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Canada

Qui est l'unique suspect de l'attaque contre la mosquée de Québec ?

Alexandre Bissonnette, 27 ans, a été présenté à la justice ce lundi après-midi. L’homme semble être proche des idées d’extrême droite.
Alexandre Bissonnette (Facebook)

L'unique suspect de l'attaque contre une mosquée de Québec est ciblé par 6 chefs d'accusation de meurtre au premier degré et de 5 tentatives de meurtre.

Alexandre Bissonnette, 27 ans, a été présenté à la justice ce lundi après-midi. L'homme semble être proche des idées d'extrême droite. Il est l'unique suspect de l'attaque menée lors de la prière du soir au Centre culturel islamique de Québec.

Si l'attaque a été qualifiée d'attaque terroriste contre les musulmans par le Premier ministre Justin Trudeau et d'autres personnalités politiques, la police n'a pas retenu de charges relatives au terrorisme. Mais cela pourrait venir, indiquent des officiels.

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Le Code pénal canadien définit le terrorisme de la manière suivante : un acte commis « au nom — exclusivement ou non — d'un but, d'un objectif ou d'une cause de nature politique, religieuse ou idéologique ».

Au début de l'enquête, la police avait indiqué que deux suspects avaient été appréhendés suite à l'attaque, mais ce lundi la Sûreté du Québec a clarifié la situation : seul l'un des deux est suspect, l'autre est un simple témoin. Cet homme s'est depuis exprimé dans les médias, expliquant qu'il aidait les victimes quand il a vu la police et a paniqué.

19 personnes ont aussi été blessées dans l'attaque. 5 d'entre elles sont dans un état critique. Ce lundi soir, les autorités ont publié une liste des victimes.

La mosquée a été la cible de plusieurs attaques au cours des dernières années. En juin dernier, une tête de cochon accompagnée d'un mot (« Bon appétit ») avait été déposée devant les portes de la mosquée. En 2014, un mot « L'islam, hors de mon pays » avait aussi été déposé à la mosquée.

Lors d'une conférence de presse tenue ce lundi, la police a refusé d'en révéler trop sur leur théorie quant aux motivations de l'assaillant — à part le fait d' « instiller la peur ».

Mais François Deschamps, un membre d'un comité d'accueil pour les réfugiés syriens qui arrivent au Québec, a dit au journal Le Soleil qu'il avait reconnu le visage de Bissonnette.

« On a entendu beaucoup de commentaires émanant de l'extrême droite, » a dit Deschamps. « Lui, il postait des messages sur notre page Facebook. Il attaquait les droits des femmes. »

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Jean-Michel Allard Prus, un camarade de classe à l'université de Laval, a dit de Bissonnette que c'était « un gars normal » mais introverti.

« Il n'avait pas beaucoup d'amis et ne posait pas beaucoup de questions en classe. Mais sur Facebook il était plus agressif, comme un troll, » a dit Allard Prus à VICE News.

« Il était pro-Israël et pro-Trump. On peut dire qu'il n'était pas fan des réfugiés. Il était contre le contrôle des armes. Il aurait fait un parfait républicain. »

Allard Prus dit que Bissonnette n'a jamais parlé de violence, et semblait même contre toute violence. « Je pense donc qu'au cours de l'année passée, il a été radicalisé. »

Un autre ami a dit au Globe and Mail que Bissonnette avait tous les attributs du xénophobe.

« Je ne pense pas qu'il était totalement raciste, mais il était fasciné par un mouvement nationaliste raciste à la marge, » a dit Vincent Boissoneault, un étudiant en relations internationales à l'université de Laval.

Des captures d'écran de la page Facebook de Bissonnette (avant son retrait) montrent qu'il étudiait l'anthropologie à l'université de Laval et vivait à Cap-Rouge.

Il suivait les pages Facebook de Marine Le Pen, de Donald Trump et de l'Armée de défense d'Israël.

Sur d'autres images, on le voit devant les drapeaux québécois et canadien quand il était enfant. « Ahh, les souvenirs, » écrivait-il en légende.

Le major Doug Keirstead, un porte-parole des Forces armées canadiennes, a confirmé à VICE News que Bissonnette a participé au programme des cadets dans la région de Québec entre 2002 et 2004. Il a été cadet de l'armée de l'air puis cadet de l'armée de terre. Comme tous les participants au programme, Bissonnette a suivi un entraînement au tir avec un fusil à air, avec une arme qui ressemble à une carabine à plomb. Keirstead a précisé que les cadets n'ont pas de liens avec les Forces armées canadiennes et que ce programme ne fournit pas un entraînement militaire.

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En novembre 2015, pour le Jour du Souvenir, Bissonnette a posté une photo des médailles de guerre de son grand-père. « On les a nettoyées et on a changé les rubans, bon boulot, » peut-on lire.

Mohamed Belkhadir a été identifié comme plusieurs médias comme le témoin cité par la police. Dans une interview accordée à La Presse, Belkhadir, qui était présent à la prière du soir de dimanche, dit qu'il aidait un ami blessé au sol. Il a vu la police arriver et il a fui. « Ils m'ont vu courir, donc ils ont pensé que j'étais un suspect, c'est normal, » a dit Belkhadir. « Pour eux, quelqu'un qui fuit est suspect. »

Le président américain Donald Trump a appelé Trudeau ce lundi pour lui adresser ses condoléances.

« Dans une enquête concernant des faits de terrorisme, il y a des motivations idéologiques, religieuses ou politiques en jeu, » a dit le directeur de la Gendarmerie royale du Canada, Martin Plante. « Il s'agit d'activités poursuivies par des individus qui veulent inquiéter l'opinion par le biais d'un acte violent. »

Lors d'une conférence de presse, la police a fourni un rapide déroulé des faits. Juste avant 20 heures ce dimanche soir, la police a reçu « de nombreux appels » depuis la mosquée, indiquant que des coups de feu étaient tirés.

La police a rapidement compris qu'il y avait « de nombreuses victimes » et qu'un « incident majeur avait eu lieu. »

À 20 heures 10, un suspect a contacté la police en composant le 911. Il a dit aux officiers qu'il était armé et qu'il voulait parler à la police pour « coopérer avec vous. » La police a ensuite été envoyée sur une voie d'accès où le suspect les attendait. Il a été arrêté. Une autre unité a été déployée à la mosquée et un périmètre de sécurité a été établi pour éviter d'autres attaques.

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La province de Québec est bien plus active que le reste du pays concernant les mouvances d'extrême droite. Une récente étude de la Simon Fraser University a récemment comptabilisé 25 groupes de la sorte au Québec, qui comptent chacun entre 15 et 100 membres. Il s'agit de la plus grande concentration du pays. D'après l'étude, les musulmans, juifs, aborigènes et membres de la communauté LGBT sont ciblés par ces groupes.

« L'islamophobie est rampante au Québec. Gardez en tête que cette province est très nationaliste. Et ceux qui sont perçus comme des étrangers, ou en d'autres termes, une « menace » pour l'unité de la province, inquiètent certains Québécois, » explique à VICE News Ryan Scrivens, un spécialiste des mouvements extrémistes à la Simon Fraser University. « Malheureusement au Québec, beaucoup craignent que l'augmentation des immigrés musulmans s'accompagne d'une application de la charia. »


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