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Drogue

Quels sont les effets de l’xtc super forte sur votre cerveau à long terme?

L'xtc peut être jusqu'à six fois plus puissante qu'au début des années nonante.

Vendredi 19 juin, un jeune Indien âgé de 27 ans a fait un malaise devant la mainstage de Tomorrowland et perdu la vie plus tard dans la soirée. Les premières conclusions de la police et du médecin légiste montrent de sérieuses indications d'un décès lié à la drogue. Les secours ont en effet déclaré qu’il y avait de l’xtc quatre fois plus forte que les pilules habituelles sur le site. Il nous paraît donc important de vous rappeler que la consommation de drogues n’est jamais sans risque et que nous vous informons sur la consommation responsable de drogues tout au long de l’été dans notre campagne Split Your Pill. Et de manière plus pratique, nous vous encourageons également à diviser vos ecstas avec notre coupe-pilules VICE que vous pouvez remporter ici.

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Demandez à un mec qui allait en rave au début des années 1990 ce que la teuf lui évoque, et vous aurez droit au récit merveilleux de ses aventures de l’époque sous pilules entre deux larmes nostalgiques. Si vous êtes tombé sur un puriste, il vous dira peut-être ensuite à quel point aujourd’hui l’ecstasy c’est de la merde - et que ça s’apparente à des vitamines corsées par rapport à ce que lui a connu.

C’est totalement faux, car l’ecstasy et la MDMA n’ont jamais été aussi fortes. Dans son rapport paru en 2016, le Centre Européen de Régulation des Drogues et de l’Addiction (EMCDDA) a trouvé qu’une pilule contenait en moyenne 125 mg de MDMA, contre 50 mg à 80 mg au début des années 1990. Plus inquiétant encore, l’apparition de pilules macro-dosées qui contiennent entre 200 mg et 300 mg de MDMA chacune, et de la MDMA en poudre pure à 83%, principales responsables de plusieurs décès ces dernières années.

Mais quels sont les effets à long terme de la prise de drogues aussi fortement dosées? Est-ce que vous risquez vraiment de laisser beaucoup de matière grise sur la piste du Kompass ou du Fuse si vous en consommez régulièrement ? J’ai appelé Guy Jones, testeur de drogues professionnel chez The Loop, et Oli Stevens, chercheur à DrugScience, pour en savoir plus.

« Quand on a des séquelles à cause de la MDMA, ça affecte notre système de production de sérotonine, » nous exploque Guy Jones. La sérotonine, c’est un neurotransmetteur monamine qui pénètre dans le cerveau en grande quantité lors de l'utilisation de MDMA. Aussi appelée « l’hormone du bonheur », c’est son afflux dans vos canaux cérébraux qui vous rend euphorique au point d’expliquer à une vague connaissance en after pourquoi « Petite Soeur » de Lââm est la plus belle chanson jamais écrite.

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Regardez aussi: À quoi faire attention quand vous prenez de l'MDMA et de l'XTC

« Certaines études suggèrent que les gros consommateurs de MDMA sont plus enclins à souffrir de troubles de la mémoire (en particulier des troubles verbaux) sur le long terme, » ajoute Jones. Il nous affirme aussi qu’il existe une corrélation entre les troubles de l’humeur et la prise de MDMA, et que : « plus la prise de MDMA et la fréquence sont élevées, plus les symptômes s'aggravent. »

Plus les ecstas sont fortes et la MDMA pure, et plus la sérotonine se retrouve drainée de notre cerveau. Est-ce que ça signifie qu’un consommateur régulier - disons quelqu’un qui prend des pilules fortement dosées la plupart des week-ends pendant un an - va entamer une lente et violente descente aux enfers et finira par être incapable de formuler ses phrases correctement ? « Probablement pas, » assure Guy, « la MDMA est une substance qui s’auto-régule. Si quelqu’un en abuse, le premier symptôme que le consommateur remarquera c’est que ça ne lui provoque plus les mêmes effets qu’avant, que l’intensité du plaisir qu’il ressent diminue et que les descentes sont de plus en plus pénibles. Ça a un effet tellement indésirable sur leur quotidien que la plupart des personnes arrêtent d’en prendre sur le champ. Ces effets négatifs apparaissent en général après 2 ou 3 mois de prise régulière. »

