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La CAQ éliminera 18 000 dossiers d’immigration, pour les remplacer par un système « Tinder »

Lundi, le cabinet du ministre Jolin-Barette a confirmé que sur les 18 000 dossiers, environ 3700 candidats à l’immigration résidaient déjà dans la province.
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Simon Jolin-Barrette à Québec. La Presse canadienne/Jacques Boissinot

Jeudi dernier, le ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, a déposé un projet de loi qui ferait disparaître plus de 18 000 dossiers d’immigration non traités. Selon le gouvernement de la CAQ, le but serait de faciliter et d’accélérer le processus d’acceptation des immigrants, dont de nombreux dossiers traînent depuis des mois, voire des années.

Le projet de loi 9 annule toutes les demandes du Programme régulier des travailleurs qualifiés soumises avant le 2 août 2018 auxquelles le gouvernement n’a pas encore répondu. Lundi, le cabinet du ministre Jolin-Barette a confirmé que sur les 18 000 dossiers, environ 3700 candidats à l’immigration résidaient déjà dans la province. Bon nombre d’entre eux sont déjà au Québec et devraient donc reprendre le processus du début. Pour ce faire, ils devront utiliser un nouveau système, qui visera à jumeler ensemble candidats et employeurs. Ce système avait été conçu par le gouvernement précédent, mais n’avait pas encore été lancé. Le nouveau système de déclaration d’intérêt, que le ministre Jolin-Barette a en conférence de presse comparé à un « Tinder de l’immigration », devrait être en mesure de réduire le délai de traitement des dossiers, le faisant passer de 36 mois à six mois, en moyenne.

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Bien entendu, cette décision a attiré beaucoup de critiques de la part des autres partis, dont Québec solidaire et le Parti libéral. Selon Dominique Anglade, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’immigration, ce projet de loi est mal pensé. « Il n’y a rien qui empêche le ministre [Jolin-Barrette] de décider qu’il va traiter les 18 000 dossiers et qu’en parallèle il dise aux gens d’appliquer dans un nouveau système, dit-elle à Radio-Canada. C’est un projet de loi très inhumain. »

Le gouvernement fédéral de Justin Trudeau a aussi dénoncé cette mesure. Ce dernier, qui a le dernier mot en matière d’immigration au pays, a refusé à la CAQ la mise en œuvre de son plan pour le projet de loi 9. « Les compétences en matière d'immigration sont clairement définies dans l'Accord Canada-Québec et nous respecterons toujours celles-ci. Plus d'analyse sur le projet de loi 9 est nécessaire, mais de prime abord, nous ne sommes pas favorables à la réintroduction de la résidence permanente conditionnelle », a déclaré le ministre fédéral des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, à La Presse.

Cependant, le premier ministre du Québec, François Legault, se dit « confiant » que le fédéral acceptera le projet, vu que ce droit avait déjà été donné au Québec, à l’époque de Robert Bourrassa. « Je ne vois pas pourquoi on ne serait pas capables de ravoir un pouvoir qu'on avait déjà », a dit le premier ministre.

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Les candidats à l’immigration dont le dossier sera détruit se verront rembourser les frais de 1000 $, mais sans intérêts ni compensation, et ne pourront pas poursuivre le gouvernement. Ça devrait coûter 19 millions de dollars au gouvernement.

Plusieurs candidats qui sont déjà installés au Québec jugent que cette décision est injuste. « J’ai trouvé que c’était une honte, prendre une décision avec autant d’impacts aussi rapidement », confiait à TVA Nouvelles Frédéric Richand, un immigrant français installé au Québec dont le dossier familial traîne depuis 33 mois. « On ne peut pas abandonner 18 000 dossiers comme ça. Ça va engendrer des frais importants, c’est extrêmement stressant comme situation à vivre. »

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