FYI.

This story is over 5 years old.

Food

Fini les Cheerios, Nestlé mise tout sur la nutrition médicale

Le géant de l'agro-alimentaire a fondé une société baptisée Nestlé Health Science qui veut « mettre en valeur le rôle thérapeutique de la bouffe dans les soins médicaux ». À quand le SMECTA au goût de Crunch ?

Vit-on pour manger ou bien mange-t-on pour vivre ? La réponse à cette question séculaire vient d'être donnée par les mecs qui ont rempli vos bols en faïence de Pornic avec des monceaux de Golden Grahams ou de Nesquik. Et elle pourrait vous surprendre si vous êtes perméable au cynisme.

Nestlé, l'entreprise adulée pour sa poudre choco archi-sucrée mais décriée pour son lait maternel envoyé en Afrique, s'inquiète de la santé des populations futures. Selon leur calcul, en 2020, « un milliard de personnes dans le monde aura plus de soixante ans, augmentant le risque d'obésité et de maladies chroniques de notre société ». Ou, comme le dit pudiquement la version française du site du groupe sans donner de chiffre : « Les sociétés vieillissent et les maladies liées à l'âge et au style de vie prennent de l'ampleur. »

Publicité

Alors que le coût des soins médicaux risque de grimper en flèche, Nestlé a compris qu'il y avait un coup à jouer sur le marché de la vie saine et que le secteur de la bonne nutrition était on-ne-peut plus prometteur. C'est pourquoi la Nestlé Health Science a été fondée avec l'étiquette de « société pionnière en sciences de la santé, chargée de favoriser le rôle thérapeutique de la nutrition dans la prévention et la prise en charge des maladies. » Leur slogan ? « Quand la nutrition prend part à la thérapie. »

Vu les différents domaines – soins pédiatriques et gériatriques, maladies gastro-intestinales, cancérologie et diabète – étudiés par cette entreprise alimentaire 2.0, on est prêt à parier que vous finirez un jour ou l'autre par bouffer du Nestlé sur un lit d'hôpital.

LIRE AUSSI: La bouffe sans gluten n'est pas meilleure pour votre santé

« Nestlé Health Science a été créée il y a maintenant cinq ans, en 2011. C'est une société pionnière qui fait la jonction entre le secteur agroalimentaire et l'univers pharmaceutique », explique Meike Schmidt, porte-parole de la marque, à MUNCHIES. « Notre société s'attache à faire progresser la thérapie nutritionnelle et à améliorer la prise en charge médicale pour les consommateurs, les patients et nos partenaires dans le domaine de la santé. »

La société, basée à Lausanne, investit donc dans des labos de recherche spécialisés dans l'étude des acides aminés, des problèmes congénitaux du métabolisme ou d'autres maladies de la flore intestinale. Leurs produits ? Des alicaments, notamment des poudres à prendre sous prescription médicale, pour lutter contre certaines pathologies spécifiques : maladie de Crohn ou encore épilepsie.

Il n'est pas facile de se faire une place dans le marché saturé de l'agro-alimentaire, mais ce nouveau secteur – dont le chiffre d'affaires est estimé à 15 milliards de dollars – est encore à conquérir. À Lausanne, des machines sont déjà en train de séquencer l'ADN humain pour découvrir comment mettre au point des solutions nutritionnelles personnalisées.

Considérer la bouffe comme aide-soignant n'a pas toujours été vu d'un bon œil. « Pendant longtemps, on a regardé la nutrition comme une pseudo-science », explique Ed Baetge de Nestlé. « Mais pour beaucoup de problèmes liés au vieillissement, la démence sénile par exemple, la recherche a dramatiquement besoin de trouver de nouvelles approches cliniques. Et l'alimentation en fait partie. »

Nestlé entend donc faire scientifiquement les choses en étudiant l'efficacité et la sécurité de ses produits. « Il est essentiel pour nous d'obtenir des résultats cliniques », soutient Marie-Françoise Rutimeyer, la porte-parole de Nestlé Health Science.

Dans un futur pas si lointain, manger pour vivre prendrait alors une tournure beaucoup plus concrète. Mais serait-on vraiment malheureux à l'idée de voir Nestlé sortir du SMECTA au goût de Crunch ?