Située dans le quartier chic de Coconut Grove à Miami, le majestueux Vizcaya Museum and Gardens recèle des trésors de beauté dans ses moindres recoins. Une exposition en deux temps, « Lost Spaces and Stories of Vizcaya », y prend place pendant un an. Près de la file d’attente pour l’entrée, vous passerez près d’un fossé depuis lequel vous entendrez le son cristallin d’une rivière. Approchez-vous et vous constaterez qu’aucune eau ne coule. Ce son est une installation sonore du compositeur et artiste multimedia Juraj Kojs, en forme d’hommage au passé méconnu de Vizcaya.
Moat of Sound de Kojs ravive l’une des histoires perdues de Vizcaya. Ici, c’est un fossé abandonné. « Lost Spaces and Stories of Vizcaya » s’accroche à des détails apparement insignifiants de la demeure. Construite sur la baie Biscayne en 1914, la Villa Vizcaya était la résidence d’hiver de James Deering. Deux artistes ont investi ses fossés : Duane Brant a quant à lui posé un ruban adhésif blanc tout le long de son fond.
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Les œuvres de Frances Trombly et David Rohn font référence à ce que la commissaire Gina Wouters appelle « les éléments dialogiques de ce qui est perdu ». Trombly, spécialisée dans les objets et sculptures en tissu, a tissé des pièces délicatement colorées pendues à des crochets. En contraste avec la palette luxueuse de Vizcaya, Trombly a choisi des couleurs douces et lumineuses. Rohn, un performeur, a placé des portraits de lui comme domestique dans toute la maison. En lien avec la préférence supposée de Deering pour les hommes, Rohn a également inclus l’image d’un amant imaginaire.
Lucinda Linderman a créé une œuvre interactive qui prend place dans les portants sur lesquels étaient tendues les cartes de Deering. Faites de matériaux doux au toucher, elle illustre la montée des eaux à Miami pour le siècle prochain.
Sur un ton plus léger, Amanda Keeley, a pris d’assaut la chambre du soleil avec deux grandes installations au néon — « Take the gifts of this hour » et « Put serious things aside » — inspirées des inscriptions latines de la façade est de Vizcaya, un texte du poète romain Horace : « Dona præsentis cape lætus horæ aclinque severe. » Dans cet espace austère, l’invite est une invitation littérale. À l’étage du dessus, on peut visionner le court-métrage de Magnus Sigurdarson, Corazón Vizcaya, une sorte de telenovela hilarante, filmée en partie par un drone.
Vizcaya Museum and Gardens
Au cœur de ce lieu de style européen, l’art contemporain a une singulière résonance. Mais en regard du passé de collectionneur de Deering, c’est finalement plutôt bien venu. « Vous voyez, cette architecture est inspirée des traditions européennes mais il commandait également des œuvres à des artistes d’avant-garde », précise Wouters à The Creators Project. « La barge en pierre est d’Alexander, le plafond de la piscine est de Robert. Nous voulions perpétuer cette histoire de mécénat. » Les artistes, sélectionnés via un appel à candidatures, sont tous de Miami. « Le public local et la communauté d’artistes ont une excellente compréhension de Vizcaya dans le paysage culturel de Miami », explique Wouters. « Lost Spaces and Stories of Vizcaya » replace dans son contexte un lieu profondément ancrée dans la mémoire collective des habitants de Miami, ouvrant des voies à de nouvelles interprétations. Le but d’un musée est d’ailleurs bien cela : jeter des ponts et créer des interactions avec un public.
Vizcaya Museum and Gardens
« Lost Spaces and Stories of Vizcaya » se tient au Vizcaya Museum and Gardens jusqu’à mai 2017, dans le cadre du centenaire de Vizcaya.