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Pourquoi les Jägerbombs rendent les gens complètement zinzins

Ah, les boissons énergisantes ! Ces réservoirs de fougue souvent bien utiles avant un long trajet en voiture ou un match de Five font plus de mal que de bien. Sérieux, regardez les dégâts : une activité cérébrale déglinguée, une libido exacerbée, des égos masculins un peu trop remplumés et des risques accrus de traumatisme crânien. Comme Kaa dans Mowgli, ces boissons ont une sale influence sur ceux qui les boivent – on parle bien des pires comportements humains.

Alors pourquoi ne pas les mélanger avec un autre breuvage qui pose problème – vous savez, celui qui est la seconde cause de mort prématurée en France selon l’Inserm ? Voilà, bien vu : l’alcool. Et cette idée de génie donne : des Jägerbombs !

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Le fil de cette réflexion peut paraître un poil tordu mais il faut bien avouer que le cocktail guarana-caféine-éthanol est devenu un élément essentiel de nombreuses fêtes qui entendent durer jusqu’au matin. Dans une telle situation, qui n’apprécierait pas l’équivalent d’un shot de nitroglycérine dans le moteur associé à la désinhibition d’un petit coup de gnôle ? Cette pratique est aujourd’hui sous le feu des projecteurs.

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Aux États-Unis, la Research Society on Alcoholism vient de publier une étude montrant que les mélanges entre boissons alcoolisées et énergisantes rendent les gens plus enclins à dépasser leurs limites – en comparaison à une consommation de boissons alcoolisées uniquement. Les scientifiques de l’Université du Kentucky du Nord ont ainsi fait picoler 26 « adultes buveurs en soirée » (13 hommes et 13 femmes) lors de six séances pendant lesquelles ils ont pu tester toutes les combinaisons possibles.

À chaque séance, les participants recevaient l’un de ces six verres : vodka et soda décaféiné, vodka et une dose moyenne de boisson énergisante, vodka et une grande dose de boisson énergisante, un soda décaféiné, une moyenne dose de boisson énergisante et une grande dose de boisson énergisante.

Cette étude fournit des résultats cliniques prouvant que les boissons énergisantes mélangées à de l’alcool donnent encore plus envie de boire de l’alcool.

Après chaque verre descendu, les participants devaient noter leur envie de se resservir et souffler dans le ballon. Résultats : boire de l’alcool donne envie d’en reboire. Mais boire de l’alcool avec de la caféine donne encore plus envie.

« En bref, cette étude fournit des résultats cliniques prouvant que les boissons énergisantes mélangées à de l’alcool donnent plus envie de boire de l’alcool que si l’alcool est consommé seul. Cela concorde avec d’autres expériences menées sur des animaux et qui montraient que la caféine augmente les effets désinhibant et satisfaisants de l’alcool », ont conclu les chercheurs. La caféine peut donc masquer les effets de l’alcool et faire boire encore plus. En bon stimulant, elle peut vous faire croire que vous êtes beaucoup moins défoncé qu’un alcootest ne le révélerait.

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Si vous avez eu l’occasion de goûter aux délices de quelques canettes de Sparks ou de Four Loko – deux boissons alcoolisées commercialisées aux États-Unis qui ont eu un certain succès à la fin des années 2000 et qui ont dû changer leur recette tellement leurs taux de caféine étaient élevés – vous avez peut-être fait l’expérience du black-out le plus mastoc de votre vie. Après une ou deux canettes, vous serez débordant d’une énergie destructrice capable de vous transformer en une sorte d’aigle sous coke : le genre d’oiseau qui ne finit pas tranquillement lové et endormi dans un coin de la salle comme tout fêtard responsable. Le Four Loko a notamment fait parler de lui après avoir causé de nombreuses hospitalisations et plusieurs crimes : conduites en état d’ivresse ayant causé des accidents mortels, viols, meurtres et torture ont été perpétrés apparemment sous l’emprise de la substance.

Sans le savoir, cette étude apporte également une réponse à une autre question : pourquoi donc mélanger une liqueur herbacée comme le Jägermeister avec le goût chimique et sucré d’un Red Bull ? Peut-être pour calmer la peur de louper une soirée de folie en sombrant dans un coma éthylique. À vous de juger si le jeu en vaut la chandelle.