La Presse+ a affirmé hier matin que, selon ses sources, le comité ad hoc responsable du dossier de la légalisation du cannabis au Québec avait maintenant changé d’idée. Il y a deux semaines, le journaliste Louis Lacroix du 98,5 FM mentionnait que le gouvernement envisageait développer un nouveau réseau public, qui serait encadré par la SAQ pour assurer la distribution du cannabis légal.
Il semble maintenant que le gouvernement préfère l’idée de laisser la vente et la distribution entre les mains du secteur privé, mais en écartant la possibilité que les dépanneurs ou les pharmacies puissent en vendre. Il se pencherait sur différents modèles d’affaires qui pourraient être profitables et, surtout, encadrés. Rappelons que l’enjeu de la santé publique figure parmi les principales craintes du gouvernement au sujet de la légalisation.
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Toujours selon La Presse+, la formule des dispensaires serait aussi à l’étude. Il s’agit du moyen le plus populaire de vente et de distribution de weed aux États-Unis, dans les États où la consommation récréative est légale. Si la création d’un nouveau monopole d’État a complètement été écartée et que le ministre des Finances, Carlos Leitao, a rejeté l’idée de que la vente de cannabis se fasse dans les succursales de la SAQ, la société d’état pourrait encadrer et superviser le processus de vente. Ainsi, le modèle des dispensaires s’arrimerait à cette volonté du gouvernement de profiter de l’expertise de la société d’État.
Il serait aussi envisagé d’avoir une sorte de système à deux vitesses, à la fois privé et public, comme pour la vente de bière. Par contre, la vente de cannabis ne sera pas pour le Québec un moyen efficace de remplir les coffres, assure le premier ministre Couillard. « Il n’y a pas de pactole à faire là. Ceux qui pensent que le gouvernement va faire beaucoup de sous là-dedans, non, on ne pense pas », a-t-il affirmé hier matin en conférence de presse à Jérusalem, où il rencontrait Benyamin Netanyahou.Tout ce qui ne relève pas de la vente et de la distribution tomberait sous la responsabilité du gouvernement canadien, à l’origine du projet de légalisation. Comme pour les produits de tabac, tous les produits du cannabis vendus par le gouvernement seront obligatoirement timbrés et taxés.
Le premier ministre Couillard a aussi affirmé qu’il était envisageable que Québec demande à Ottawa de repousser la date d’entrée en vigueur de légalisation, prévue pour le 1er juillet 2018, si le provincial jugeait qu’il ne disposait pas d’assez de temps pour mettre sur pied un système efficace et sécuritaire.
Le Parti québécois (PQ) a réagi à ce sujet ce matin lors d’un point de presse. Jean-François Lisée demande une commission parlementaire itinérante « pour que chaque opinion soit mise sur la table et évaluée à son mérite », dit-il. Le chef du PQ estime que le gouvernement a décidé en vase clos que la distribution légale de marijuana se ferait par le privé. « On a une décision qui n’est pas éclairée, qui est faite dans l’obscurité », a-t-il affirmé. Il faudrait, selon lui, considérer la possibilité que les profits réalisés par la vente de cannabis servent à la lutte contre la toxicomanie. « Là, le gouvernement est en train de nous dire “non, on le veut pas, cet argent-là, s’il y a des profits à faire, ça va être le privé qui va le faire” et je pense pas que le privé va investir dans des programmes contre la toxicomanie », conclut-il.