Les émeutiers cambodgiens hurlent plus fort que vous

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Les émeutiers cambodgiens hurlent plus fort que vous

C’est tellement la merde au Cambodge que même leurs pacifistes se foutent sur la gueule

Les élections de septembre 2013 ont donné pour la première fois une voix au peuple cambodgien. Elle devaient annoncer le déclin du CPP, le parti du Premier ministre Hun Sen, au profit du parti de l’opposition, le Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP) de Sam Rainsy – exilé à l’étranger jusqu’aux élections et autorisé à revenir pour l’occasion. Mais elles ont, au contraire, provoqué les plus grosses émeutes anti-gouvernement qu’ait connues le Cambodge ces dernières années.

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Le Premier ministre, Hun Sen, fait des allers-retours au pouvoir depuis bientôt trois décennies. Il possède un contrôle total sur la population et les médias, et son parti, le CPP, s’est au fil des années emparé de la quasi-totalité des ressources naturelles du pays. Même si la guerre civile – laquelle a conduit à la mort de deux millions de personnes du temps du régime khmer rouge – a pris fin en 1979, le Cambodge demeure, encore aujourd’hui, une nation fondée sur l’oppression et rongée par la corruption.

Les élections d’août dernier ont été marquées par une victoire, marginale mais bien réelle, du CPP. Cependant, près de 1,25 million de votants inscrits n’ont mystérieusement « pas été pris en compte » et des rumeurs de fraude se sont peu à peu répandues parmi la population. La plupart des Cambodgiens, outrés, ainsi que le CNRP, ont demandé à un comité indépendant d’enquêter sur ces disparitions frauduleuses. Cela n’a jamais été fait.

En réaction, Rainsy a demandé à ses supporters de se donner rendez-vous à Freedom Park, dans le centre-ville de Phnom Penh, afin de protester pendant trois jours et trois nuits contre cette démonstration de triche manifeste. Le premier jour, dimanche 15 septembre, plus de 20 000 Cambodgiens venus de tout le pays se sont retrouvés sur la place aux côtés du CNRP pour y ériger des tentes et distribuer de la nourriture et des médicaments à tous les électeurs mécontents.

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Dans le même temps, le gouvernement mobilisait l’armée nationale et la police. Partout à Phnom Penh, on pouvait apercevoir des voitures de la police antiémeutes remplies de fonctionnaires équipés de masques à gaz et de grenades lacrymogènes. Ceux-ci ont installé des barrières et du fil barbelé afin de boucler les quartiers hébergeant des bâtiments du gouvernement et d’en contrôler les accès.

Rapidement, la situation est devenue tendue. Quand les manifestants étaient amenés à quitter Freedom Park, ils tombaient invariablement sur les policiers antiémeutes. Amenés par Rainsy, les manifestants se sont rués sur les barricades et les barbelés tandis que la police leur balançait des gaz lacrymogènes à la gueule. Rainsy, triomphant, a escaladé les barricades, a plaidé allégeance au roi et est revenu avec ses partisans sur la place.

Tandis que la nuit tombait sur la ville, les troupes de police continuaient de veiller et les bavures de se multiplier. La police arrêtait toute personne munie d’un lotus – signe de ralliement des manifestants. Du côté de la passerelle Kbal Thnal (l’artère principale de Phnom Pehn), plusieurs dizaines de citoyens se sont mis à démanteler une à une les barricades.

En réponse, la police antiémeutes, armée de boucliers électrifiés, a envoyé des bombes à eau sur les manifestants, puis sur tous les citoyens qui croisaient son chemin. Les policiers se sont ensuite servis des boucliers pour passer à tabac les manifestants. La violence entraînant la violence, ils se sont décidés à utiliser des munitions, blessant plus de 40 citoyens – et tuant au passage Mao Sok Chan, un rebelle qui se trouvait à proximité, d’une balle dans la tête.

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Quelques membres de la famille du défunt et plusieurs manifestants dégoûtés se sont réunis autour du corps jusqu’à ce que les Nations Unies viennent le chercher, cinq heures plus tard.

Les deux jours suivants, les manifestations ont été médiatisées, permettant aux Cambodgiens d’exprimer leur mécontentement devant les journalistes du monde entier – une première dans le pays. Aujourd’hui, près d’une semaine plus tard, la situation politique à Phnom Penh et au Cambodge est toujours aussi délicate ; de nouvelles manifestations devraient avoir lieu dans les jours suivants.

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