Les cartésiens le rétorquent à chaque injonction qui touche au monde ésotérique : « je ne crois que ce que je vois ». Et si, maintenant, on vous murmurait que l’on peut rendre visible l’invisible ? C’est en tout cas ce que disent faire les photographes de l’aura.
Sous un dôme blanc à l’intérieur noir, une curieuse boite reliée à deux plaques métalliques prend la moitié de l’espace. C’est dans ce cocon que Christina Lonsdale de Radiant Human photographie votre champ énergétique, un halo de lumière qui l’on voit entourer la tête des sujets photographiées. Avec sa machine et son dôme portatif, elle parcourt les États-Unis depuis un an. « L’aura n’est pas seulement ce que l’on est physiquement, c’est aussi ce que l’on est énergiquement », raconte Christina à The Creators Project. Dans le monde parapsychologique, ces halos de lumière sont supposés être la force vitale de chaque individu.
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Depuis quelques mois, les photographies de l’aura sont devenues tendance. Un deuxième magasin s’est ouvert à New York l’été dernier. Les touristes affluent déjà. Au printemps 2016, Radiant Human prévoit même une tournée européenne. Le résultat d’une séance avec Radiant Human sort même sous la forme d’un Polaroïd. « J’aime beaucoup le fait que ce soit en argentique, on peut le toucher, c’est unique et plutôt old school. Ça se développe instantanément. D’un autre côté, l’appareil agit finalement comme une forme de filtre interactif, ce qui est plutôt moderne. Cette dichotomie donne une espèce de tension que je trouve très inspirante » continue Christina.
La technique n’est pourtant pas récente. Les première tentatives remontent à 1890, mais n’avaient jamais rencontré aucun succès. Ce n’est que quelques années plus tard, en 1939, que l’ingénieur russe Semyon Kirlian précise le concept. Comme pour beaucoup de découvertes, la sérendipité n’est jamais bien loin. L’histoire raconte qu’un technicien photographia un objet sous haute tension. Un halo de lumière fut alors visible sur la photographie.
Guy Coggins s’en est inspiré pour créer, en 1970, le système Aura Camera, qu’utilise désormais Radiant Human. Pour développer ses machines, Guy a créé sa propre compagnie : Aura Imaging. Il veut maintenant aller plus loin qu’une photo instantanée : « On est une entreprise en plein développement. Je travaille actuellement avec une version 3D de Aura Imaging et on a l’intention de créer un système d’aura qui permettrait à la personne de voir son aura de l’intérieur. Autrement dit, comme si son aura était projetée tout autour d’elle ». La photographie de l’aura se tient sur une ligne fine entre l’art et le monde spirituel. Les couleurs sont supposées révéler des traits de personnalité des modèles. « Chaque photo contient trois niveaux différents qu’il faut regarder avec attention. Tout ce qui est au-dessus des oreilles représente les pensées conscientes. Ce sont ces couleurs qui changent plus vite que les autres. Le niveau en bas, à gauche, représente quant à lui la dynamique interne ou son moi intérieur et le niveau en bas à droite représente ce que l’on dégage en tant que personne”. Le photographe Van de Roer’s s’est d’ailleurs emparé du concept pour capturer les couleurs des artistes dans sa série “Portrait Machine Project. »
Dans la photo de l’aura, l’aspect scientifique n’est pas le plus important. Quand on demande à Christina Londsale si ses photos reposent plus sur leurs lectures ou leurs aspects artistiques, elle nous répond : « Tout ça est une question de perspective, ce que je pense n’est pas très important. C’est quelque chose entre soi-même et l’expérience qu’on va faire de ce cliché. C’est une forme de recherche, trouver ce qu’il y a au bout du chemin ».
Allez faire un tour sur le site de Radiant Human pour en savoir plus.