J’ai assisté à la Fête des mascottes
Monsieur Tux qui décide de faire un ollie devant un spectacle amateur. Photo: Alexandre Perras

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J’ai assisté à la Fête des mascottes

Il y a au Québec un événement dont vous ne soupçonnez pas l’existence : la Fête des mascottes de Granby. Résumé d’un périple teinté de confusion.

Oui, un gars dans la vingtaine, seul et équipé d’une caméra, dans une fête pour enfant, c’est louche. Toujours est-il qu’il était de mon devoir d’assister à la Fête des mascottes afin de mettre le doigt sur les ingrédients magiques qui font en sorte qu’elle en est à sa 33e année. C’est pour cette raison que j’ai pris les deux journées de mon précieux week-end à la fin du mois de juillet pour me rendre à Granby et vivre cette fête à fond.

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Pour tout vous dire, je suis né à Granby et j’ai participé à de nombreuses Fêtes des mascottes. Dans mon temps, il y avait un cahier d’autographes et on chassait les mascottes pour obtenir leurs signatures. C’était une grosse affaire, la quête d’autographes. Et je l’avoue, j’aimais vraiment.

Retour en 2018. Alors que j’avais pratiquement oublié l’existence de la Fête des Mascottes, je tombe sur la page Facebook de l’événement. J’y découvre un monde qui me fait perdre tous mes repères à propos du concept de mascotte.

Selon la légende, les mascottes seraient arrivées sur la Terre il y a de ça 65 millions d’années. Elles auraient atterri sur notre planète grâce à un astéroïde qui s’est écrasé au Mexique puis elles ont rebondi jusqu’à Granby.

Au cœur de ce récit fantastique, il y avait un homme. Amadeus Jgil, qui se présentait comme un « scientifique » œuvrant pour la Fête des mascottes. Celui-ci aurait été mandaté par le comité organisateur pour entreprendre des fouilles archéologiques sur le terrain d’une des églises de la ville.

Il a profité de l’événement pour révéler ses découvertes scientifiques très sérieuses par l’entremise de vidéos publiées sur Facebook. Par souci de réalisme, la production de ces « messages d’intérêt public » est minimale, pour ne pas dire inexistante. Et il a annihilé ma compréhension de l’univers des mascottes avec de nouveaux faits complètement absurdes. En voici quelques-uns.

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Il semblerait que de se donner des câlins et de porter des chapeaux colorés attirent les mascottes. Bon, OK, c’est cool. Savez-vous ce qui est encore mieux? Granby veut dire « gros câlin » dans la langue des mascottes. Quel beau hasard.

Un instant, les mascottes parlent? Ouin, c’est ça, l’affaire. Il paraît qu’elles parlaient avant, mais, puisque personne ne les comprenait, elles se sont enfermées dans un mutisme complet… C’est le scientifique qui l’a dit.

La cerise sur le gâteau : les mascottes pondent des œufs. Le bout de la marde, c’est que c’est Amadeus, lors de fouilles archéologiques dans la ville, qui a découvert le premier œuf de mascotte sur Terre. Incroyable.

Je n’avais plus le choix, c’était maintenant mon devoir d’aller à Granby, sur le terrain, pour comprendre ce qui s’est passé depuis ma dernière visite. Ces « découvertes » allaient à l’encontre de toutes les règles appliquées, universellement, aux mascottes depuis des générations.

JOUR 1

La chasse est officiellement ouverte, je suis sur la rue Principale de la ville qui s’avère être le site de l’événement. Une vente trottoir « agrémente » d’ailleurs la rue. D’après mes observations, il y a beaucoup de vendeux de gogosses par rapport au nombre de commerçants établi.

En 1985, la Fête des mascottes n’était qu’un prétexte pour inciter la population à fréquenter les commerces du centre-ville. Aujourd’hui, le lien entre les deux est plutôt difficile à faire.

