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Voilà, Francesco Totti et la Roma c’est fini

Il n’a plus le visage juvénile que les suiveurs du foot italien avaient découvert le 28 mars 1993 lors d’un Brescia-Roma. Il n’est plus un inconnu et a su s’imposer comme l’homme et le porte-drapeau d’un seul club : l’AS Roma.

Après 24 saisons, 786 matches et 307 buts, Francesco Totti a disputé, à 40 ans, son dernier match avec le maillot des Giallorossi, dimanche au stadio Olimpico, contre le Genoa. Dans son jardin, le public était acquis à sa cause, l’ambiance exceptionnelle et l’hommage hautement émouvant. Les ultras ont accueilli leur capitaine avec un tifo sur lequel il était écrit « Totti est la Roma » et ce dernier est allé salué la Curva Sud avant même le coup d’envoi dans une ambiance indescriptible.

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Francesco Totti a ensuite pris place sur le banc de la Roma, attendant patiemment d’avoir le droit d’entrer en jeu. Et puis à la 54e minute de jeu est arrivé le moment que tout l’Olimpico attendait : Luciano Spalletti a fait entrer Il Capitano une ultime fois.

La Roma s’est imposée 3-2 face au Genoa, mais l’essentiel était ailleurs. Tout le monde attendait le coup de sifflet final pour que l’hommage puisse enfin débuter. Francesco Totti a pris le micro pour lire une lettre d’adieux aux supporters romains, devant ses coéquipiers, sa femme et ses enfants, présents sur la pelouse.

Totti en train de faire ses adieux à l’Olimpico. Photo Reuters.

« Merci Rome, merci maman et papa, merci à mon frère, à ma famille, à mes amis. Merci à ma femme et à mes trois enfants. J’ai voulu commencer par la fin, par les remerciements, car je ne sais pas si je réussirai à lire cette lettre jusqu’au bout. Il est impossible de raconter une histoire de vingt-huit ans en peu de phrases. J’aurais aimé le faire en chanson ou avec un poème, mais je ne suis pas capable. J’ai essayé, durant ces années, de m’exprimer avec mes pieds, avec lesquels tout me vient simplement, depuis que je suis enfant.

À propos, vous savez quel était mon jouet préféré ? Le ballon évidemment, c’est encore le cas. Mais à un moment, dans la vie, on grandit et il était temps de prendre une décision. Maudit temps. C’est le même temps que nous voulions voir passer rapidement le 17 juin 2001 (le jour du titre de champion remporté par la Roma, ndlr) : nous n’en pouvions plus d’attendre les trois coups de sifflets de l’arbitre. J’en ai toujours la chair de poule quand j’y repense.

Aujourd’hui, le temps est venu frapper sur mon épaule et a dit : “Nous devons grandir, à partir de demain tu seras grand, maintenant tu es un homme et tu ne peux plus sentir l’herbe de si près, le soleil sur ton visage pendant que tu cours vers le but, l’adrénaline qui te consume et la satisfaction d’exulter”. Vous vous souvenez quand vous étiez enfants et que vous rêviez de belles choses. Votre mère venait vous réveiller pour aller à l’école alors que vous vouliez continuer à dormir et essayer de reprendre le fil de cette histoire, mais vous ne réussissiez jamais. Cette fois, ce n’était pas un rêve, c’est la réalité. Et aujourd’hui, je ne peux pas le reprendre, le fil.

Je veux dédier cette lettre à vous tous, aux enfants qui m’ont applaudi, ceux d’hier qui sont maintenant adultes et peut-être sont devenus pères et ceux d’aujourd’hui qui peuvent crier “Tottigol”. Je me plais à penser que ma carrière deviendra pour vous une histoire à raconter. Maintenant, elle est vraiment finie. J’ai enlevé le maillot pour la dernière fois. Je ne suis pas prêt à dire “basta” et je ne le serai peut-être jamais. Désolé si ces derniers temps, je n’ai pas donné d’interviews et exprimé clairement mes pensées, mais éteindre la lumière n’est pas facile. Maintenant, j’ai peur. Ce n’est pas la même chose quand vous êtes devant la porte que quand vous devez marquer un penalty. Cette fois, je ne peux pas voir à travers les trous dans le filet, s’il y aura quelque chose “après”.

Cette fois-ci, c’est moi qui ai besoin de vous et de votre chaleur, ce que vous m’avez toujours démontré. Avec votre amour je peux tourner la page et me lancer dans une nouvelle aventure. Il est maintenant temps de remercier tous mes coéquipiers, le staff technique, les dirigeants, les présidents, tous les gens qui ont travaillé avec moi au fil des ans. Les fans et la Curva Sud, une référence pour nous les Romains et les supporters de la Roma. Etre né à Rome et être supporter de la Roma est un privilège, être le capitaine de cette équipe a été un honneur. Vous êtes et serez toujours ma vie: je cesse de vous donner des émotions avec mes pieds, mais mon cœur sera toujours là avec vous. Maintenant, je vais descendre les escaliers, je vais entrer dans le vestiaire qui m’a accueilli alors que j’étais un enfant et que je quitte maintenant que je suis un homme. Je suis fier et heureux de vous avoir donné vingt ans d’amour. Je vous aime. »

En larmes, Francesco Totti a ensuite fait un ultime tour d’honneur autour des siens, avant peut-être de jouer pour la première fois sous les couleurs d’une autre équipe, à 40 piges.