquel les criminels ont droit de nos jours, comme des UV, une connexion internet ou une PS3. Helen a donc gentiment accepté de prendre un peu de son temps, entre ses examens et ses tentatives de rallongement de la durée de son visa (Bonne chance Helen !) pour demander aux habitants de Quito s'ils pensaient protéger un violeur de ses accusateurs ou s'ils allaient porter un coup au monopole de la liberté d'expression détenu par ces sales gringos. Michelle Salinas, adjointe en service d'examens. VICE : Salut Michelle, que penses-tu qu'il se cache derrière la décision du président Correa d'abriter Julian Assange ?
Michelle : Je pense que c'est parce qu'il s'oppose vraiment à la volonté des gros gouvernements et des États-Unis en particulier. Je pense que c'est plutôt un caprice. Aussi je pense que c'est parce que la fuite d'un câble par Wikileaks a dévoilé les accusations de corruption d'une ambassadrice américaine en Équateur à l'encontre du gouvernement et de la police équatorienne. Ce qui est bien-sûr vrai, mais ce n'est pas vraiment le genre de trucs que Correa a envie d'entendre. Tu es d'accord avec le concept de Wikileaks et ses objectifs ?
Oui et non. Ce n'est pas agréable quand quelqu'un s'immisce dans votre vie privée. Cette ambassadrice ne faisait que faire son travail, alors qu'est-ce qu'ils avaient besoin de s'infiltrer dans sa boite de réception pour divulguer ses mails ? Il répète tout le temps que ce qu'il veut c'est que les gens découvrent la vérité, mais il ne devrait pas violer leur vie privée. C'est pour ça qu'il s'est fait expulser. Du coup, tu penses vraiment que c'était une bonne idée d'offrir l'asile à Assange ?
En toute honnêteté, je pense que l'Équateur aurait dû rester hors du débat sans y prendre part parce que désormais on va avoir beaucoup de problèmes politiques et économiques. Tous les gens qui sont contre Correa en général sont d'accord avec moi. Tous les autres, dont le cerveau a été lobotomisé pour qu'ils pensent que Correa est le champion de la liberté d'expression, sont d'accord avec lui. Rebaca Mero, femme de ménage Et vous, vous donneriez l'asile à Julian Assange ?
Rebeca : Pour moi, le président a pris une excellente décision parce que l'Équateur est une démocratie, et c'est pour cette raison que je supporte Correa. Même si l'Équateur va avoir des ennuis sur l'échiquier politique international ?
Nous sommes des Équatoriens et par conséquent nous n'avons pas peur des autres pays. Ce qui s'est passé c'est que Julian Assange a diffusé une vidéo de gens innocents se faisant massacrer. Les États-Unis n'aiment jamais qu'on dévoile le côté obscur de leurs agissements. Maintenant, ils se comportent comme une mafia et menacent de le tuer pour le faire taire. Vous pensez que les Équatoriens sont d'accord avec vous ?
En grande majorité, oui. Les médecins, les avocats et tous les autres gens riches s'opposeront toujours à Correa, comme d'habitude. Mais le peuple est plus fort qu'eux.