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Crime

3 000 enfants soldats bientôt libérés au Soudan du Sud

Près de 300 soldats mineurs ont déjà été relâchés par la faction Cobra dans le cadre d'un accord avec le gouvernement et l'UNICEF.
Image via UNICEF/Porter

Une milice du Soudan du Sud a remis 280 enfants soldats à l'ONU et à des membres du gouvernement. C'est la première étape d'un accord qui garantit la libération de 3 000 combattants mineurs dans les semaines à venir.

Les enfants, âgés de 11 à 17 ans ont tous été recrutés par la faction Cobra de l'armée démocratique du Soudan du Sud (SSDA), menée par David Wau Wau, qui a combattu les forces du président Salva Kiir, mais qui a depuis fait la paix avec le gouvernement. La plupart n'ont jamais été à l'école, et certains ont combattu pendant quatre ans, avant même la naissance de l'État du Soudan du Sud en juillet 2011.

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Depuis 2013, le plus jeune pays du monde est déchiré par une guerre civile, dans laquelle de nombreuses milices s'affrontent. La guerre civile a depuis évolué en une bataille entre les groupes ethniques les plus importants, surtout les Dinka (l'ethnie de Kiir), et les Nuer, l'ethnie à laquelle appartient Riek Machar, le rival principal du président, et son ancien vice président.

L'année dernière, 12 000 enfants, surtout des garçons, ont été enrôlés comme soldats au Soudan du Sud.

Les enfants soldats ont été démobilisés à la suite d'un accord entre le gouvernement du Soudan du Sud et l'UNICEF. Image via UNICEF/Peru

Mardi, les enfants soldats ont été libérés dans le village de Gumuruk, à l'est du Soudan du Sud. Ils ont abandonné leurs uniformes et leurs armes, au cours d'une cérémonie organisée par la commission de désarmement, de démobilisation et de réintégration nationale du Soudan du Sud, et avec le soutien de l'UNICEF.

« Je sais ce que c'est d'être un soldat, et c'est tellement sale, » a déclaré mardi l'un des enfants libérés. « Je veux simplement aller à l'école. »

Les enfants reçoivent des soins élémentaires, de la nourriture, de l'eau et des vêtements, en plus d'un soutien psychologique.

« La libération de milliers d'enfants demande une réponse gigantesque pour les soutenir et les protéger afin qu'ils reconstruisent leur vie, » a déclaré dans un communiqué le porte-parole de l'UNICEF au Soudan du Sud, Jonathan Veitch.

À chaque fois que ce sera possible, les enfants retrouveront leurs familles. Mais l'UNICEF reconnaît que c'est « Une tâche colossale, dans un pays où un million d'enfants ont soit été déplacés, soit se sont réfugiés dans les pays voisins depuis que les combats ont commencé. »

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L'UNICEF estime que le montant de la libération et de la réintégration de chacun des enfants coûtera près de 2 300 dollars dans les deux ans à venir, et fait un appel aux dons pour soutenir ce programme.

Un ancien soldat de 12 ans a dit dans un communiqué publié par l'UNICEF que "La vie avec la faction n'était pas bonne", ajoutant : "les commandants nous donnent sans cesse des ordres. On bouge tout le temps. Même quand les enfants sont fatigués, on ne se repose pas. Maintenant, je veux aller à l'école. Je n'ai jamais été à l'école." Image via UNICEF/Porter

Le Soudan du Sud a acquis l'indépendance du Soudan en 2011. Ce pays, riche en pétrole, est l'un des pays les moins développés du monde, et reçoit des milliards de dollars d'aide en provenance des pays occidentaux depuis sa naissance.

Des médiateurs internationaux ont travaillé à former un accord de partage de pouvoirs entre les chefs Dinka et Nuer, mais les pourparlers de paix sont au point mort.

David Wau Wau est membre de l'ethnie Murle qui a conduit deux rébellions depuis 2010, avançant comme moteur de ce combat la marginalisation de ce peuple, mais aussi une volonté de lutter contre la corruption et la mauvaise gouvernance de la part du nouvel État. Mais d'après Small Arms Survey, David Wau Wau avait aussi des ambitions personnelles, et sa faction a été accusée de vols de bétail et d'attaques vengeresses dans la région de Jonglei.

Un ancien combattant de 13 ans, qui a fait partie de cette milice a déclaré dans un communiqué publié par l'UNICEF qu'il avait rejoint la faction Cobra après que des groupes rivaux ont tué sa soeur, son oncle et d'autres membres de sa famille. « Mais la vie au sein de Cobra n'est pas bonne, on doit tellement marcher, parfois pendant trois ou quatre jours, porter un équipement lourd. Je veux vraiment aller à l'école à présent. Je n'ai jamais été à l'école, et quand j'aurai fini l'école, je veux aider ma communauté pour les aider à avoir de la nourriture. Si j'ai des enfants, je ne les laisserai jamais devenir soldats. »

Hannah Strange a participé à la rédaction de cet article

Suivez Katie Engelhart sur Twitter: @katieengelhart