Les données issues de la dernière analyse des eaux usées de 104 villes européennes ont pointé Anvers comme capitale européenne de la coke. Niveau speed, la ville suédoise de Gävle remporte la palme, tandis que la population d’Ostrava, en Tchéquie, est la plus grande consommatrice de méthamphétamine.
L’étude annuelle, qui recherche des métabolites de drogues illicites dans les eaux usées en provenance de nos toilettes, révèle que les détections de cocaïne et de méthamphétamine ont augmenté dans l’UE en 2022, soulignant par ailleurs des disparités en ce qui concerne le type de drogue consommée selon les villes.
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Ainsi, la consommation de cocaïne est plus élevée dans les villes de l’ouest et du sud de l’Europe, tandis que la consommation de speed (amphétamines), un produit beaucoup moins cher, est plus importante dans le nord et l’est de l’Europe. En ce qui concerne la méthamphétamine, sa consommation se concentre en Europe centrale, près de sa base de production en Tchécoslovaquie.
Parmi le top 5 des villes les plus concernées par la coke, la Belgique score deux fois. En pole position, Anvers – port très important pour faire entrer de la drogue en Europe, où les niveaux de coke trouvés dans les eaux usées sont bien plus élevés que partout ailleurs –, suivi de Tarragone en Espagne, Amsterdam, Bruxelles et Zurich.
C’est en Suède que l’on a détecté les plus grandes zones de conso de speed : Gävle, troisième port à conteneurs du pays, et Sandviken, une municipalité située à 23 km à l’ouest de Gävle.
Ces deux localités, ainsi que Stockholm, la capitale, ont enregistré les taux de speed les plus élevés d’Europe au cours des trois dernières années. Viennent ensuite Anvers et les deux villes allemandes de Sarrebruck et Dülmen.
Toujours selon l’étude, Ostrava, ville tchèque proche de la frontière polonaise, est la plus grande consommatrice de méthamphétamine en Europe, suivie de Prague, la capitale du pays, de Larlovy Vary, une petite ville thermale également située en République tchèque, et de Chemnitz, une ville allemande.
Bien que traditionnellement concentrée en Europe centrale, l’étude indique que ces dernières années, la consommation de méthamphétamine a été de plus en plus détectée en Belgique, à Chypre, en Espagne, en Turquie et dans plusieurs pays d’Europe du Nord tel que le Danemark, la Finlande, la Lituanie et la Norvège.
Si le taux d’amphétamine est exceptionnellement élevé dans les villes nordiques, c’est en raison de « la disponibilité des drogues et des préférences des consommateur·ices », a déclaré à VICE João Pedro Matias, analyste scientifique de la consommation de drogues à l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT). En d’autres termes, il est beaucoup plus facile et moins cher d’acheter du speed que d’autres stimulants comme la cocaïne et la MDMA, et certain·es Scandinaves semblent tout simplement préférer le speed.
Selon Matias, le speed et la méthamphétamine sont des drogues plus populaires dans les petites villes, tandis que dans les grandes villes, où l’offre est plus importante, on consomme davantage de cocaïne et de MDMA.
Le cannabis est répandu dans toutes les eaux usées testées, mais c’est à Genève, en Suisse, que l’on a trouvé la plus grande preuve de sa consommation. Amsterdam est la capitale de la MDMA, tandis que la consommation de kétamine, dont le taux le plus haut serait probablement détecté au Royaume-Uni si ce pays avait participé à l’étude, est la plus élevée à Barcelone, Lisbonne, Copenhague et Milan.
Si la consommation de kétamine, de cocaïne et de MDMA augmente fortement le week-end, la conso de cannabis reste stable tout au long de la semaine, selon l’étude publiée par la société d’analyse des eaux usées SCORE Group, en collaboration avec l’OEDT.
La plus sage des 104 localités testées pour la cocaïne est Kemi, une petite ville portuaire de Laponie, en Finlande, où, ironie du sort, vous pouvez admirer le plus grand château de neige du monde. Mais la ville a toutefois montré des signes de consommation régulière de MDMA et d’amphétamines.
L’endroit où la consommation de MDMA est la plus faible en Europe est Paphos, une petite ville côtière de Chypre qui, ironie du sort bis, possède plusieurs sites liés au culte de la déesse grecque de l’amour, Aphrodite.
C’est depuis 2001 que l’analyse des eaux usées, créée à l’origine pour surveiller l’impact environnemental des déchets ménagers liquides, sert également à mesurer les niveaux de consommation de drogues.
« Ces résultats fournissent un aperçu précieux de la circulation des drogues dans les villes concernées et révèlent des variations géographiques marquées », conclut le rapport.