Un mec a acheté 1000 hamburgers au nom de l'art
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Culture

Un mec a acheté 1000 hamburgers au nom de l'art

L'artiste Casper Braat n'a rien à foutre des gens qui bossent à McDonald ni de ceux qui crèvent la dalle.

On a tous une raison d'aimer et de détester McDonald. Mais ce jour-là, j'avais rendez-vous avec Casper Braat dans une franchise d'une zone industrielle hollandaise et je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre. Pourtant, en arrivant, il m'attendait avec 10 sacs remplis sur le comptoir. « Je suis là pour retirer mes mille hamburgers. » Et non. Casper Braat n'avait pas une grosse fringale, il allait simplement exposer ses burgers dans une galerie. Depuis quelques années maintenant et son passage à la Gerrit Rietveld Academie, Braat utilise les produits McDo comme principal médium. Il explique son obsession pour la multinationale : « Je pense à McDonald plusieurs fois par jour, je ne peux pas m'en empêcher. » À ce moment de la discussion, seuls 300 hamburgers ont été faits, il en reste donc 700 à produire, les pauvres employés sont au turbin et se demandent qui est le connard qui vient troubler le rythme d'ordinaire plutôt tranquille. Tous les postes sont occupés : deux personnes font griller les steaks, deux montent les burgers, deux autres finissent par emballer le bordel. On est à 600 hamburgers à l'heure. Plus personne ne peut commander.

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En attendant, Jacob tente de m'expliquer son amour pour la marque au M en dissertant sur le mobilier. Il insiste sur les couleurs passées du rouge au vert. Sur les tabourets devenus des vraies Eames. Il préférait avant. Quant à moi, j'essaie de me prendre au jeu et lui raconte que ce qui me passionne c'est l'absolue efficacité des ustensiles utilisés en cuisine. Il semble impossible de faire une erreur. « La plupart des gens pensent que McDonald est un truc dégueulasse, mais bon, il y a une certaine noblesse à produire de la nourriture pas chère que tout le monde peut acheter. J'aimerais que mon travail aide les gens à considérer McDonald comme un endroit où on peut avoir beaucoup pour peu. » Comme j'ai du mal à ne pas y penser, je lui demande ce qu'il pense de la surconsommation, des problèmes de santé et d'environnement liés à « la malbouffe ». « C'est vrai que c'est presque inconscient et malsain de participer à ça lorsqu'on y réfléchit. » Étonné de ce revirement d'opinion, Jacob m'assure que ses travaux ont pour but d'afficher cette dualité, cette amour-haine. Je ne suis pas sûr d'être rassuré. Il reste encore 400 burgers à faire.

Plus tard, dans une galerie de Almere, j'aide Jacob à déballer les burgers et à les disposer en rangs d'oignons. « D'une certaine façon, c'est un hommage à Pindakaasvloer. » Il parle de l'œuvre de Wim T. Schippers, ou un immense rectangle de beurre de cacahuète était tartiné au sol. Une manière de questionner l'art qui avait, en son temps, subit toutes sortes de critiques du public.  « Si ça, c'est de l'art, alors je suis un artiste aussi. » se moque-t-il en imitant un visiteur dubitatif.

McDonald est au courant de l'installation de Jacob et n'était à la base pas vraiment chaud. Après avoir informé McDonald Amsterdam Nord de ses intentions, c'est le bureau national de la marque qui l'a contacté lui infirmant que cela ne devait pas avoir lieu. Du coup, il a simplement appelé un MacDo quelconque en annonçait qu'il organisait une grosse soirée. Depuis, McDonald est revenu sur sa décision et a proposé de recycler les burgers à la fin de l'expo. Mais Apparemment Braat a prévu de les garder pour lui.

Je vous vois venir : « c'est du gâchis », « des animaux sont morts pour ça ». La réponse de Jacob Braat clôturera cette étrange journée : « C'est pas de la bouffe, c'est de l'art. » Personnellement, je suis un peu dégoûté et je vais attendre avant de retourner chez Ronald.  "It's food for your mind." m'envoie Jacob avant de partir. Tous les travaux de Casper Braat sont sur son site. Cet article est paru en premier lieu sur Creators Pays-Bas