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Max et un tigre. Photo: Alexandre Perras

Je trouve mes premières mascottes. Heureux comme un pape, je m’approche du porteur d’eau des mascottes. Oui, les mascottes doivent être abreuvées par des humains. Elles sont capables de pondre des œufs, mais pas de boire seules. Je lui demande s’il est possible d’avoir le livret avec la liste de l’ensemble des mascottes afin d’y récolter les autographes.

« Je connais pas ça monsieur. Écoutez, je suis pas trop au courant. »

Dommage. Je trouvais ça cool, moi, de récolter les autographes. Plus cool, en tous cas, que de savoir que les mascottes viennent de l’espace et qu’un scientifique amateur a percé le mystère de ces créatures poilues.

Bon, il n’est pas question que je fasse mon rabat-joie au sujet de l’événement que j’aimais tant. Je suis malgré tout un peu trop vieux (et aigri) pour comprendre la Fête des mascottes 2.0.

La mascotte de l’épicerie Métro, qui, elle aussi, pond des œufs. Photo: Alexandre Perras

La Fête des mascottes est visiblement entrée dans l’imaginaire collectif des résidents de la ville et de ses touristes. Il est donc possible de croiser de nombreux badauds tous plus sympathiques les uns que les autres.

Il y a aussi beaucoup d’hommes en chest. En fait, il y a beaucoup trop d’hommes en chest pour une fête familiale.

Cette année, il y a aussi des femmes qui se promènent en criant, visiblement en état d’ébriété, afin de vendre des bonbons pour l'enterrement de vie de jeune fille de leur amie. « QUI VEUT DES BONBONS!? BONBONS À VENDRE! » C’est peut-être juste moi, mais vendre des bonbons sur le site d’une fête d’enfants…

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J’ai aussi la chance de rencontrer Miss Granby 2018.

Miss Granby 2018. Photo: Alexandre Perras

Mélanie est une participante du concours Miss World Canada 2018. Finaliste et représentante du Québec, elle affrontera 54 autres Canadiennes lors de l’événement à Toronto.

La Fête des mascottes attire toutes sortes de personnes, ça je ne peux pas le lui enlever.

JOUR 2

Enfin, c’est jour du défilé. L’activité tant attendue de ma fin de semaine. Confession : j’ai aimé les défilés auxquels j’ai assisté plus jeune.

Le défilé des mascottes regroupe des troupes de danse, des amuseurs publics, des chanteurs et des mascottes, le tout, organisé dans un convoi de véhicules qui descend la rue Principale de la ville.

La pluie ne fait pas peur aux familles à Granby. Photo: Alexandre Perras

Le seul problème, c’est qu’aujourd’hui, il pleut. Il n’y a pas d’achalandage monstre. On est loin des 100 000 personnes attendues, mais les principaux intéressés se sont déplacés : les familles et les enfants.

Pour la première fois de la fin de semaine, mon attention n’est pas détournée par tous ces éléments disparates qui façonnent le reste de l’événement. Tout le monde semble heureux, les vendeux de gogosses sont cachés dans leurs chapiteaux, il n’y a plus d’hommes en chest. C’est pur.

Le scientifique Amadeus Jgil, responsable des fouilles archéologiques avec un œuf de mascotte. Photo: Alexandre Perras

Pour ce qui est du défilé, il a commencé en retard, et personne n’a paru offusqué. Il n’a duré que 16 minutes, mais encore une fois tout le monde est heureux. Bon, oui, il pleut et probablement que plusieurs parents avaient hâte de sacrer leur camp, mais les enfants, eux, s’en foutaient.

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Ah oui pour votre info, j’ai donné un câlin à une mascotte. Il y en a une autre qui a twerké sur moi à plusieurs reprises. Elle s’appelait Joulami. Dommage que les mascottes ne parlent pas. J’aurais aimé apprendre à la connaître.

Joulami et Monsieur Tux. Photo: Alexandre Perras

Ma mascotte préférée. Photo: Alexandre Perras

Bizou. Photo: Alexandre Perras

J’espère que la mascotte de St-Hubert n’a pas croisé la mascotte des Rôtisseries Benny. Photo: Alexandre Perras