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La santé publique de Montréal appelle à la décriminalisation de toutes les drogues

Les autorités montréalaises se rangent donc derrières leurs homologues à Toronto et à Vancouver, qui elles aussi souhaitent voir une réforme.

La Commission de la santé publique de Toronto a annoncé la semaine dernière qu’elle appuyait la décriminalisation de toutes les drogues pour usage personnel. L’annonce suivait la publication d’un rapport de la médecin hygiéniste en chef de la Ville de Toronto, la Dre Eileen de Villa, qui pressait les autorités de traiter la consommation de drogues comme un enjeu de santé publique plutôt qu’un acte criminel. À Vancouver, c’est le maire lui-même, Gregor Robertson, qui a appuyé la décriminalisation en affirmant que « la situation ne s’améliore pas, et le temps est venu pour des gestes plus perturbants et novateurs afin de sauver de vies. »

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Vendredi dernier, dans un communiqué, la Dre Mylène Drouin, directrice régionale de la santé publique de Montréal (DRSP), a salué l’initiative de ses homologues torontois, affirmant du coup que la santé publique de Montréal se rangeait derrière l’idée de décriminaliser la consommation personnelle de toutes les drogues. « C’est un appel aux divers paliers gouvernementaux afin de promouvoir une politique en matière de drogues davantage axée sur la santé. Une telle politique se doit d’être pragmatique, de reposer sur des données probantes et de viser à réduire les méfaits, notamment les décès reliés à la circulation de substances dangereuses sur le marché », dit-elle. Par ailleurs, elle rappelle que le modèle de décriminalisation du Portugal nous en a beaucoup appris sur les possibilités d’initiatives semblables.

La crise des opioïdes qui balaie le pays a fait plus de 300 morts dans la ville de Toronto en 2017, une hausse de 63 % par rapport à l’année précédente. Depuis, plusieurs organismes demandent aux différents paliers de gouvernement d’établir de meilleurs programmes de réduction des méfaits. En Ontario comme au Québec, il a notamment fallu plusieurs mois avant que des trousses de naloxone, un puissant remède aux surdoses d’opioïdes, soient facilement accessibles au grand public.

Dans le communiqué de la DRSP de vendredi dernier, on affirme que « la décriminalisation sera certainement à l’ordre du jour de rencontres provinciales et canadiennes » et que l’organisation « participera activement à ces discussions ».

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Dans une entrevue avec VICE, Jean Nicolas Aubé, conseiller-cadre aux relations publiques du CIUSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, avise qu’il faudra toutefois s’armer de patience en attendant la décriminalisation. « On n’est pas encore rendus là », dit-il. « Pour l’instant, on donne notre appui à l’initiative de Toronto et on est en faveur. » Il ajoute que le DRSP n’a pas encore évoqué la décriminalisation avec les autorités provinciales et fédérales.

Par ailleurs, Aubé rappelle que le gouvernement du Québec a annoncé la semaine dernière un investissement de 23 millions de dollars par année pour contrer la dépendance aux opioïdes. Bien que le ministre de la Santé, Gaëtan Barrette, se garde de parler au Québec d’une « crise des opioïdes » (comme dans le reste du Canada), le ministre juge tout de même la situation « préoccupante ». Entre juillet et décembre 2017, on estime que 87 personnes sont mortes de surdoses d’opioïdes au Québec.

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