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LE NUMÉRO PEINE DE MORT

Les Suédois discriminent-ils les chrétiens ?

En tout cas, c'est ce que pensent les médecins et les infirmières pro-vie qu'on force à pratiquer des avortements.

Illustration : Michael Shaeffer

Ce printemps, la Suède, considérée comme l’une des nations les plus démocratiques au monde, a été signalée au Comité européen des droits sociaux pour avoir prétendument violé les droits des médecins et des infirmières pro-vie. Trois organisations chrétiennes (Pro Vita, KLM et FAFCE) ont porté plainte contre le gouvernement, lequel n’autoriserait pas le personnel médical à exercer sa liberté de conscience et à refuser certains avortements. La question a fait place à un débat plus large, qui existe depuis longtemps en France, mais qui est tout à fait nouveau dans cette Suède si « libérale ». Les groupes qui ont déposé une plainte ont d’abord affirmé qu’ils défendaient les droits des travailleurs médicaux, mais Ulrika Karlsson, femme politique de centre droit, a précisé sur son blog que cela faisait partie, selon elle, « d’une vaste campagne contre le droit à l’avortement ». Une opinion plus ou moins confirmée par Nordström Ruth, avocat de Pro Vita, qui a répondu au post en disant : « La Suède a besoin d’offrir de meilleures protections juridiques aux enfants non encore nés. » Ulrika m’a certifié que la position des pro-vie était à la fois impopulaire et absurde. « Il ne s’agit pas d’“enfants non encore nés”, mais bel et bien de fœtus. La plupart des avortements en Suède sont pratiqués avant la neuvième semaine. Lorsque vous êtes à neuf semaines de grossesse, l’être à l’intérieur de vous n’est pas un enfant ! » Bitte Assarmo, chrétienne de gauche et ancienne rédactrice en chef de la revue pro-vie Liv & Ratt, a quant à elle déclaré : « Les points de vue chrétiens sont souvent rejetés. » Elle m’a dit que les gens en faveur de la liberté d’opinion étaient vus comme de « mauvaises personnes qui ne prennent pas en compte les autres et leur droit à disposer de leur corps ». Bitte a ajouté que, compte tenu de la petite minorité pro-vie suédoise, trouver des médecins prêts à pratiquer des avortements était relativement simple : « Alors, pourquoi forcer les citoyens pro-vie à commettre ce qui est à leurs yeux un horrible péché ? » Or selon Ulrika, « en Suède, la loi est bien au-dessus de la foi. Si vous travaillez dans la santé, vous n’avez pas le droit de refuser de traiter certains enfants, ou cesser de traiter quelqu’un parce que c’est contre votre religion. Si vous n’êtes pas d’accord avec ça, vous devriez changer de job ».