Mais qu’en est-il de ceux qui réussissent à esquiver les descentes et dont le système a une tolérance à toute épreuve? On connaît tous ce pote qui était arraché tout le weekend dernier mais qu’on retrouve l’air de rien et en pleine forme à la salle dès le lundi matin. Est-il humainement possible d’enchainer les ecstas de 300 mg jusqu’à 7h du mat’ le dimanche et fouler joyeusement le tapis de course même pas 24h après sans conséquences? « En effet, il existe quelques chanceux qui ne sont pas sensibles aux descentes, peu importe ce qu’ils ont pris. On pense que c’est génétique, » nous explique Guy. « Mais être aussi tolérant, ce n’est pas bon du tout. La tolérance, c’est la façon que notre corps a de nous dire: « mec, c’est trop pour moi, je vais devoir me désensibiliser à ce produit pour continuer à fonctionner. » C’est un changement semi-permanent, et si vous êtes moins sensibles aux effets de la MDMA parce que votre corps est désensibilisé, c’est que vous l’êtes tout le temps et non pas seulement lorsque vous consommez cette drogue. »

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Mais sur le long terme, Guy explique cependant que les pilules macro-dosées auraient des effets secondaires très similaires à ceux produits par celles de 70 mg que votre papa adorait - bien qu’il envisage que l’usage de ces premières puissent déclencher ce qu’on pourrait appeler des chocs cérébraux.

La cause exacte de ces attaques ressemblant à un AVC n'est pas encore connue, mais on sait déjà qu’elles résultent de l'épuisement du système sécrétant la sérotonine dans le cerveau. Cela vient soutenir l’idée que plus la pillule que vous consommez est forte, plus les effets ressentis seront prolongés et handicapants. « C’est possible d’avoir des chocs cérébraux pendant 2 ou 3 jours, mais imaginez 21 jours à avoir l’impression que votre cerveau est électrocuté? Une horreur absolue. »

Guy et Oli Stevens arrivent à cette même conclusion : il n’y a pas encore assez d’études faites pour pouvoir mesurer réellement l’étendue des conséquences de la consommation d’MDMA aussi pure. En attendant, lorsqu’on voit déjà les effets à court terme, il est primordial de rester hyper vigilant quant à ce qu’on sniffe ou avale.

« Les consommateurs ont plus de chance de faire une overdose avec de l’ecstasy et de la MDMA. En fonction de la personne, avaler deux pilules peut vous faire passer une soirée géniale ou vous envoyer directement à la morgue. »

La première étape pour gérer ce problème judicieusement consiste à faire tester vos pilules et votre MDMA, de manière à ce que vous sachiez ce qu’elle contient et sa pureté. Faire tester ses pilules n’est malheureusement pas possible en Belgique, sauf sur un site situé à Bruxelles, à Modus Fiesta. Vous pouvez également utiliser une balance électronique pour la MDMA: « Pesez simplement la dose que vous souhaitez consommer, » explique Oli, « supposons que la pureté se situe entre 70 et 85% et que vous pesez 100 mg de cristaux, la dose réelle de MDMA fluctue entre 70 et 85 mg. C’est un écart trop peu important pour vous envoyer à l’hôpital. » La dose recommandée de MDMA par prise est comprise entre 1 et 1,5 mg par kg de poids corporel. Si vous pesez 60 kg, il est sage de ne pas utiliser plus de 60 à 90 mg par session.

Si, pour une raison quelconque, vous ne pouvez pas tester vos pilules, commencez par un quart et buvez de l’eau. Et pour les habitués des pilules super fortes - allez y mollo, vous n’avez pas envie de commencer la semaine avec un choc cérébral.

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