Voilée et sexy

Photo : E.Hanazaki Photography/Getty Images

En décembre dernier, l’université du Michigan a publié les résultats d’une enquête sur les préférences des peuples du Moyen-Orient concernant les tenues des femmes dans la sphère publique. Les participants ont été invités à choisir parmi différents types de tenues islamiques comme la burqa, le tchador et le niqab. Les résultats ont montré que les habitants de pays conservateurs comme l’Arabie saoudite et le Pakistan favorisaient le niqab – qui recouvre le visage – tandis que la plupart des Égyptiens, Tunisiens, Turcs et Irakiens préféraient le hijab, lequel couvre seulement les cheveux.

Ces résultats – tout comme le fait qu’il n’y ait pas de différence entre les préférences masculines et féminines – ne sont pas particulièrement surprenants. Bien que certains Occidentaux associent les tenues islamiques à l’oppression féminine, de nombreuses musulmanes voient le hijab – par ailleurs terme générique utilisé pour désigner toute forme de couvre-chef traditionnel – comme un moyen d’émancipation. Durant le Printemps arabe et les manifestations contre Hosni Moubarak, certaines Égyptiennes l’ont porté de manière à protester contre son interdiction à la télévision d’État.

Selon Shereen El Feki, auteure de Vie intime dans un monde arabe en mutation, de nombreuses jeunes femmes musulmanes se couvrent la tête afin d’être plus indépendantes vis-à-vis de leurs parents. « Elles ont le sentiment que les filles voilées sont considérées comme de bonnes musulmanes par leurs parents. Ainsi, en faisant la même chose, elles bénéficient d’une plus grande liberté de mouvement », m’a-t-elle déclaré.

Par ailleurs, contrairement à ce que laisse entendre une autre croyance occidentale, le port du foulard ne signifie pas toujours la piété. « Les femmes auxquelles j’ai parlé et qui portent le hijab ont des désirs sexuels, m’a dit Shereen. Elles le portent pour différentes raisons, pas uniquement pour se désexualiser. »

Le hijab ne protège pas non plus les femmes des menaces éventuelles. Une enquête de l’ONU qui a fait le tour d’Internet l’été dernier indiquait que, bien qu’une majorité d’entre elles portait le foulard, la plupart des Égyptiennes avaient déjà été victimes de harcèlement de nature sexuelle.

Dans son livre, Shereen explique que les femmes égyptiennes qui se couvrent régulièrement le visage, le cou et les épaules continuent néanmoins à arpenter le centre-ville du Caire maquillées, en talons aiguilles et jean slim. « Elles agissent un peu comme des oiseaux du Paradis, a-t-elle commenté. D’un côté, elles essaient de se conformer au climat de plus en plus conservateur du pays. De l’autre, elles restent des jeunes femmes et cherchent en conséquence à bien se faire voir des hommes. »

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