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Culture

Une interview de Nicolas Cage exclusivement composée de répliques de Nicolas Cage

Il s'avère que l'acteur a beaucoup de choses à dire sur les rêves des poissons.
Illustration : Armando Veve

Si vous êtes un fan inconditionnel de Nicolas Cage, de ses inénarrables coiffures et de son jeu d'acteur intense qu'il a lui-même qualifié de « Kabuki occidental », vous attendez probablement le film Dog Eat Dog avec une impatience non-dissimulée. Si le film a été diffusé au festival de Cannes au mois de mai, il n'a pas encore de date de sortie officielle en France – mais il sort aujourd'hui aux États-Unis. Nicolas Cage y interprète le rôle de Troy, aux côtés de Willem Dafoe et Paul Schrader, qui incarnent respectivement les personnages de « Mad Dog » et « Grecco le Grec ». À première vue, on dirait un simple policier – mais il s'agit en réalité d'un film sur trois meurtriers psychopathes profondément racistes.

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En ce moment, Nicolas Cage assure la promotion de Dog Eat Dog en même temps que deux autres films, et je ne voulais pas l'importuner avec une énième interview rébarbative. Histoire de rompre la monotonie, j'ai décidé d'abandonner le format traditionnel en utilisant des répliques de l'acteur en guise de questions.

J'ai quand même été contraint de modifier quelques-unes de ces citations en y ajoutant des mots pour que l'interview ait un minimum de sens – en gros, je me suis contenté d'ajouter les mots « Dog Eat Dog » à chaque phrase. Par chance, Nicolas Cage semblait parfaitement se souvenir des dialogues de ses propres films, et s'est montré particulièrement loquace. J'imagine qu'il a pensé que j'étais un piètre journaliste, ce qui n'est pas tout à fait faux.

VICE : On ferait mieux d'y aller, non ? (Rock, 1996)
Nicolas Cage : Oui, allons-y.

Parlons de Dog Eat Dog. Qu'est-ce qu'il se passe ici ? (Les Ailes de l'enfer, 1997)
Il s'y passe ce que vous voulez ! C'est au public de choisir sa propre interprétation du film.

Dans Dog Eat Dog, quel effet ça fait d'avoir tout ce mal en soi ? Cette puissance ? (Ghost Rider, 2007)
Un jour, quelqu'un m'a dit que le méchant n'avait jamais vraiment conscience d'être méchant. C'est l'approche que j'ai choisie en interprétant le rôle de Troy – je ne l'ai jamais appréhendé comme étant le méchant du film. Même s'il m'est quand même arrivé de me dire Wow, cette situation est vraiment en train de prendre un sale tournant, ou encore Ces trois mecs sont vraiment pas nets. Mais aucun de nous trois ne considérait son personnage comme un sale type – sinon, ça n'aurait pas vraiment fonctionné.

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Ces trois types – c'est toujours une seule personne, c'est ça ? (Adaptation, 2002)
C'est une question intéressante. Je n'avais jamais vu ça comme ça, mais on pourrait très bien voir ces trois personnages comme une hydre à trois têtes. Je sais que Paul adore La Horde sauvage, et qu'il considère nos trois personnages comme des versions contemporaines des protagonistes du film. Quand on regarde [les vieux films de Sam Peckinpah], on retrouve des mises en scènes similaires, notamment lorsque les trois personnages sont en plein rencard : Willem Dafoe se retrouve avec la masseuse, Christopher avec la fille normale, tandis que je finis avec la gentille prostituée. Les trois rencards se passent horriblement mal, et on ne peut pas s'empêcher de penser à La Horde sauvage. On retrouve pas mal d'autres similitudes, mais comme je vous l'ai déjà dit, c'est au public de faire sa propre interprétation du film. Je veux que les gens découvrent les secrets du film par eux-mêmes.

Est-ce que vous explorez l'idée que le flic et le criminel sont deux aspects de la même personne ? (Adaptation, 2002)
Non, je n'irai pas aussi loin et je ne porterai pas du jugement philosophique sur ce sujet. Je vois plutôt ce film comme l'histoire de trois types vraiment malchanceux qui sortent de taule et tentent de survivre en employant les seuls moyens qu'ils connaissent. Ils n'ont aucune compétence dans les autres domaines. En gros, ces trois mecs sont réduits à être des criminels pour survivre.

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Le rêve vers la fin du film – est-ce que c'était une illusion ? (Arizona Junior, 1987)
Encore une fois, vous pouvez en déduire ce que vous voulez. Mais laissez-moi vous dire une chose sur Paul Schrader : un jour, il m'a confié qu'il était plus intéressant de créer des personnages qui soulèvent des interrogations au lieu de donner des réponses. Les personnages énigmatiques sont faits pour durer. Et il ne faut pas donner trop d'explications dans un film – cela lui permettra de vivre plus longtemps. Et je pense que 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick en est un parfait exemple : ce film est tellement mystérieux que l'on se demande encore sur quoi il porte exactement. Dans ce passage du film, on apprend que mon personnage est mort – vous en déduisez ce que vous voulez. Personnellement, je pense que Troy – et je ne devrais même pas vous dire ça – est dans les limbes.

Ça vous amuse ? (Rock, 1996)
Oh, j'ai adoré bosser sur Dog Eat Dog. C'est exactement le genre de film que j'ai envie de faire en ce moment. C'est un midnight movie, imprévisible et plein de surprises. Ça part dans tous les sens. C'est électrique. Je suis ravi du résultat.

[Vous aimez] la chanson « Rocket Man » d'Elton John ? (Rock, 1996)
J'adore « Rocket Man ». J'adore les chansons d'Elton John. C'est l'un de mes artistes préférés, il est grandiose

Les poissons rêvent-ils ? (Bad Lieutenant : Escale à la Nouvelle Orléans, 2009)
Je ne suis pas un ichtyologiste et j'ignore à quoi les poissons pensent, mais je suis récemment allé dans un aquarium à Las Vegas. J'étais avec une fille, et trois mérous bossus se sont agglutinés face à elle. Il y avait des milliers de poissons dans cet aquarium, mais ces trois mérous ont décidé de la regarder. Encore aujourd'hui, je ne pourrais pas vous dire pourquoi – si ce n'est qu'elle portait une chemise noire et blanche, et que ces poissons ont des pois noirs et blancs. Peut-être qu'ils étaient attirés par ses habits, ou qu'ils avaient rêvé d'elle ? Qui sait. C'était vraiment bizarre. Donc peut-être qu'on peut supposer que les poissons rêvent.

C'est un peu bizarre, non ? (Adaptation, 2002)
C'était aussi bizarre que ça en a l'air ! La fille en question a vraiment flippé.

Mike Pearl est sur Twitter.