Une enquête spéciale de l’Associated Press (AP) révèle que des fournisseurs employant des travailleurs nord-coréens en Chine font affaire avec des distributeurs canadiens et des supermarchés comme Walmart. Ces travailleurs travaillent dans des conditions pitoyables semblables à de l’esclavagisme. Jusqu’à 70% de leurs salaires d’environ 300$ USD par mois est remis à l’état nord-coréen. Cette somme équivaudrait, d’après l’AP, à un montant situé entre 200 et 500 millions USD ; somme qui pourrait, en partie, contribuer au programme nucléaire entrepris par le régime despotique de Pyongyang.
Dans un dossier précédent, l’AP avait exposé le fait que des géants de la restauration américaine comme Red Lobster et Olive Garden servaient des fruits de mer provenant de travail forcé en Thaïlande.
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D’après une loi signée au début août, les compagnies basées aux États-Unis n’ont plus le droit d’importer des produits si des travailleurs nord-coréens ont été impliqués dans la chaîne de travail, sans quoi ils pourraient faire face à des accusations criminelles, rapporte l’article de l’AP.
Pourtant, à Hunchun, à seulement quelques kilomètres de la Corée du Nord dans le nord-est de la Chine, près de 3000 travailleurs nord-coréens s’affairent à transformer des produits de la mer comme des crevettes et du saumon, qui seront ensuite chargés dans des conteneurs à destination du Canada et des États-Unis, mais aussi de l’Europe et de l’Amérique du Sud. Les travailleurs n’ont pas le droit de quitter l’usine sans autorisation, et n’ont qu’un seul jour de congé par semaine. Leur quart de travail s’effectue sur fond sonore de discours de propagande politique du régime de Kim Jong-Un.
Les piètres conditions de travail des employés nord-coréens en Chine conviennent bien au gouvernement de Pyongyang. « En Chine, ces usines ont des conditions similaires à des prisons », dit Andrei Lankov, un expert de la Corée du Nord interviewé par l’Associated Press. Les travailleurs sont sous extrême surveillance pour éviter qu’ils s’enfuient ailleurs en Chine ou qu’ils communiquent avec des Sud-Coréens.
Une nouvelle sanction imposée à la Corée du Nord par les Nations Unies interdit aux pays membres d’employer des Nord-Coréens. Par contre, cette sanction n’affecte pas les travailleurs déjà déployés, qui sont près de 100 000, répartis dans 50 pays.
Walmart et d’autres grandes chaînes touchées ont dit avoir été informées de la situation l’an dernier, et avoir interdit à tous leurs fournisseurs de faire affaire avec les compagnies exploitant les usines chinoises où sont employés des citoyens de la Corée du Nord. Un employé d’une des usines a toutefois affirmé avoir envoyé deux tonnes de fruits de mer à destination du Canada et des États-Unis il y a deux mois.
Préparés dans les usines de Hunchun, les aliments sont livrés au pays destinataire, où ils sont remballés et mis en boîte avec le logo de la marque générique du magasin qui les vendra.
Avec les nouvelles sanctions qui lui sont imposées et les relations tendues qu’elle entretient avec l’administration Trump autour de son programme nucléaire, il reste à voir si la Corée du Nord rapatriera ses « esclaves modernes ».