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Culture

La rentrée des classes de l'École nazie Augusto Pinochet

Godofredo Rodriguez Pacheco est un Chilien de 44 ans. Fin mars dernier, en plein milieu de la crise étudiante que traverse son pays, il a eu l'idée d'ouvrir l'École des arts nazis.

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Godofredo Rodriguez Pacheco est un Chilien de 44 ans. Il a étudié l'aquaculture et vit sur l'île de Chiloé, au sud du Chili. Son histoire est digne des plus gros clichés véhiculés par Hubert Bonisseur de la Bath au sujet de l'Amérique du Sud.

Fin mars dernier, en plein milieu de la crise étudiante que traverse son pays, Godofredo a eu l'idée d'ouvrir l'École des arts nazis du président-général Augusto Pinochet Ugarte. Son objectif était de rassembler tous les amis du nazisme, de les former par le biais de pratiques éducatives inédites et de les préparer à la création d'un hypothétique futur parti nazi.

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Si Godofredo évoque la « nécessité de bâtir une nouvelle droite permettant l'avènement du Quatrième Reich », il théorise également la notion de bronzi – ou nazis-bronzés – et critique avec vigueur les mouvements étudiants actuels.

Après m'être renseigné sur son cas, j'ai voulu assister à un de ses cours et connaître les motivations qui l'ont poussé à créer cette institution du centre-ville d'Ancud qui compte déjà sept inscrits – tous policiers. Évidemment non reconnu par le ministère de l'Éducation chilien, l'immense et sinistre établissement était affublé d'une croix gammée chargée d'attirer le chaland.

VICE : Pouvez-vous nous en dire plus sur l'idéologie de votre école ?
Godofredo Rodriguez Pacheco : Son idéologie se base sur le nationalisme. Cette école se veut être un lieu célébrant la contre-culture et souhaite réinterpréter le nazisme en l'adaptant à notre époque. De plus, en tant que centre éducatif, je souhaite créer les bases d'une résistance face aux pratiques catastrophiques de la démocratie et des socialistes. L'idée est de développer cette école dans tout le Chili, puis de créer des annexes en Espagne.

De quoi ai-je besoin pour m'inscrire ?
Nous exigeons uniquement de nos membres qu'ils partagent notre idéologie. Nous voulons créer une avant-garde politique en avance sur son temps capable de régénérer ce système chilien à bout de souffle. Le discrédit de la classe politique du pays s'explique par ses mauvaises pratiques et l'objectif de cette école est de remédier à tout cela.

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Si je choisis de m'inscrire, qui seront mes camarades de classe ?
Actuellement, les élèves sont d'anciens fonctionnaires de la police nationale, à la retraite ou mis en arrêt forcé pour différentes raisons. On a aussi des personnes âgées qu'on forme aux logiciels de traitement de texte.

Ça a l'air chiant.
Je souhaite que mes élèves s'engagent en faveur du bien commun ; il me paraît donc logique de me différencier du discours laïc dominant qui place constamment l'argent au centre de tout.

Quel type de cours pourra-t-on suivre ?
La matière principale enseignée est la bioénergétique. Mais il y aura aussi des cours de musique, de philosophie, d'histoire, et beaucoup d'autres que je ne peux pas encore révéler. Je peux seulement dire que l'étude de l’idéologie nazie est au centre de tous ces cours. Nous étudierons aussi d'anciennes idéologies et réfléchirons ensemble à la façon dont nous pourrions les réinterpréter.

Qui seront mes professeurs ?
Le dessin technique est une des matières prévues. Nous demanderons au ministère de la Justice s'il est possible de faire libérer Maria del Pilar Pérez, injustement condamnée à perpétuité, afin qu'elle donne ces cours-là.

Vous parlez de cette femme condamnée à perpétuité pour homicides et parricides ?
Oui. Elle a le droit de travailler. Elle mérite de retrouver la dignité que les médias lui ont enlevée.

L'école sera-t-elle gratuite ? Les cours seront-ils professionnels et de qualité ?
De qualité, assurément. Gratuite, en aucune manière. Il faut bien que je gagne ma vie.

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Vous identifiez-vous aux mouvements étudiants chiliens ?
Absolument pas. Ces étudiants sont ridicules. Ils devraient s'informer au lieu de manifester.

Pouvez-vous nous recommander certains auteurs ?
René Guénon, un Français que tout néo-nazi devrait connaître, et Joseph Goebbels, ministre de l'Éducation du Troisième Reich. Il y a aussi José Carlos Mariategui, un Péruvien qui a écrit des choses intéressantes, malgré sa philosophie erronée. Il a choisi de partir en Europe dans les années 1920 alors que son pays connaissait une vie culturelle extrêmement dynamique. Il méprisait tout le monde. Les noirs, les lâches, les analphabètes… Il se contredisait constamment.

La croix gammée est dessinée sur le drapeau de votre école. Pinochet avait-il des liens avec le nazisme ?
Il n'y a pas de relation entre la croix gammée et le nom de l'école. Le président-général Augusto Pinochet Ugarte a dirigé un gouvernement civil-militaire, ce qui était triste et réjouissant à la fois. Seuls ceux qui ont été éduqués par l'éducation laïque font cette relation entre le nom de l'école et son drapeau. Moi je me demande constamment ce que fait la statue de Salvador Allende sur la place de la Constitution !

Quelles idées du national-socialisme reprenez-vous ?
Seulement le nationalisme. Quant au socialisme, je le rejette en bloc. Je reprends du nationalisme la notion d'espace vital. Je n'ai pas mes notes sur moi pour tout vous expliquer, de toutes façons je préfère que vous vous informiez par vous même.

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Le nazisme est-il présent en Amérique du Sud ?
Je suis persuadé que des gens partagent certaines de mes idées, mais ils ne se rassemblent pas. Cette école veut, au niveau local, poser les bases d'un nouveau parti politique chilien. Nous espérons mettre en place de multiples partis locaux, qui pourraient former une colonne vertébrale jusqu'à l'Antarctique.

OK. Pensez-vous qu'il soit possible de créer une école nazie au beau milieu d'une zone peuplée d'indigènes ? Votre ami le Führer promouvait la race aryenne. Ces peuples locaux ne ressemblent pas vraiment aux aryens…
La race aryenne est une métaphore. Enfin, peut-être. Moi je crois aux bronzis, les nazis-bronzés.

Accepteriez-vous d'accueillir des étudiants juifs dans votre école ?
En principe, non. Mais si certains juifs critiquent l'État d'Israël et le combattent intellectuellement, alors cela pourrait être possible. Cette école est farouchement opposée à Israël. Nous partageons les idées des Neturei Karta, des juifs ultraothdoxes fermement opposés au sionisme.

Écoutez-vous de la musique nazie pendant votre temps libre, que ce soit pour vous détendre ou simplement pour passer un bon moment sous l'égide du Troisième Reich ?
J'écoute souvent la chevauchée des Walkyries de Wagner. Rien de plus.

Quels sont vos films préférés ?
J'aime beaucoup Le Tambour (Die Blechtrommel), si on met de côté sa naïveté. Ce film sera diffusé lors de nos cours de cinéma.

Merci de m'avoir accordé du temps, Godofredo.
Merci à vous. Je dois vous dire une chose. Mon courrier est surveillé. Il vaut mieux que vous m'appeliez pour toute autre information.

OK. Une dernière question. Suis-je le bienvenu dans cette école ?
Je ne sais pas. Je pense que oui. Je ne vous connais pas vraiment, mais j'imagine que vous pourriez tout à fait être un des élèves de cette école.