Images courtesy the artist
À Aigues-Mortes, dans le Gard, des labyrinthes de sel jonchent le sol des remparts de la vieille ville fortifiée. Motoï Yamamoto a passé près de deux jours à former de délicates installations de sel, Labyrinth et Floating Garden. Le Japonais a eu carte blanche, avec le Français Jean-Pierre Formica, pour explorer cet élément, pour une exposition intitulée « Univers’sel ». Ce dernier a quant à lui disposé et suspendu des silhouettes salines (Armée de sel et Flux et reflux) dans différentes salles des remparts.Yamamoto a la particularité d’utiliser la méditation dans son travail. « J’espère toujours avoir l’esprit clair quand je dessine des lignes avec du sel », dit-il à The Creators Project. « Je définis cet état de vide et de clarté d’esprit comme un moment où je me concentre uniquement sur les lignes de sel. Mon corps est directement connecté à mon esprit et mon esprit avec les lignes de sel. »Malgré tous ses efforts, le sel reste volatile, éphémère. Si un visiteur viole la règle « Ne pas toucher », Yamamoto ne viendra pas réparer les dégâts. Tout son travail joue sur l’idée de permanence et de fugacité. Le sel est lié à la mer, d’où vient la vie, et à la préservation de la nourriture. Il est également utilisé dans de nombreux rituels funéraires. « Au Japon, après des funérailles, les participants mettent du sel sur leurs corps car il est dit que le sel a un pouvoir sacré pour purifier des péchés, pour clarifier et purifier l’esprit », explique Yamamoto. « Le sel est essentiel à la vie, il a le pouvoir mystérieux de protéger la nourriture de la décomposition et est une substance sacrée qui peut être recueillie dans l’océan ou sur terre. C’est ça le sel. »Les œuvres de Yamamoto sont assez fascinantes à voir. On les retrouve dans de nombreux sites d’inspiration sur le web. Pourtant, chacune d’elle est liée à une tragédie. « À l’hiver 1994, ma sœur de 24 ans est morte à cause d’une tumeur cancéreuse maligne. J’ai commencé à créer pour accepter et dépasser sa mort », révèle-t-il. Il essaie ainsi différents éléments liés à la mort : la terre, le bois, le verre, le papier, etc. Il en vient au sel au bout de deux ans, imaginant un lit de mort salin. Au milieu de l’exposition, en plein air, une tempête l’emporte.« Expérimenter la mort de ma sœur m’a enseigné qu’il y a des choses qu’on ne peut pas contrôler ou changer dans ce monde. Je pense le cycle de mon travail de la même manière », dit-il encore. Le travail de Yamamoto n’est ni monumental ni mémorial mais témoigne du caractère éphémère des choses. « Mon travail existe pour accepter la perte ; l’acceptation afin de surpasser la douleur de la perte. Rien ne dure dans ce monde. Même les étoiles dans le ciel. Nous avons tendance à oublier que tout change en permanence, mes installations sont là pour rappeler cette notion de changement permanent. »« Univers’sel » est à voir aux Remparts d’Aigues-Mortes jusqu’au 30 novembre 2016. Cliquez ici pour en savoir plus sur Motoï Yamamoto.
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