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Voici le futur menu martien : patates, champis, algues et insectes

Cet ingénieur en aérospatiale va vous donner un petit cours de cuisine.
mars surface
Nasa

Depuis notre puits gravitationnel terrestre, envoyer quelque objet que ce soit dans l'espace est difficile et coûteux. Évidemment, cela est d'autant plus vrai lorsque l'on parle d'un voyage longue distance, comme une expédition pour Mars.

Sur la Station spatiale internationale, les astronautes dépendent entièrement de la Terre, même si l'air et l'eau sont recyclés en permanence. Étant donné les défis posés par la distance ISS/Terre (pourtant relativement courte), du temps et de l'énergie nécessaires à l'organisation de l'approvisionnement et de la maintenance, la gestion de l'ISS est déjà extrêmement difficile. Ces efforts sont pourtant sans commune mesure avec ceux qu'il faudra déployer pour voyager au sein du système solaire. Si l'impression 3D pourrait garantir un certain degré d'autonomie aux futurs colons (surtout si nous utilisons des matériaux de construction locaux, lorsque c'est possible), il faudra tout de même transporter tous les consommables nécessaires ou les produire in situ.

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Heureusement, Mars, possède de l'eau sous forme de glace, et une fine atmosphère recelant du dioxyde de carbone qui pourra être converti en oxygène, et du méthane pouvant servir à la propulsion de véhicules ou de fusées.

Être en mesure de produire notre propre eau et notre propre oxygène sur Mars sera essentiel pour à notre survie, mais il ne s'agit là que d'une partie de la solution. Il faudra également fournir 900 kilos de nourriture par colon par an ; nous parlons ici d'aliments entièrement lyophilisés, qui ne sont certainement pas l'option la plus saine ou la plus agréable au goût. Un village martien de seulement six personnes aurait ainsi besoin que la Terre lui envoie une réserve de nourriture d'une masse équivalente à 15 rovers Curiosity tous les 26 mois.

Cooking on Mars. Video: Andrew Rader/YouTube

Tous les aliments que nous pouvons cultiver sur Mars seront donc des aliments que n'aurons pas à expédier depuis la Terre. La production agricole martienne devra privilégier des aliments à haute densité calorique, à indice nutritionnel élevé, et surtout des aliments frais stimulant le moral et faciles à cultiver dans un espace réduit. Dans le même temps, il faudra continuer des aliments lyophilisés et des vitamines depuis la Terre.

L'élevage est hors de question, sauf s'il concerne des animaux de très petite taille, comme les criquets. Ces derniers peuvent manger des déchets végétaux, sont faciles à élever dans de petits espaces, sont matures en quelques semaines, et n'ont pratiquement pas besoin d'eau. Ils sont plus sains que le bœuf à la consommation, possèdent de nombreuses protéines, et contiennent des oméga-3, des vitamines, comme le fer et le magnésium, et moins de graisses.

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D'autres animaux pourraient être au menu, comme les escargot (qui ont probablement été les premiers animaux à être élevés pour leur viande, sur Terre). L'aquaculture de moules, crustacés et spiruline est à considérer également.

Qu'en est-il des plantes et des champignons ? Les champignons sont plein de vitamines et poussent sans nul besoin de lumière. Les pommes de terre sont également un met adéquat, et ont déjà été cultivées dans du simili sol martien, sur Terre, en serre. Il est possible de survivre un an ou davantage avec un régime à base de patates exclusivement, malgré le risque d'une carence en graisses, vitamines A et D, et B-12.

Cuisiner sur Mars : LES PATATES. Video: Andrew Rader/YouTube

Les pommes de terre pourraient en tout cas contribuer au régime martien : saupoudrez quelques criquets et compléments alimentaires sur vos crêpes de pomme de terre, et vous obtenez un repas équilibré.

Il est également possible de s'inspirer de l'Irlandais du 19ème siècle et mélanger des pommes de terre et du lait (c'est-à-dire du lait entier lyophilisé expédié depuis la Terre). Curieusement, les pommes de terre et le lait se complètent si bien qu'elles pourraient constituer la base du régime alimentaire de l'explorateur spatial d'ici quelques années.

Évidemment, l'idéal est de disposer de la plus grande variété alimentaire possible, car le lien entre nourriture et bien-être est extrêmement étroit. Or, la monotonie des repas de purée pourrait favoriser la dépression chez nos braves Terriens exilés.

Ce qui est sûr, c'est que la future colonie martienne ne sera en aucun cas indépendante de la Terre. Cependant, toute initiative visant à réduire le volume et la masse des marchandises à expédier sur la planète rouge sera la bienvenue.

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